Des experts affirment qu’en 2100 il y aura presque deux mois de canicule à Montréal et 26 jours à Québec
Le Québec se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète


Mathieu-Robert Sauvé
Le Québec se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, ce qui aura des conséquences sur la santé humaine et nos infrastructures, selon des experts du climat.
Le Québec pourrait compter de deux à trois fois plus de décès annuellement et voir les factures d’entretien des infrastructures augmenter de trois à cinq fois en raison du réchauffement climatique.
Ce sont des scénarios qu’ont présentés, mardi matin, des climatologues d’Ouranos, le groupe scientifique chargé d’étudier les effets des changements climatiques.
À Montréal, on pourrait compter, d’ici la fin du siècle, jusqu’à 54 journées de canicule (plus de 30°C) par été, comparativement à 12 jours entre 1991 et 2021. À Québec, où on observe uniquement deux jours de grande chaleur par an, ce chiffre passerait à 26 jours. Des villes comme Fermont (deux jours) et Kuujjuaq (une journée tous les deux ans) pourraient aussi voir le thermomètre dépasser les 30°C.

Extrême aujourd’hui...
«Ce qui est extrême aujourd’hui paraîtra normal demain», résume Simon Legault, un des auteurs du rapport rendu public mardi.
Il est inquiet de la situation si rien n’est fait pour freiner le réchauffement climatique.

Les jours de grande chaleur qui accablent les personnes vulnérables feront grimper le nombre de déplacements aux urgences.
Par temps chaud, les infrastructures s’usent plus rapidement et les coûts de rénovation explosent. En tenant compte des pluies diluviennes qui risquent de se multiplier, il faut s’attendre à une augmentation des coûts de rénovation et de reconstruction.
Pluies records
Les pluies extrêmes pourraient en effet venir surprendre les villes comme en témoignent les effets de la tempête Debby, survenue les 9 et 10 août 2024.
«C’est un record historique à Montréal avec 154 mm en 24h, provoquant des dégâts estimés à 2,5 milliards de dollars. Une facture plus élevée que la crise du verglas», affirme Christopher McCray, spécialiste en simulations et analyses climatiques à Ouranos.

«Les régions nordiques [comme le Québec] se réchauffent plus vite que le reste de la planète en raison de la fonte des glaces, en Arctique,a expliqué M. McCray. La glace réfléchit le rayonnement solaire et l’eau l’absorbe, ce qui fait augmenter la température de l’eau. De plus, notre température est dépendante des courants aériens provenant de l’intérieur du continent comme l’Ouest canadien où l’air se réchauffe plus que sur les océans.»

Il ne s’inquiète pas outre mesure des compressions imposées par le gouvernement Trump sur les centres de recherche américains sur le changement climatique, qui sont utiles aux chercheurs d’Ouranos. Rappelons que quelque 400 scientifiques chargés du Rapport national sur le climat ont été renvoyés en 2025.
«C’est une mauvaise nouvelle, mais nous disposons d’autres bases de données venues d’Europe et d’ailleurs», a-t-il expliqué.
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