Le restaurateur Yanick Parent fait une proposition à ses créanciers en alléguant avoir été victime de malversations de la part d’un ancien employé


Elisa Cloutier
Se disant victime de plusieurs stratagèmes et subterfuges de la part d’un ancien employé qui lui aurait fait perdre plus de 3M$, le restaurateur Yanick Parent n’a eu d’autre choix que de faire une proposition à ses créanciers, dans le but d’éviter la faillite.
Bien connu dans le monde de la restauration à Québec, le propriétaire des restaurants La Bûche, Bello, Maurice et Don Vegan, entre autres, affirme vivre «un cauchemar» depuis qu’il a découvert le pot aux roses, en septembre 2023.
Un ancien employé de son entreprise, soit le Groupe Sogno, y œuvrait alors depuis déjà deux ans. Le mal était fait, dit-il.
Culpabilité et honte
«Ç’a été une année difficile pour la confiance en soi, c’est la honte, la culpabilité, énormément de pleurs, de rage», dit Yanick Parent, qui a accepté de se confier au Journal concernant cette «histoire d’horreur».
M. Parent et son associé, Pierre-Olivier Gingras, estiment avoir perdu «au moins» 3M$ à cause de nombreux subterfuges élaborés par cet ancien employé.
Des sommes qu’ils n’ont, à ce jour, jamais récupérées.

Selon eux, cet individu aurait détourné des fonds à ses fins. Une procédure civile a d’ailleurs été intentée contre lui. Une enquête policière a aussi été amorcée, confirme le Service de police de la Ville de Québec.
Le montant serait même vraisemblablement plus élevé, disent-ils, mais les entrepreneurs admettent avoir «arrêté de compter, pour se concentrer sur l’avenir».
Depuis 2023, ils affirment avoir déboursé plus d’un million de dollars en juricomptabilité, enquêtes et frais d’avocats liés à toute cette affaire.
Gonflement de factures et malversations
Gonflement de factures, fausses factures, transferts anormaux, chèques faits à lui-même, absence de remises de taxes, versements de primes ou de bonis illégitimes; la liste des manigances financières alléguées dans les procédures civiles est longue.
Le restaurateur admet avoir vu les drapeaux rouges en septembre 2023, en constatant le manque de liquidité dans certaines de ses filiales, qui fonctionnaient pourtant «très bien», raconte-t-il. «J’ai eu un feeling, je sentais que ça ne marchait pas», dit-il, encore grandement affecté par cette affaire.
Proposition
Selon les documents du syndic consulté par Le Journal, le montant réclamé, lié essentiellement à une dette fiscale, dépasse les 4M$.
«Il s’agit de remise de taxes qui n’ont pas été faites, mais pas par les dirigeants de l’entreprise, c’est une gestion interne des finances qui ne faisait pas les remises fiscales [...] Ils ont été victimes de tout ça dans la foulée d’une croissance [de leur entreprise]» explique de son côté le syndic autorisé en insolvabilité chez Bresse Syndic, Charles Bresse.
Malgré tout, ces malversations alléguées n’ont occasionné aucune perte d’emploi, souligne M. Parent.
Restructuration
Les associés ont depuis embauché deux comptables pour «restructurer» les finances de l’entreprise. «Nous avons régularisé toutes nos dettes et payé l’ensemble de nos fournisseurs et prêts», assure M. Parent.
«Ce fut très, très dur. Mais, maintenant, on est positifs, on s’en sort et on voit enfin la lumière au bout du tunnel», affirme-t-il.
«On se donne le droit de voir grand à nouveau», poursuit pour sa part son associé, M. Gingras.
Au cours des derniers mois, des projets ont forcément dû être mis sur la glace, comme celui du casse-croûte Ti-Gus, situé sur la 3e Avenue à Limoilou, et la rénovation du Café Buade. Ceux-ci reprendront dans les prochains mois et devraient ouvrir dans la prochaine année, soutiennent-ils.
Le Journal a tenté par plusieurs moyens de joindre l’ancien employé visé, mais sans succès.
– Avec la collaboration de Nicolas Brasseur
Le groupe Sogno
- Restaurants: Bello, Maurice, La Bûche, La Bûchette, Don Vegan, Bloom Sushi
- Hôtels: Maurice, Château de Pierre, Auberge Place d’Armes, Clos Saint-Louis
- Genco Traiteur
- Employés: entre 520 et 700, selon la période de l’année
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