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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Le recours à des images générées par l’IA par Les Grands Feux Loto-Québec suscite la grogne d’illustrateurs québécois

Les images utilisées par Les Grands Feux Loto-Québec pour illustrer leurs soirées thématiques sont générées par l'intelligence artificielle.
Les images utilisées par Les Grands Feux Loto-Québec pour illustrer leurs soirées thématiques sont générées par l'intelligence artificielle. Capture d'écran du site web des Grands Feux Loto-Québec
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Photo portrait de Jean-Philippe Guilbault

Jean-Philippe Guilbault

2025-07-30T13:45:42Z
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Des images utilisées pour promouvoir les soirées thématiques des Grands Feux Loto-Québec, générées par l’intelligence artificielle (IA), découragent des illustrateurs québécois.

• À lire aussi: Des thématiques éclatées pour les 29e Grands Feux Loto-Québec

Des demoiselles en pyjamas de lapin dansant dans une boîte de nuit anonyme, une dame âgée faisant la moue avec un micro à la main, un homme déguisé pour la Saint-Patrick semblant prendre un égoportrait, toutes les images utilisées pour les huit soirées thématiques des Grands Feux Loto-Québec ont un semblant de réel.

Capture d'écran du site web des Grands Feux Loto-Québec
Capture d'écran du site web des Grands Feux Loto-Québec

Or, une recherche effectuée par Le Journal avec un outil spécialisé permet de déterminer que la plupart sont plutôt générées par l’intelligence artificielle et tirées de banques d’images en ligne.

Capture d'écran d'Adobe Stock
Capture d'écran d'Adobe Stock

Celle qui sert à illustrer la soirée Cabane à sucre présentait même un homme à côté d’une montagne de crêpes derrière qui un panneau annonce, en anglais: «Pancake Breakfast Stack Em’ High», soit «Déjeuner de crêpes, empilez-les!»

Questionnée à cet effet par Le Journal, l’organisation a fait son mea culpa, avant de retirer l’image de son site internet.

Capture d'écran du site web des Grands Feux Loto-Québec
Capture d'écran du site web des Grands Feux Loto-Québec

«Pour celle-là, on l’a vraiment échappé, se désole le directeur événementiel des Grands Feux, Jean-François Archambault. Le français, c’est vraiment important pour nous. Toute notre équipe est francophone.»

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M. Archambault se défend toutefois d’utiliser l’IA pour l’identité visuelle du site web de l’évènement. Il explique plutôt avoir recours depuis une dizaine d’années à «une banque d’images» à l’intérieur de laquelle se trouvent effectivement des images générées par l’intelligence artificielle.

«Mais on n’utilise pas un logiciel pour lui demander de faire une image de glissades d’eau sur Mars», illustre-t-il.

De son côté, Loto-Québec affirme «ne pas être impliquée» dans les décisions entourant l’identité visuelle des Grands Feux.

«Nous portons une attention particulière à l’utilisation du français et avons sensibilisé l’équipe des Grands Feux à cet effet», selon la porte-parole Elise Paquet-Morin.

Priver des artistes de revenus

Cette situation n’est pas sans rappeler le tollé qu’avait suscité le recours par le Festival d’été de Québec à l’IA pour ses images de promotion

Plusieurs illustrateurs québécois avaient dénoncé cette pratique dans divers médias, indiquant que cela pouvait représenter des occasions de contrats.

«Ça écarte des mandats qui pourraient revenir à des artistes du Québec, soulève le directeur général d’Illustration Québec, Karim Talbi. Chez certains de nos membres, il y a une forme de découragement parce qu’on voit ces revenus potentiels disparaître.»

Illustration Québec est un regroupement de 360 illustrateurs. L’OBNL fait la promotion de leur travail et défend les artistes lors de litiges.

Outre le fait que les images générées par l’IA «ne sont pas terribles» et «propagent souvent des clichés», M. Talbi dénonce qu’elles sont souvent truffées d’erreurs que des illustrateurs en chair et en os ne commettraient pas.

«On veut ouvrir un dialogue et montrer qu’on peut travailler autrement et efficacement», lance-t-il tout en interpellant les élus et les organismes publics qui subventionnent ce genre d’évènements.

À savoir si les Grands Feux pourraient à l’avenir embaucher des illustrateurs québécois, Jean-François Archambault souligne que «cela dépend de l’impact monétaire» d’un tel changement. 

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