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L'article provient de TVA Sports
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Le Rocket dirait que c’est trop

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2025-05-25T22:13:36Z
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Maurice Richard dirait que c’est trop et pourtant... qui d’autre que celui qui a immortalisé le numéro 9 chez le Canadien pouvait devenir le premier joueur de hockey de chez nous à être désigné personnage historique par le gouvernement du Québec?

L’homme qui se voyait comme un simple joueur de hockey était plus grand que nature. Il demeure dans la mémoire collective 25 ans après son décès, survenu le 27 mai 2000, et 65 ans après son dernier match avec le Tricolore.

Son souvenir se transmet de génération en génération.

Lorsque la foule lui a accordé une ovation à tout rompre de quelque sept minutes le soir de la fermeture du Forum, on lui avait demandé s’il commençait à réaliser ce qu’il représentait pour la population québécoise.

C’est du bout des lèvres qu’il avait reconnu l’impact qu’il pouvait avoir sur la société québécoise.

«Oui, peut-être un peu», s’était-il limité à dire.

Et pourtant.

Mal à l’aise avec la célébrité

«C’était sa nature, dit son fils Maurice, maintenant âgé de 80 ans.

«Il avait été élevé comme ça, il venait d’une famille de travailleurs. Henri était pareil. Les deux étaient des êtres renfermés qui n’aimaient pas être en haut de l’affiche.

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«Pour mon père, un joueur de hockey c’était un joueur de hockey. C’était pas plus que ça. C’est sûr qu’il était parmi les meilleurs joueurs, mais il n’aimait pas la célébrité.»

Et pourtant.

«Et pourtant, il était proche des gens, il était proche du peuple, enchaîne Maurice fils.

«C’était quand il allait à la pêche qu’il était le plus heureux, c’était quand il était dans sa chaloupe avec ses amis et que tout était tranquille autour de lui.»

L’émeute faisait peur

Maurice fils a vu son père jouer de 1950 à 1960. Il avait 10 ans lors de ce qu’on appelle tout bonnement «l’émeute Maurice Richard», survenue le 17 mars 1955, au Forum.

«À cet âge, je ne réalisais pas ce qu’il représentait pour la population, reprend-il.

«Mais ça faisait peur de voir les gens réagir avec violence. On ne réalisait pas à quel point il pouvait avoir de l’influence sur les gens. C’était vraiment spécial.

«On était un peu fâchés à la maison qu’il ait été suspendu pour le reste de la saison [trois matchs] et pour toute la durée des séries éliminatoires [12 matchs et deuxième défaite de suite en finale de la Coupe Stanley aux mains des Red Wings de Detroit].

«D’un autre côté, il avait frappé un juge de lignes et devait donc être pénalisé pour son geste. La suspension qui lui a été imposée était peut-être exagérée. Mais c’est de l’histoire ancienne aujourd’hui.»

Peut-être pour la famille, mais pas pour les amateurs qui décrient encore, 70 ans après les faits, la décision du premier dirigeant de la Ligue nationale de l’époque, Clarence Campbell.

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Aux yeux des Canadiens français, comme on nous appelait à l’époque, Campbell représentait l’establishment anglophone.

Pour les historiens québécois, cet événement a été le point de départ de la Révolution tranquille, page importante de notre histoire collective à laquelle Maurice Richard n’adhérait pas vraiment.

Et pourtant.

L’événement marquant

C’est 45 ans plus tard, lorsque Maurice Richard nous a quittés, que son garçon Maurice a vraiment pris conscience de la grandeur du personnage.

«Les gens l’aimaient et le respectaient. Ils défilaient devant son cercueil dans un respect total, se rappelle-t-il.

«Quand j’ai vu tous ces gens qui regardaient le cortège défiler dans la rue, j’ai dit: "Oh là là, c’est vrai". On était déçus chez nous quand notre père partait pour aller représenter le Canadien dans des soirées caritatives ou autres activités de toutes sortes.»

Mais l’idole d’un peuple était incapable de dire non, tout comme Jean Béliveau, Guy Lafleur, son frère Henri et tous les autres joueurs d’antan, cela dit sans vouloir abaisser les joueurs d’aujourd’hui.

Les joueurs québécois étaient vus alors comme des membres de notre parenté.

«J’ai constaté que c’était sa grande famille qui se trouvait aux funérailles, s’émeut le fils aîné des cinq garçons de Maurice et Lucille.

«En tant que fils, j’ai réalisé la grandeur du moment.»

Maurice Richard aura été le défricheur des grands joueurs québécois qui l’ont suivi jusqu’au début des années 2000. Espérons qu’un jeune joueur de chez nous viendra se joindre à cette grande lignée.

Le Rocket serait content.

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