Procès de la belle-mère: La fillette de Granby aurait été «momifiée» par du tape

Antoine Lacroix
La fillette de Granby a été « momifiée » avec du ruban adhésif de la tête aux pieds, incluant la bouche et le nez, a soutenu le fils de la belle-mère accusée de meurtre, qui a livré un témoignage percutant à son procès.
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« C’était une momie, je la voyais pas à travers le “tape”, c’était plusieurs épaisseurs. Je voyais pas ses yeux au travers », a affirmé l’adolescent au palais de justice de Trois-Rivières.
Le jeune de 16 ans a témoigné à partir d’une autre salle en visioconférence afin de ne pas faire face à sa mère, accusée du meurtre non prémédité et de la séquestration de l’enfant, qui avait alors sept ans.
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Une ordonnance des tribunaux empêche de rapporter des parties de certains témoignages, tout comme l’identité de certaines personnes impliquées dans l’affaire.
Les membres du jury ont pu visionner l’entrevue vidéo que le fils de l’accusée a accordée à l’enquêteur Carl Morin, de la Sûreté du Québec, la journée du drame, soit le 29 avril 2019.
Une enfant « spéciale »
Alors âgé de 14 ans, il a décrit le climat qui régnait dans la résidence, mais a aussi critiqué le comportement de la fillette, évoquant une possible « maladie mentale ».
« Elle est spéciale, mais pas spéciale dans le bon sens, a-t-il lancé, s’exprimant de manière calme et réfléchie. Elle utilise toute son intelligence, mais pour faire le mal. »
Il a déclaré que la jeune fille vivait avec une « dépendance à la nourriture », mais qu’elle souffrait de problèmes de santé.
« Elle est toute petite. Elle a des petits bras, elle grossit pas. Tout ce qui grossit, c’est son bedon », a soutenu l’adolescent.
Il a raconté aux enquêteurs les dernières 24 heures avant que la petite fille soit retrouvée inanimée dans sa chambre. Selon lui, elle a tenté à pas moins de quatre reprises de s’échapper de sa chambre.
Elle suppliait de sortir puisque ça faisait un bon moment qu’elle s’y trouvait et qu’elle voulait manger, a-t-il rapporté. À la dernière tentative, elle s’est retrouvée enroulée de ruban adhésif.
Deuxième rencontre
Après une première déclaration aux policiers, le jeune garçon a demandé de les rencontrer à nouveau quelques heures après, pour se « vider le cœur ».
« Il y a une information que j’avais pas dite, très, très, très importante », a-t-il dit, disant avoir voulu protéger des gens qu’il aime beaucoup. Il a alors révélé qu’il a vu que la victime avait « du scotch tape des pieds à la tête », même sur la bouche, alors qu’on s’efforçait de le lui enlever.

Mardi, il a témoigné qu’elle avait à ce moment le « teint blême, un peu mauve, et les lèvres mauves » et qu’elle était « immobile ».
CE QUE LE FILS DE LA BELLE-MÈRE A DIT
« À l’école, elle veut pas écouter les profs. Elle frappe les amis, elle vole leur boîte à lunch [...]. La commission scolaire l’a foutue dehors il y a deux mois. »
« Des fois, elle peut passer des journées complètes enfermée [...] pour pas qu’elle mange, pour pas qu’elle vole [de la nourriture] »
« J’ai entendu un gros boum. Je me suis levé. Elle était debout sur un meuble et tentait de s’enfuir par la fenêtre. »
« Elle disait : “Je suis tannée d’être dans ma chambre, je suis tannée d’être dans cette famille, moi j’ai faim, je veux manger” [...]. »
« Quand je suis arrivé dans sa chambre, elle était suspendue dans le vide et sa tête était coincée dans la fenêtre. »
« Elle avait les bras et les jambes attachés avec du tape ; elle pouvait juste bouger la tête [...]. Je suis reparti me coucher. »
« J’ai vu qu’elle se faisait enlever son scotch tape de son visage. »
Le contre-interrogatoire de l’adolescent se poursuit mercredi.