Le roi du time-sharing derrière les barreaux pour sollicitation de services sexuels


Kathryne Lamontagne
Le roi du time-sharing Jean-Sébastien Monette devra mettre ses activités immobilières sur pause, lui qui se trouve actuellement derrière les barreaux pour avoir sollicité les services d’une escorte d’âge mineur.
Jean-Sébastien Monette a marqué l’actualité au cours des dernières années avec les pratiques douteuses de ses nombreuses compagnies de time-sharing, qui ont fait des centaines de clients mécontents partout au Québec.
Dans la foulée de ses nombreux démêlés judiciaires et d’une nouvelle réglementation de Québec pour mieux encadrer la vente de forfaits vacances à temps partagé, Monette avait annoncé en 2019 qu’il n’exploitait plus d’entreprises de time-sharing.
Il est toutefois resté bien ancré dans cet univers. À ce jour, les Condos Vacances MSA, à Beaupré, et les Condos Lion d’Or, à Orford, propriétés de Jean-Sébastien Monette, figurent au catalogue de Resort Condominiums International (RCI), spécialisé dans le time-sharing.
Les Chalets sur le Fjord, à L’Anse-Saint-Jean – un domaine acquis en 2021 par la société Monette Vigeant, dirigée aujourd’hui par Jean-Sébastien Monette et sa belle-fille Elizabeth Vigeant –, font partie aussi des résidences de RCI.
Monette s’est aussi récemment lancé dans le développement immobilier. Il pilote depuis 2022 le Domaine Altitude, un projet en deux phases d’une cinquantaine de terrains, près du Mont-Sainte-Anne, selon le site web du promoteur.
Derrière les barreaux
L’homme d’affaires de 44 ans a toutefois été forcé de cesser ses activités pour quelque temps. Sans tambour ni trompette, Jean-Sébastien Monette a été condamné à six mois de prison, le 16 octobre dernier, pour avoir tenté d’obtenir des services sexuels d’une mineure, moyennant rétribution.
On reproche à Monette de s’être rendu dans un hôtel de Montréal avec 120$ en poche, en espérant coucher avec une «prostituée» – laquelle était plutôt une agente d’infiltration –, qui l’avait clairement informée de son âge: 16 ans.
Après avoir purgé sa peine, Monette devra respecter une probation de deux ans et sera inscrit au registre des délinquants sexuels durant 20 ans.
Il s’agit d’une première condamnation criminelle pour Monette, qui a toutefois un passé judiciaire civil bien garni (voir encadré).
Condamnation inaperçue
Cette condamnation est passée inaperçue chez des collaborateurs et partenaires d’affaires du roi du time-sharing, avec qui notre Bureau d’enquête s’est entretenu.
Au cours des dernières semaines, le criminel aurait avisé des proches qu’il devait s’absenter pour quelques mois, évoquant des raisons imprécises.
Son avocat a informé le tribunal que sa conjointe, qui le supportait dans cette épreuve, l’avait reconduit au palais de justice de Montréal. Elle n'était toutefois pas présente dans la salle au moment de sa condamnation. La conjointe de M. Monette n’a pas rendu nos appels.
La nouvelle de sa condamnation a surpris des interlocuteurs avec qui nous nous sommes entretenus au cours des derniers jours, alors que d’autres se sont montrés inquiets face à la situation. Aucun d’entre eux n’a toutefois souhaité émettre de commentaires publics.
Avec Philippe Langlois et Michael Nguyen
Qu’est-ce que le time-sharing?
- Le time-sharing permet d’acheter des points, échangeables annuellement contre des voyages aux quatre coins du monde. Mais la facture est salée.
- En 2015, les frais d’adhésion pouvaient s’élever jusqu’à 20 000$, pour des contrats pouvant s’étirer jusqu’à 39 ans, sans compter les frais annuels et de réservation de quelques milliers de dollars.
- Des centaines de clients s’estimant floués ont porté plainte à l’Office de la protection du consommateur (OPC) et devant les tribunaux après avoir adhéré à ce programme, évoquant la vente à pression, les fausses représentations ainsi que les frais cachés.
- Les nouveaux clients étaient recrutés par le biais de concours, lors d’événements publics, afin de gagner une semaine d’hébergement dans le Sud. Pour partir une semaine dans le Sud, ils doivent assister à une présentation sur le time-sharing.
Qui est le roi du time-sharing?
- Jean-Sébastien Monette s’est vu décerner le titre de roi du time-sharing pour avoir dirigé plusieurs compagnies qui vendaient des forfaits vacances à temps partagé
- Il a ainsi été propriétaire du Groupe Laro Alta (Club vacances toutes saisons), à Beaupré, du Club Le Céleste et du Domaine des Neiges, au Mont-Sainte-Anne, de Passion Vacances, à Québec, ainsi que d'Option Évasion Vacances et d'Escale 360, à Longueuil. Toutes ces entreprises étaient impliquées dans le time-sharing au milieu des années 2010.
- Monette détient aujourd’hui les Condos Vacances MSA, à Beaupré, ainsi que les Condos Lion d’Or, à Orford, qui sont actifs dans les forfaits vacances à temps partagé. Sa belle-fille gère quant à elle Les Chalets sur le Fjord, à L'Anse-Saint-Jean.
Innombrables poursuites civiles
- Le roi du time-sharing et ses entreprises ont aussi été visés par des centaines de poursuites civiles au milieu des années 2010, en lien avec des clients qui estimaient avoir été floués par ses forfaits à temps partagé.
- En septembre 2018, Revenu Québec déposait une hypothèque légale de 122 000$ sur huit condos de Monette, à Beaupré, en lien avec la taxe de vente du Québec (TVQ). Deux mois plus tard, Revenu Canada prenait à son tour en garantie 45 000$ sur des immeubles de Monette, en vertu de la Loi sur la taxe d’accise. Les hypothèques ont été radiées en 2021.
- En 2016, le Groupe Laro Alta, qui appartenait alors à Monette, a plaidé coupable à 96 chefs relatifs à la Loi sur la protection du consommateur et écopait de quelque 120 000$ d’amendes. On lui reprochait notamment des représentations fausses ou trompeuses et d’avoir prétexté un motif pour solliciter une vente.
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