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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le remaniement mystère de François Legault

Qu’apportera un remaniement si les ministres importants restent en poste?

Photo DIDIER DEBUSSCHÈRE
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2025-07-25T04:00:00Z
2025-07-25T04:10:00Z
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Voilà une façon de faire étonnante: le premier ministre Legault a annoncé dès le printemps son intention de remanier son Conseil des ministres à la fin de l’été. Je dis «étonnante» parce que la règle générale veut qu’on garde secret le moment d’un tel rebrassage jusqu’à la dernière minute. 

Dans ce cas-ci, les choses vont tellement mal à la CAQ que François Legault a voulu démontrer à la population qu’il tient toujours le gouvernail. Du même coup, il a calmé la grogne dans son caucus pendant les vacances estivales. Les députés rêvant d’accéder au cabinet, ils deviennent plus gentils avec le patron.

Il y a quand même un énorme prix à payer pour cette annonce faite à l’avance. Avez-vous réalisé à quel point les ministères tournent au ralenti? Les ministres perdent largement leur autorité sur la machine, sur les sous-ministres. Eux auront beau parler, voire parler fort... on les regardera en pensant: «De toute manière, tu ne seras peut-être même plus là dans un mois!»

Santé, Éducation

Un remaniement dit majeur vient avec des remplacements dans les gros ministères. C’est là que je m’interroge.

Le plus gros ministère, c’est la Santé, par exemple. Christian Dubé est un bon ministre, il comprend maintenant les rouages complexes du réseau, connecte bien avec la population et mène une réforme ambitieuse avec Santé Québec. Son expérience en gestion et sa crédibilité sont précieuses. Le remplacer maintenant risquerait de freiner une transformation en cours, qui exige du courage politique. Surtout, personne ne croit vraiment qu’un autre ferait mieux.

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De surcroît, nous comprenons qu’il n’est pas responsable du gros dérapage politique concernant Maisonneuve-Rosemont. C’est plutôt un choix de parti qu’on lui a imposé.

À l’Éducation, les choses se sont améliorées. La récente panique autour des restrictions budgétaires relève d’une décision du gouvernement, pas du ministre. Or, la performance de Bernard Drainville est plutôt bonne. La dernière rentrée a été moins chaotique malgré les problèmes de personnel qui demeurent. La population appuie le resserrement de la discipline et du respect dans les écoles.

On dit beaucoup de bien de Christine Fréchette à l’Économie et à l’Énergie. Sonia LeBel demeure une valeur sûre au Trésor. Simon Jolin-Barrette s’en sort plus qu’honorablement à la Justice.

Il y a bien sûr Eric Girard, qui a mangé une claque avec l’ampleur des déficits annoncés, mais un successeur repartira avec le même problème. Même phénomène au Transport, où Geneviève Guilbault s’est empêtrée dans les changements d’idée du gouvernement sur le troisième lien. En 24 h, un successeur sera emmêlé dans les mêmes ficelles.

Illusion?

En gros, ce n’est pas tant la performance individuelle des ministres qui fait défaut. C’est le message général de la CAQ qui s’est perdu dans la brume. Alors est-ce qu’on change des ministres juste pour changer?

Quant à l’arrivée de nouveaux visages, un député d’arrière-ban qui devient un ministre junior fait rarement basculer l’opinion publique.

Alors, ce remaniement comme solution magique... je reste à convaincre.

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