Le rêve éveillé de William Cloutier

Bruno Lapointe
William Cloutier flotte sur un nuage depuis sa victoire à Star Académie, le printemps dernier. Et il n’a pas l’intention d’en descendre de sitôt, pas même pour lancer son tout premier album, On ira. « J’en rêve depuis toujours. Je veux continuer de savourer tout ça le plus longtemps possible », souffle-t-il.
Il avait 25 ans, un fils en bas âge, et un deuxième à naître incessamment. Pour William Cloutier, Star Académie représentait en quelque sorte sa dernière chance pour réaliser son rêve d’être chanteur. « C’était maintenant ou jamais », se souvient-il s’être dit.
« Je me donnais jusqu’à mes 25 ans pour qu’il se passe quelque chose. Sinon, avec un bébé qui s’en venait et les responsabilités qui s’ajoutaient, je ne voyais pas comment je pourrais continuer à donner autant de place à la musique si elle restait secondaire », avance William Cloutier.
Saisir sa chance
C’est alors qu’est passé le train Star Académie. Et dans ses propres mots, il n’allait certainement pas le laisser passer.
« Il fallait que je saute sur cette occasion », confie-t-il.
Dire simplement qu’il a saisi cette chance tiendrait de l’euphémisme. Le jeune homme a connu un parcours exemplaire tout au long des 12 semaines de compétition au terme desquelles il a été sacré vainqueur.
Aurait-il accroché son micro pour de bon s’il n’avait pas été couronné ? Probablement pas. Mais avec une famille grandissante, la stabilité financière – qu’il cultivait jusqu’alors avec un emploi à la SAQ – devenait de plus en plus cruciale. Et ce, même s’il avait fallu peut-être mettre son rêve en veilleuse quelque temps.
La musique dans le sang
La musique, c’est évident, coule dans les veines de William Cloutier, et ce, depuis très longtemps. Il a beau n’avoir aujourd’hui que 26 ans, c’est avec un chanteur d’expérience que Le Journal s’est entretenu récemment, à l’aube du lancement d’On ira, son tout premier album.
N’oublions pas qu’il n’avait que 12 ans lorsqu’il est apparu pour la première fois sur nos téléviseurs, au générique de l’émission musicale La cour des grands, pilotée à l’époque par Gregory Charles. Quelques années plus tard, c’est à Mixmania qu’on a pu le voir – et l’entendre – toujours sur nos écrans.
Bref, il a depuis longtemps l’habitude des plateaux et des scènes, mais surtout, d’être dans l’œil public.
Et forcément, cette visibilité a aidé le public à se forger une impression de lui. William Cloutier est bien conscient de cette image qu’il projette, à savoir celle du premier de classe ou, plus simplement, « du bon gars ».
Loin de lui l’idée de vouloir embrumer cette aura non seulement enviable, mais somme toute très près de sa réalité.
N’empêche. Le chanteur tient à mettre de l’avant les autres facettes de sa personnalité sur On ira. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont motivé à signer les paroles de chacune des 11 chansons réunies sur ce premier opus.
L’heure était en effet venue de présenter aussi bien l’homme que l’artiste.
« Quand on sort d’une émission comme Star Académie, les gens ont une idée très précise de qui on est. Moi, je suis le papa, le chum, le bon gendre. Le gars mature pour son âge. C’est correct, parce que c’est vrai. Mais je suis plus que ça », atteste-t-il.
« Évidemment, je me suis assagi quand j’ai fondé ma famille. Mais je n’ai pas perdu ma folie, je ne suis pas devenu plate ! J’ai 26 ans, j’ai besoin de lâcher mon fou de temps en temps et de m’amuser », poursuit-il.
Pop assumée
Ça, son côté givré, il l’expose ici avec des pièces pop bien vitaminées telles que Ce soir je danse ou encore On ira. En revanche, il prête également sa plume à différents enjeux infiniment plus sérieux qui le préoccupent ou qui le définissent. Des exemples ? La masculinité toxique est au centre de Comme des cons, l’environnement dans Nous, et la détresse d’un parent dans Alerte A.
Il ratisse donc large. Ça, il en est conscient. Mais ces propos hétéroclites permettent de mieux cerner son iden-tité entière.
« Je rêve de cet album depuis tellement longtemps, alors c’était important pour moi qu’il me ressemble à 100 %. Peut-être qu’il va plaire à certains et déplaire à d’autres. Mais je n’ai pas envie d’être étiqueté ou d’entrer dans une case. Je veux être libre d’être qui je suis », plaide-t-il.
♦ L’album On ira est présentement sur le marché.
L’album On ira dans les mots de William Cloutier

ON IRA
« C’est la première chanson que j’ai écrite à ma sortie de Star Académie. Elle me ramène aussitôt à mes débuts avec ma blonde. Je voulais célébrer le voyage de notre amour qui dure depuis presque 10 ans. En fait, c’est l’hymne aux relations qui traversent le temps. »
NOUS
« J’offre Nous à la Terre pour lui témoigner tout l’amour que j’ai pour elle, mais aussi mes regrets de l’avoir abîmée. Mais elle n’a pas du tout été écrite dans un élan moralisateur ; je n’ai pas voulu taper sur le clou, simplement dire aux gens d’y faire attention. »
COMME DES CONS
« J’ai grandi entouré de femmes et de modèles féminins. Pour moi, le respect de la femme est une valeur très importante. Je trouve qu’on ne parlera jamais trop du féminisme, surtout dans cet angle-là. Il faut dénoncer la masculinité toxique et ses discours de boys, un peu machos, de chambre de hockey. »
ON NE SAIT PLUS
« J’ai écrit On ne sait plus en pensant aux personnalités publiques qui vivent leur rupture sur les réseaux sociaux. C’est tellement délicat. Quand tu mets fin à une relation amoureuse, tu n’as pas à te justifier devant le monde entier. »
TON ARMURE
« Je pense avoir réussi à parler de mon père avec respect et bienveillance, sans faire abstraction de son problème d’alcool, de son narcissisme. C’était aussi très important pour moi de la faire écouter à mon frère et à ma sœur pour avoir leur approbation avant de la mettre sur l’album. »
CÔTE À CÔTE
« Avec Côte à côte, je voulais essayer de décrire les beaux moments en famille, le fait d’être simplement bien ensemble. Les mots ne rendront peut-être jamais justice à la beauté de ce que j’ai avec mes garçons, mais je pense être parvenu à m’en rapprocher. »
ALERTE A
« Chaque fois que mon cellulaire vibre à cause d’une alerte Amber, ça me trouble énormément. Comment on peut en arriver à commettre un acte pareil, à ton enfant que tu as bercé ? Je trouve ça absolument terrible. »
POUR SE PLAIRE
« Je parle ici d’un couple qui a de la difficulté à communiquer. Trop souvent, les gens en couple n’osent pas poser certaines questions à leur partenaire, de peur d’entendre des réponses qu’ils n’aimeraient pas. Mais un couple, ça se travaille. Ça s’entretient. Et ça commence avec la communication. »
CE SOIR JE DANSE
« C’est ma chanson de party ! Ça me ramène directement à mes 18, 19 ans, à ces soirées où on avait l’intention d’être sages, mais qu’on se laissait convaincre par un ami de faire la fête. »
S'AIMER PLUS FORT
« Cette chanson-là décrit parfaitement bien mon couple. Ma blonde et moi, on est ensemble depuis tellement longtemps que je me suis déjà demandé si je l’avais rencontrée trop tôt. Mais non. Il y a peut-être plein de choses que je n’ai pas vécues, mais j’ai la chance d’avoir trouvé la bonne. »
SI POUR ME VOIR
« C’est de là que tout part : c’est la chanson que j’ai écrite à Star Académie, sur le fait d’être séparé de mes deux garçons pour suivre mon rêve. Les cours de création d’Ariane Moffatt m’ont montré que j’étais capable d’écrire mes propres chansons. »