Le roi de la division, c’est l’autre

Guillaume St-Pierre
On assiste à un festival de pointage de doigt dans la foulée des épisodes de harcèlement dont sont victimes les élus et les journalistes.
La confrontation Rizqy-Duhaime en est la dernière démonstration. Sur la scène fédérale aussi, on semble être à la recherche de coupables plus que de solutions ou de lumières.
«C’est pas moi, c’est lui le roi de la division!»
Et si nous avions tous une part de responsabilité vers l’apaisement du discours ambiant?
Introspection
Il est tentant de regarder vers le mouvement conservateur et la droite canadienne comme principale cause des épisodes d’agression envers les politiciens, les journalistes, ou plus généralement les institutions.
Du haut de sa vertu, c’est le message qu’envoie le premier ministre Justin Trudeau, qui semble être incapable de se regarder dans le miroir.
Un miroir que lui a pourtant tendu un des siens, Joël Lightbound, dans sa fracassante sortie publique du printemps.
M. Lightbound se disait très mal à l’aise de voir son parti utiliser les mesures sanitaires à des fins électorales et partisanes.
Faut-il rappeler que M. Trudeau a dit à peu près à la même époque l’an dernier que les obligations vaccinales n’étaient pas la solution?
Il a retourné sa veste avant les élections pour des raisons plus politiques que scientifiques, dans le but de coincer les conservateurs.
Être le premier ministre de tous les Canadiens ne vaut apparemment que pour les discours de victoires électorales.
Entre-temps, on découpe l’électorat et tant pis pour les retailles.
De l’huile sur le feu
Duhaime et Poilievre, eux, ne se contentent pas de se faire le porte-voix d’une grogne, qui, légitime ou pas, existe dans la population.
Ils l’alimentent et l’excitent trop souvent avec des demi-vérités et un flirt avec des théories fumeuses.
Pour Poilievre, le mal du siècle qui écrase le petit peuple serait les «gatekeepers», soit les élites politiques, médiatiques et les technocrates.
N’en fait-il pas lui-même partie depuis qu’il est sorti de l’université?
Mais ce qui est le plus dommageable, à mon avis, est son échec à condamner de façon ferme et proactive les actes de violence dont sont victimes ses adversaires politiques et les journalistes.
Nous ne sommes pas tous égaux devant notre pouvoir d’influence.
Des recherches ont démontré que durant la pandémie, la désinformation coulait de haut en bas.
Sur un échantillon donné, politiciens et célébrités étaient la source de 20 % des fausses nouvelles, mais responsables de 70 % de l’engagement suscité par ces fausses nouvelles sur les réseaux sociaux.
Médias
Il n’en demeure pas moins que des politiciens comme Duhaime et Poilievre donnent une voix à beaucoup de Canadiens qui se sentent exclus ou tout simplement pas représentés.
À ce titre, les médias d’information ont aussi un rôle à jouer. La frange plus radicale de leurs partisans a souvent été ridiculisée ou méprisée.
Cet hiver, le quart de la population était prête à jeter les antivax en prison. Ça défoule, après deux ans de pandémie, mais on peut se demander à quoi ce genre de discours nous avance.