Le référendum d’Arthabaska


Mathieu Bock-Côté
L’élection partielle dans Arthabaska, qui se tiendra le 11 août, ne changera pas le cours de notre vie politique.
Elle n’aura pas la portée des partielles de Jean-Talon ou de Terrebonne, qui ont modifié la trajectoire politique du Québec en quatre ans, en révélant et confirmant le remplacement de la CAQ par le PQ comme principal parti nationaliste.
Elle se tient aussi dans des conditions démocratiques presque déshonorantes: François Legault a tout fait pour rendre cette élection estivale insignifiante. Entre le camping des uns, les barbecues des autres, les partys de piscine et tout ce qui dans le même genre caractérise le mois d’août, les électeurs n’auront pas la tête à la politique.
Enseignements
Et pourtant, on pourra peut-être en tirer quelques enseignements.
Le premier: on verra jusqu’où la CAQ s’est effondrée.
Est-ce que les Québécois la maintiendront en vie artificiellement, ou s’en sont-ils détournés pour de bon?
Et c’est une question aujourd’hui à se poser: qu’est-ce qu’un caquiste, mis à part un employé payé de la CAQ?
Second enseignement: est-ce que le Parti conservateur d’Éric Duhaime réussira enfin une petite percée électorale?
Chose certaine, il fait tout pour enfin se faire élire.
S’il n’y parvient pas, dans ce contexte, dans une circonscription culturellement conservatrice, où y parviendra-t-il?
Cette victoire n’annoncerait pas une vague conservatrice ni même une vague locale ou régionale, elle témoignerait simplement de la capacité de ce parti à dépasser le stade de l’impuissance protestataire.
Éric Duhaime est un homme intelligent, mais on constate qu’il est conspué par une bonne partie de l’électorat, qui ne se reconnaît pas en lui.
Troisième enseignement: est-ce que le PLQ revampé par Pablo Rodriguez réussit à reconnecter avec le Québec francophone? On nous présente pour l’instant l’ancien lieutenant de Justin Trudeau, ultrafédéraliste, multiculturaliste et immigrationniste, comme le chef espéré capable de sortir le PLQ de son ghetto anglophone et allophone. Nous aurons l’occasion de tester la valeur de cette théorie dans un mois.
2026
Il faut dire que le PLQ, pour reconquérir le pouvoir, a moins besoin d’une stratégie que de patience. Plus le poids des Québécois francophones baissera au Québec, et plus le Québec sera transformé démographiquement par l’accumulation des vagues migratoires, et plus le PLQ deviendra le parti naturel de gouvernement. Le vote francophone ne lui sera plus nécessaire alors.
Quatrième enseignement: on verra si le PQ parvient à l’emporter dans une circonscription qui lui est structurellement défavorable et où il est pourtant en bonne position. Le PQ sera le parti le moins touché par cette partielle. S’il l’emporte, on y verra une autre victoire, presque prévisible. Si le Parti conservateur l’emporte, on se dira inversement qu’il devait bien en gagner une un jour.
Arthabaska représentera un mélange de gros sondage et de petit référendum local. La vraie reprise politique commencera à l’automne. Nous serons alors à un an des élections de 2026, qui seront décisives pour l’avenir du Québec.