Le réalisateur de «19-2» et d’«À propos d’Antoine» s’intéresse au milieu des collecteurs de dettes
La série «La collecte» sera disponible sur Club illico cet automne.


Guillaume Picard
Le réalisateur Daniel «Podz» Grou accueillait les médias dans un bungalow typique des années 1980, jeudi, à Carignan, au sud de Montréal, où il tourne les dernières scènes de sa nouvelle série La collecte pour Club illico.
Moquette, veille céramique, armoires en chêne et prélart, on se serait cru 40 ans en arrière dans la maison qui sert de décor à Stéphane (Claude Legault), un collecteur de dettes sur le déclin qui, en plus de tous ses enjeux personnels, veille sur son neveu Kevin (Charles-Aubey Houde), qu’il aime plus que son propre fils et à qui il a tout appris du métier.

Dans la demeure où l’équipe est installée, il y a même une piscine intérieure abandonnée qui fait maintenant office de studio de musique maison, avec un vieux sofa pour «chiller». Lors de la visite de plateau, Charles-Aubey et Claude, accompagnés de Caroline Néron, faisaient la mise en place d’une scène sous l’œil attentif de Podz.
La collecte s’intéresse à une famille de criminels dont le mandat est de faire payer des gens qui ont eu le malheur d’avoir emprunté de l’argent au crime organisé.

Kevin, qui sera bientôt père – sa blonde, Julie (Chanel Mings), est enceinte –, souhaite prendre une autre direction pour élever son enfant dans un autre contexte, mais il est beaucoup plus facile d’entrer dans cet univers que d’en sortir (indemne).
Dans son cas, c’est encore plus vrai, le jeune homme étant considéré comme la «star» de la collecte par son patron «Santa» (Guy Nadon), ce qui rend plus périlleuse encore sa décision d’abandonner son «travail».
Père d’un jour à l’autre
Charles-Aubey Houde sera lui-même père dans quelques heures, ce qui le rapproche de son personnage.
«Ma blonde doit accoucher dans un ou deux jours», a-t-il dit avec enthousiasme.

«Kevin aimait cette job jusqu’à tant que sa blonde tombe enceinte. Maintenant, l’enfant devient la chose la plus importante et ça remet tout en question. Les moyens qu’il prend pour s’en sortir, c’est là que ça devient intéressant et c’est là qu’on a une série. C’est qu’il n’est pas bon pour se changer et prendre ces décisions-là», a souligné le comédien, qui a remporté le prix de la meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien au Gala Québec Cinéma pour le film Le plongeur.
«Je me relie beaucoup à Kevin parce que j’ai été très rejeté à l’école, à la fin du primaire et au début du secondaire. Au lieu de parler aux gens, ça me fâchait, ça me mettait en colère, un peu comme Kevin. Ça a fini par s’arranger parce que tout finit par s’arranger. Je comprends ce réflexe de tomber dans la colère et j’ai la chance d’explorer comment, adulte, on réagit, comment on est dangereux et imprévisible», a expliqué Charles-Aubey.
«La collecte est un drame familial, il y a des bouts drôles, tristes, il y a du suspense, de l’action, mais il y a surtout une menace constante que tout s’écroule. Dans le cas qui nous occupe, le danger peut être physique, mortel même, il y a toujours quelque chose qui peut arriver. Ça se reflète bien dans la vie des gens parce qu’on vit tous avec une menace, comme une banqueroute, l’inflation, le climat, on n’est plus certains de rien», a résumé Podz à propos du scénario signé par Charles-Étienne Brassard et Ludovic Huot.
Le réalisateur émérite, à qui l’on doit Minuit, le soir, 19-2, À propos d’Antoine ainsi que des épisodes de séries comme Cardinal, Vikings et Lupin, dirige les huit épisodes de La collecte. Ceux-ci viendront enrichir le catalogue de Club illico cet automne. Fair-Play produit le tout en collaboration avec Québecor Contenu.
Ils ont dit sur le plateau de La collecte...
Charles-Aubey Houde

«Travailler avec Podz était un rêve. C’est un directeur d’acteurs comme je n’en ai jamais vu, sans offense aux autres qui sont très bons aussi. Il dirige chaque comédien de façon différente parce qu’il comprend ce dont chacun a besoin. [...] La série est intéressante du point de vue du sujet, de l’écriture, comment elle est jouée et pensée, mais aussi à cause des plans, chacun ayant une importance.»
Claude Legault

«C’est facile de venir travailler avec Podz, c’est naturel. C’est comme jouer au hockey avec le même joueur depuis des années. Il sait exactement où tu es sur la glace. J’aime sa créativité, sa patience, son respect des acteurs. Sa connaissance aussi de son métier. C’est un gros talent sale! [rires] On devient tous bons à son contact.»
Caroline Néron

«Suzanne, mon personnage, a un lourd passé. C’est une mère lionne qui ferait tout pour protéger son fils. Elle a un petit problème d’alcool, elle a toujours un bloody caesar en main. Ça fait d’elle une femme parfois trop chaleureuse, parfois trop sensible, alors comme actrice, j’ai beaucoup de choses à jouer. Je me laisse vraiment aller avec Podz, qui amène toujours des détails justes à mon jeu. J’explore et je me sens totalement en confiance.»
Le réalisateur Podz

«Ce qui m’a attiré dans La collecte, c’est l’écriture qui est vraiment cool, spéciale, vraiment champ gauche. Il y a bien des situations loufoques, weird, le fun. Il y a ce truc existentiel de menace qui plane au-dessus de tous et on voit comment ils tentent de s’en sortir.»