Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le roc des Canadiens français

Deux légendes du Canadien, Maurice Richard et Émile « Butch » Bouchard, se côtoyaient aussi à l’extérieur de la patinoire, notamment à la pêche.
Deux légendes du Canadien, Maurice Richard et Émile « Butch » Bouchard, se côtoyaient aussi à l’extérieur de la patinoire, notamment à la pêche. Photo d’archives
Partager
Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2022-10-04T09:00:00Z
Partager

En lisant au cours des derniers jours la biographie d’Émile « Butch » Bouchard, dont le lancement officiel a lieu aujourd’hui, je me suis demandé pourquoi ce livre n’avait pas été fait avant.

L’ouvrage est signé Pat Laprade. Oui, le même Pat Laprade qui coanime avec Kevin Raphaël les émissions de la Lutte WWE Raw, à TVA Sports.

Considéré comme la référence de la lutte au Québec, Pat a un talent d’écrivain. Il a rédigé les biographies de Maurice « Mad Dog » Vachon et du Géant Ferré. 

Le hockey est aussi une passion chez lui. L’idée de raconter l’histoire d’un ancien du Canadien lui trottait dans la tête depuis longtemps. 

C’est ainsi qu’en décembre 2020, à la suggestion de son ancien éditeur André Gagnon, Pat s’est lancé dans les recherches et l’écriture de la vie de « Butch » Bouchard.

Au nombre de ses références, une longue entrevue sur la vie de « Butch » réalisée en 2007 par son fils Jean. Achevé en février et publié par la maison d’édition Libre expression, l’ouvrage compte 360 pages, et aucune de trop.

Je vais vous dire : je suis conquis !

Capitaine « Butch » a soulevé quatre fois la coupe Stanley, dont en 1956.
Capitaine « Butch » a soulevé quatre fois la coupe Stanley, dont en 1956. Photo d’archives

Référence pour les jeunes

Le livre raconte l’histoire du Québec, du Canadien et du hockey des années 1920 à 1980 à travers la vie et la carrière de Bouchard.

Publicité

J’avais déjà lu un ouvrage semblable, mais en anglais. Intitulé : The Last Innocents, le livre traitait de la vie américaine des années 1960 et des droits civiques pour les Afro-Américains, avec les Dodgers de Los Angeles comme toile de fond.

Aussi, si je peux me permettre de lancer un message aux jeunes générations, lisez la biographie de « Butch » Bouchard.

Vous allez tout savoir sur ce que vos arrière-grands-parents ont vécu pendant la Seconde Guerre mondiale, la Grande noirceur, l’arrivée de la télévision, la Révolution tranquille et la montée du nationalisme québécois.

Homme de conviction

À une époque où les Canadiens français, comme on nous appelait, étaient perçus comme des porteurs d’eau par l’establishment anglais, Bouchard se démarquait par sa force de caractère, ses talents de négociateur et son sens des affaires. Il était reconnu aussi pour son altruisme, son engagement social et le souci qu’il avait pour sa famille.

Si Maurice Richard a été l’idole du peuple canadien-français, « Butch » Bouchard en aura été le roc. Il a appris très jeune comment faire son chemin dans la vie. Il s’est lancé dans l’apiculture, travail qu’il a poursuivi alors qu’il jouait avec le Canadien.

Il lui est arrivé de manquer des débuts de camp d’entraînement lors de la récolte du miel. Même si la direction lui donnait cette permission, ça ne lui plaisait guère. 

Dans ce temps-là, les équipes exigeaient de leurs joueurs qu’ils se consacrent entièrement à leur sport. Or, sachant qu’il ne jouerait pas au hockey toute sa vie, Bouchard préparait son avenir et celui de ses cinq enfants – une fille et quatre garçons –, qu’il a élevés avec sa belle Marie-Claire.

Publicité
Le défenseur numéro 3 a ensuite décidé d’accrocher ses patins.
Le défenseur numéro 3 a ensuite décidé d’accrocher ses patins. Photo d’archives

Vocation tardive

La pratique du hockey est arrivée tardivement dans son existence. Sa carrière a commencé au milieu des années 1930 ; il avait alors 15 ou 16 ans.

Le métier est entré vite. En 1941, il faisait ses débuts avec le Canadien. Sept ans plus tard, il devenait le premier capitaine canadien-français à être élu par ses pairs.

L’homme fonçait pour obtenir ce qu’il voulait. Il n’attendait pas en ligne avec les autres joueurs du Tricolore à la porte du bureau du directeur général pour signer son contrat. Le « Rocket » se fiait à lui pour négocier le sien.

Les deux en venaient souvent à une entente, d’abord avec Tom Gorman, puis avec Frank Selke, quelques heures, voire quelques minutes seulement, avant le match d’ouverture de la saison régulière. 

Pas intimidé par la mafia

Personne n’intimidait Bouchard, que ce soit dans l’univers du hockey, la vie de tous les jours ou dans le monde parfois scabreux des affaires.

Le parrain de la mafia montréalaise du temps, Vic Cotroni, a voulu exercer un contrôle dans les opérations du restaurant que Bouchard possédait sur la rue Saint-Luc – aujourd’hui le boulevard De Maisonneuve –, derrière l’édifice de l’ancien magasin à rayons Dupuis Frères.

La tension est devenue grande au point où Bouchard a senti le besoin de se munir d’un revolver, qu’il plaçait dans le coffre à gant de sa voiture. Il a rencontré Cotroni, qui l’a finalement laissé tranquille.

Achetez le livre !

Ça vaut la peine

Publicité
Publicité