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L'article provient de Le Journal de Québec

«Le Québec peut être fier»: Luguentz Dort et Bennedict Mathurin, les frères montréalais en finale de la NBA

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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2025-06-02T21:25:51Z
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Les deux ont grandi dans les mêmes rues de Montréal-Nord, ils ont fait leurs débuts à la même école et ils ont réalisé le rêve de la NBA. Voilà que la présence de Luguentz Dort et de Bennedict Mathurin en finale du plus prestigieux circuit de basketball au monde propulse le rêve à un autre niveau et fait saliver le petit monde du basket québécois.

«Ben est comme un frère pour moi, honnêtement», a expliqué Dort, garde du Thunder d’Oklahoma City, lors d’un point de presse diffusé sur la chaîne YouTube de l’équipe.

«On a grandi dans le même quartier et nos familles se connaissent. On passe beaucoup de temps ensemble durant la saison morte. Je suis heureux pour lui, il a déjà accompli beaucoup et il continue de s’améliorer», a-t-il poursuivi au sujet de son grand ami et rival des Pacers de l’Indiana, en vue de la finale qui s’amorcera jeudi soir en Oklahoma.

Comme un père

Nelson Ossé se fait toujours un plaisir de renouer avec ses deux anciens apprentis devenus célèbres dans la NBA, Luguentz Dort et Bennedict Mathurin.
Nelson Ossé se fait toujours un plaisir de renouer avec ses deux anciens apprentis devenus célèbres dans la NBA, Luguentz Dort et Bennedict Mathurin. PHOTO FOURNIE PAR NELSON OSSÉ

Dort a percé même après avoir été ignoré au repêchage de la NBA en 2019. Cette saison, il a brillé au point de se tailler une place dans la première équipe d’étoiles en défense.

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Avec lui, le Thunder a dominé la ligue dans plusieurs catégories défensives, dont les vols de ballon, les revirements provoqués et les déviations. À 26 ans, il est l’un des joueurs dominants du circuit Silver.

De son côté, Mathurin a terminé une troisième saison, lui qui avait été choisi au sixième rang par les Pacers en 2022. En incluant les présentes séries, il a inscrit au moins 20 points dans un match à 26 reprises cette saison, en plus de récupérer 5,3 rebonds par rencontre.

Si les deux se considèrent comme des frères, leur père spirituel est certainement Nelson Ossé, qui a été leur entraîneur au secondaire avec les Knights de Parc-Extension.

«Le Québec peut être fier. C’est un méchant cadeau que ces jeunes-là nous font. Déjà, la NBA, c’était un gros wow. Là, deux joueurs qui jouent un grand rôle et qui se retrouvent en finale, il n’y a pas de mots», a-t-il exprimé lorsque nous l’avons joint.

Une belle persévérance

La carrière de Bennedict Mathurin avec les Pacers prend un bel envol.
La carrière de Bennedict Mathurin avec les Pacers prend un bel envol. Getty Images via AFP

Le routier du basketball ne le cache pas, il contiendra difficilement ses émotions en assistant au premier match de la série, sur place, à Oklahoma City.

«Ça fait extrêmement longtemps que je n’ai pas vécu des émotions semblables. Je ne suis pas reconnu comme une personne très émotive, mais je serais étonné de ne pas verser une larme. Pour avoir suivi ces deux gars-là dès un jeune âge, jamais je n’aurais osé croire qu’ils se retrouveraient les deux en finale. J’ai l’impression que je vais me réveiller de ce rêve», s’est-il extasié.

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«On parle quand même de deux jeunes qui ont fait le même parcours, qui s’apprécient, qui passent du temps ensemble durant l’été. Il y a tellement de choses qui sont similaires entre les deux que c’est surréaliste.»

Pour Ossé, non seulement la jeunesse québécoise verra à l’œuvre des produits de la province extrêmement talentueux, mais elle en verra surtout qui se sont accrochés malgré leurs difficultés sur les bancs d’école.

«Ils ont toujours été plus athlétiques que les autres, mais au niveau académique, il leur a fallu montrer beaucoup de persévérance. Ils n’ont jamais lâché. Ce côté-là est important pour moi. On parle de basket, mais aussi de gars qui ont fini par étudier à l’université. Il faut que les jeunes qui les suivent comprennent l’importance de la persévérance scolaire», a-t-il fait valoir.

Le maïs soufflé est prêt

Nelson Ossé est encore régulièrement en contact avec ses deux anciens poulains. Quand le Thunder a confirmé sa place en finale, il s’est permis un petit texto à Dort. Il a fait de même quand le tour des Pacers et de Mathurin est venu.

«J’ai écrit à Lu pour lui dire que j’avais préparé mon popcorn. Il m’a répondu que le sien serait prêt aussi s’il devait affronter Ben. De son côté, Ben, je lui ai dit que j’étais fier de lui et que j’avais vraiment hâte de les voir performer tous les deux.»

Vers un autre boom pour le basket québécois

Luguentz Dort en action face aux Pacers, lors d’un match le 29 mars dernier.
Luguentz Dort en action face aux Pacers, lors d’un match le 29 mars dernier. Photo Getty Images via AFP

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Le basketball au Québec, déjà en plein essor dans les dernières années, pourrait vivre un autre grand boom en ce qui a trait à la participation, grâce à la présence de deux représentants de la province en finale de la NBA.

«C’est vraiment très excitant, ce n’est que du positif. On parle non seulement de Québécois en finale, mais de Québécois qui voient beaucoup de terrain et qui jouent un rôle clé dans leur équipe», a commenté le directeur général de Basketball Québec, Carl Comeau.

Selon les plus récentes données, pas moins de 60 000 jeunes pratiquent le basketball au Québec, dont 45 000 dans le réseau scolaire.

Le championnat des Raptors de Toronto, qui avait soulevé les passions partout au pays durant le printemps de 2019, avait mené à une croissance importante dans la pratique du basketball chez nous et Basketball Québec se permet de rêver à un nouvel essor grâce à la visibilité que recevront Bennedict Mathurin et Luguentz Dort.

«Avant le championnat des Raptors, on en comptait 23 000. On parle d’une augmentation faramineuse, c’est à tous les niveaux. Les sports-études et les concentrations sont en progression. On a même une pénurie de terrains qui s’en vient et on travaille là-dessus», a indiqué Comeau.

«On va voir ces deux Québécois jouer. Il y en a un qui va ramener le trophée au Québec et le faire circuler. Nos jeunes consomment tellement de basket sur les réseaux sociaux et ils peuvent aspirer à quelque chose de gros», a-t-il enchaîné.

Le rêve accessible

Pascal Jobin, impliqué dans le basketball depuis toujours, peine à croire que son sport a évolué à ce point.

«La réalité est tellement différente de mon époque. Dans mon temps, un Québécois en NCAA c’était impossible et encore moins en NBA. Aujourd’hui, on en a deux en finale de la NBA. Le message que ça envoie aux jeunes, c’est: rêve et travaille pour ton rêve», a dit celui qui entraîne à l’école Gérard-Filion et qui a déjà dirigé Mathurin au niveau U15.

À ses yeux, il est grand temps que les entraîneurs au Québec soient plus reconnus.

«Notre sport national, c’est le hockey. Au Québec, le basketball n’est pas aussi structuré et respecté que le hockey. Le fait que ces deux gars-là soient en NBA, c’est déjà phénoménal, et encore plus en finale.»

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