Le Québec, une des populations les plus vieillissantes au monde: une pénurie de logements adaptés qui s'accentuera
Félix Desjardins
La population du Québec est vieillissante et le parc locatif ne s’adapte pas en conséquence. C’est pourquoi des organismes comme Han-Logement militent pour la démocratisation des logements adaptés.
En quelques années, la proportion de la population québécoise habitant un ménage privé et vivant avec une incapacité est passée de 16% à 21%. Ce groupe, qui inclut les gens atteints d’un handicap tant intellectuel que physique, continuera de croître.
«Ce chiffre va aller en augmentant, d’où l’importance d’agir, explique la présidente-directrice générale de Han-Logement, Anik Roy-Trudel. Notre mission, c’est de trouver du logement adapté et abordable pour les personnes qui vivent avec un handicap, mais aussi pour les personnes âgées qui ont une dégénération physique qui bénéficient des adaptations.»
Depuis 23 ans, cet organisme à but non lucratif construit des logements adaptés en Estrie et dans le Bas-Saint-Laurent et les loue à un loyer modique. Des projets seront inaugurés à Matane et Gaspé dès cet été, mais l’objectif de Han-Logement est de s’établir dans l’ensemble de la province.
«La crise du logement, le vieillissement de la population et les personnes qui vivent avec un handicap, c’est partout au Québec, enchaîne Mme Roy-Trudel. Malheureusement, il y a peu de solutions. C’est seulement 1% des logements sociaux qui sont adaptés pour les personnes en fauteuil roulant. On n’arrêtera pas après deux ou trois régions. On veut couvrir très, très large au Québec, parce qu'on en voit le besoin.»
Un modèle gagnant-gagnant
Financés grâce à un écosystème de partenaires et à des campagnes de dons, les projets de Han-Logement sont souvent érigés sur des terrains cédés par les municipalités et coûtent en moyenne 10% plus cher qu’une habitation locative typique.
L’organisme prévoit ajouter 1500 logements adaptés sur le territoire québécois d’ici 2030, ce qui aurait des retombées positives sur l’ensemble du parc locatif.
«Ça aide à résorber la crise du logement en général, estime la PDG, qui a précédemment œuvré pour General Electric et Hydro-Québec. Ça diminue l’augmentation des loyers dans le marché spéculatif, et si une personne rejoint une location adaptée, elle libère sûrement un logement inadéquat pour elle.»
Autonomie et dignité
Pour plusieurs Québécois ayant bénéficié d’un des 24 projets de Han-Logement, l’accès à un logement adapté a carrément changé leur vie.
Les gens vivant avec un handicap léger, par exemple, ont souvent deux options: habiter chez leurs parents dans un appartement non adapté, ou bien vivre dans un endroit «surmédicalisé pour leurs besoins».
«Il n’y a souvent pas d’entre-deux, conclut Mme Roy-Trudel. Quand ils sont capables d’être autonomes dans leur appartement, ça enlève un poids énorme sur les familles, qui sont souvent inquiètes de ce qui va arriver lorsqu’elles ne seront plus là.
«Un monsieur en particulier nous disait: “Je suis tellement heureux. Non seulement j’ai mon logement à moi, mais j’ai le plus bel appartement de ma famille, et c’est moi qui reçois à Noël!»
- Pour plus d’information: https://hanlogement.org/