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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le Québec pourrait devenir un paradis fiscal pour les entreprises... en coupant les subventions

Photo d’archives, PIERRE-PAUL POULIN
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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2025-06-19T12:45:07Z
2025-06-19T18:33:21Z
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Le Québec pourrait grimper au sommet de la compétitivité fiscale en Amérique du Nord – à condition de dire adieu aux subventions aux entreprises. C’est la conclusion d’un rapport publié ce matin par l’Institut économique de Montréal (IEDM).

• À lire aussi: Aide aux entreprises: Québec a perdu au moins 515 M$ l’an dernier

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Actuellement, Québec impose les entreprises à un taux de 11,5%, auquel s’ajoutent 15% au fédéral, pour un total de 26,5%. C’est l’un des taux les plus élevés sur le continent. Pourtant, d’un autre côté, la province distribue des milliards de dollars en subventions... à ces mêmes entreprises.

Selon l’IEDM, cette stratégie est inefficace. 

«Le gouvernement impose lourdement les entreprises, puis tente de les séduire avec des chèques. C’est une politique incohérente et injuste», critique l’économiste Emmanuelle B. Faubert, auteure de l’étude.

L'économiste Emmanuelle B. Faubert.
L'économiste Emmanuelle B. Faubert. Photo fournie par l'IEDM

Entre 2018 et 2023, Québec a remis l’équivalent de 60% de ses recettes fiscales corporatives sous forme d’aide aux entreprises. En 2024-2025 seulement, 7,8 milliards $ ont été versés alors que 11,4 milliards $ ont été perçus en impôt.

Et les résultats sont loin d’être convaincants. Northvolt, qui a reçu une aide de 510 millions $ (dont 270 millions $ perdus définitivement), a déclaré faillite en mars 2025, à peine deux ans après l’annonce triomphale de son implantation. Même scénario chez Lion Électrique, qui a englouti plus de 200 millions $ de fonds publics avant de se placer à l’abri de ses créanciers.

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Dépendance

«Ces politiques n’attirent pas les investissements solides et durables, explique Mme Faubert. Elles ne font qu’attirer des entreprises qui dépendent de l’argent public pour survivre».

Le gouvernement a perdu 515 millions $ en 2024-2025 à cause d’entreprises insolvables, note l’IEDM en citant un article récent du Journal.

À titre comparatif, le total de l’aide versée aux entreprises par l’Ontario pour l’année 2023 s’élève à 2,8 milliards $, selon la chercheuse. Quant aux revenus fiscaux provenant de l’impôt des sociétés en Ontario pour la même année, ils étaient de 23,1 milliards $.

L’IEDM suggère de réaffecter ces fonds pour réduire l’impôt des entreprises. Le taux québécois passerait ainsi de 11,5% à 4,75%, faisant chuter le taux combiné (fédéral + provincial) à 19,75%, soit en dessous du minimum américain de 21%.

Une telle baisse ferait du Québec l’endroit offrant le taux d’imposition sur les sociétés le plus faible en Amérique du Nord.

«Une telle réforme fiscale permettrait au Québec de se défaire de son titre de champion des subventions et d’adopter celui, bien plus enviable, de territoire offrant l’environnement fiscal le plus concurrentiel en Amérique du Nord pour les entreprises», conclut Mme Faubert.

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