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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Conflits de travail: le Québec, champion des grèves au pays

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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2025-05-08T04:00:00Z
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Le Québec connaît une véritable «épidémie de grèves», représentant 91% des arrêts de travail survenus au Canada depuis 2023. L’Institut économique de Montréal (IEDM) appelle à une intervention gouvernementale stricte, soulignant que 87% des conflits de travail proviennent du secteur public.

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Depuis 2023, le Québec a été l’épicentre de 91% des arrêts de travail recensés au pays (principalement des grèves). Une situation qui, selon l’IEDM, échappe à tout contrôle.

«Les grèves ne sont plus l’exception, elles sont devenues la règle, surtout dans le secteur public», dénonce Gabriel Giguère, analyste sénior en politiques publiques de l’IEDM. Et ce sont les familles qui en subissent les conséquences, dit-il.

En 2023, 691 grèves ont paralysé le Québec, un sommet historique fracassant le record précédent de 384 établi en 1974, à l’aube de la commission Cliche. Et en 2024, ce chiffre a encore grimpé, à 759. Ces données sont tirées de Statistique Canada.

Près de 9 grèves sur 10, soit 87% de ces conflits de travail, ont eu lieu dans les secteurs publics, notamment l’éducation, la santé et les services sociaux.

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«Le Québec est la cible de dérapages de la part des syndicats depuis 2023, notamment des syndicats du secteur public», déplore M. Giguère.

Face à cette flambée, le gouvernement Legault a proposé en début d’année le projet de loi 89, qui vise à protéger les citoyens en obligeant le maintien de certains services lors de grèves ou de lock-out. Mais le problème, selon l’IEDM, est que ce projet de loi exclut les employés de la fonction publique et de la santé.

Le syndicat réplique

«Le gouvernement admet lui-même que les grèves font mal aux familles, mais son projet de loi épargne justement les secteurs qui en déclenchent le plus», critique M. Giguère.

Pour être crédible et efficace, le projet de loi 89 doit aussi s’appliquer au secteur public, martèle l’IEDM.

«Quand on entend la présidente de la FTQ nous dire qu’on sort les gros bras, quand on voit des bureaux de députés qui sont saccagés, on voit qu’il y a un réel abus de la part des syndicats. Il faut que ça cesse. Mais pour que ça cesse, ça prend un projet de loi 89 qui a plus de mordant», soutient l’analyste.

Du côté des syndicats, on tient à rappeler que le droit de grève est constitutionnel et protégé par les chartes québécoise et canadienne.

«Il est facile de lancer la pierre aux syndicats, mais il est important de rappeler que nous ne négocions jamais seuls et que le nombre de lock-out a aussi fait un bond important au cours des dernières années», souligne Caroline Senneville, présidente de la CSN.

«Malgré tout, 95% des négociations au Québec se déroulent sans recours à la grève. Pour ce qui est du secteur public, rappelons que l’ensemble des syndicats faisaient face à un employeur unique, c’est-à-dire le gouvernement, qui leur a proposé un appauvrissement pendant des mois. C’est au moment où les travailleuses et les travailleurs ont exercé leur droit de grève qu’il a finalement entendu raison», rappelle Mme Senneville.

Années où le nombre d’arrêts de travail a battu un record au Québec

  • 1974: 348
  • 2023: 691
  • 2024: 759
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