Le Québec humilié: que fera Legault?

Elsie Lefebvre
J’ai été députée dans le même caucus que François Legault de 2004 à 2007.
J’ai donc eu l’occasion d’entendre ses positionnements sur une tonne de sujets chaque semaine.
Dans sa manière de gouverner le Québec depuis qu’il est premier ministre, je reconnais totalement l’ancien collègue.
Un homme gentil, ouvert, rigoureux, travaillant, progressiste et profondément fier d’être Québécois.
Comme aujourd’hui, il avait la même obsession que Bernard Landry: enrichir le Québec. Cela passait principalement par l’éducation et l’indépendance du Québec.
Legault le souverainiste
Autour de la table, François Legault était l’un des plus motivés sur la question de la souveraineté. Ayant eu du succès en affaires, je crois qu’il était pressé de convaincre les Québécois que nous ne sommes pas nés pour un p’tit pain. Que vivre comme des Tanguys dans le Canada était peut-être confortable mais limitant pour créer ici une société francophone différente et prospère.
Il avait documenté comment les investissements fédéraux n’étaient pas en concordance avec nos priorités. Malgré la péréquation dont il nous parle aujourd’hui, que nous n’en avions pas pour notre argent car les dépenses fédérales avantageaient le plus souvent le reste du Canada au détriment du Québec, et j’en passe.
Il était convaincu et convaincant.
Je vous raconte tout cela car je n’ai jamais vraiment compris son changement de cap fédéraliste. Je l’ai perçu comme une lassitude et un virage stratégique pour prendre le pouvoir. Les Québécois ont été séduits et même des souverainistes se sont dit qu’il allait nous défendre et faire des gains face à Ottawa.
Écoutez la chronique d'Elsie Lefebvre à l'émission de Richard Martineau via QUB radio :
Rebuffades fédérales
Le Québec vient d’encaisser des rebuffades fédérales majeures : clause dérogatoire, Amira Elghawaby, inaction face à Roxham et la plus significative, son échec personnel sur l’entente en santé.
1 G$ par an en santé, c’est un cuisant échec pour le Québec.
C’était le premier vrai test personnel fédéraliste de François Legault. Il a misé sur le Canada. Il a perdu. Il n’a aucun rapport de force.
C’est bien beau se clamer fédéraliste. Mais qu’en est-il si le Québec recule? Je peine à croire que c’est le François Legault que j’ai connu, autrefois si combatif, qui réagit ainsi. Qui accepte l’inacceptable. Qui s’écrase.
La position de François Legault est plus molle que celle du PLQ; faut le faire!