Le régime de Poutine survit, pour l’instant
Le Kremlin veut renvoyer une image de normalité

Agence QMI
Les colonnes du Kremlin ont tremblé avec la mutinerie du groupe paramilitaire Wagner. Comme jamais auparavant, des fissures sont apparues sur la présidence de Vladimir Poutine. Pendant que le dictateur minimise la rébellion, les observateurs se demandent dans quelle mesure Poutine en sort affaibli, à moins d’un an de l’élection présidentielle russe.

Est-ce le début de la fin pour Poutine?
C’est LA question que beaucoup d’observateurs se posent, dans la foulée de la révolte des mercenaires de Wagner, qui a exposé au grand jour les faiblesses du président Poutine.
Selon Justin Massie, codirecteur du Réseau d’analyse stratégique, la présidence de M. Poutine survivra à court terme.
«Il n’y a pas d’officier ou de figure politique importante qui ont pris position publiquement pour Prigojine, analyse-t-il. Il n’y a pas non plus de mouvement politique organisé pour remplacer le président actuellement, je pense.»
Toutefois, la mutinerie a plus que jamais mis en lumière les difficultés de la campagne russe en Ukraine.
En cas d’échec, le dictateur Poutine risque d’en payer le prix.
«Son régime est intimement associé au succès qu’il remporte en Ukraine, précise M. Massie. Son objectif était d’assurer la protection de la Russie. S’il échoue, je pense que les critiques seront encore plus publiques.»
L’Occident sur le qui-vive

Le premier ministre Justin Trudeau a fait preuve de prudence en commentant pour une première fois la rébellion d’un groupe paramilitaire en Russie.
«Il y a beaucoup de gens qui se posent des questions sur ce que ça pourrait vouloir dire pour Poutine, mais il n’y a pas de réponse claire encore», a dit M. Trudeau, soulignant que les pays alliés de l’Ukraine doivent être prêts à «toute éventualité».
L’instabilité en Russie pose en effet un risque pour l’Occident, soit celui de voir des éléments encore plus radicaux que Poutine s’approcher du pouvoir.
«On ne doit pas nécessairement souhaiter un changement de régime, affirme l’expert Justin Massie. Ce qu’on devrait souhaiter, c’est que la Russie cesse son invasion et reconnaisse qu’elle n’a pas les moyens d’imposer sa volonté par les forces des armes sur ses voisins.»
Où se trouve le chef de la rébellion?

Dans un premier message audio après la fin de sa rébellion, le patron du bataillon paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé qu’il n’avait jamais été question de renverser le président Poutine.
Son objectif était de sauver son groupe menacé d’être absorbé par l’armée le 1er juillet prochain, a-t-il dit dans son allocution de 11 minutes.
Or, en date d’hier, on ne sait pas où se trouve exactement Evguéni Prigojine, lui qui aurait fui au Bélarus.
Un professeur de science politique de l’UQAM, Justin Massie, estime que M. Prigojine pourrait faire l’objet de représailles, dont carrément une tentative d’assassinat.
«Ce n’est pas improbable dans la mesure où c’est une tactique que le Kremlin a utilisée dans le passé» pour mater ses opposants, affirme M. Massie.
Un supposé retour à la normale

Le Kremlin a tenté de renvoyer une image de normalité, hier, dans la foulée de la rébellion de la fin de semaine.
Dans une courte adresse diffusée à la télévision, le président russe, Vladimir Poutine, a accusé l’Occident et l’Ukraine d’être derrière la mutinerie avortée du groupe Wagner et il s’est félicité d’avoir «évité une effusion de sang».
Plus tôt dans la journée, le président américain, Joe Biden, avait assuré que les Occidentaux n’avaient «rien à voir» avec la rébellion.
Les événements extraordinaires de la fin de semaine qui embarrassent Poutine comme jamais auparavant surviennent à moins d’un an de l’élection présidentielle russe prévue en mars 2024.