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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Le Québec a vaincu une crise économique et cinq récessions en un siècle

Photo fournie par BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2025-04-12T05:00:00Z
2025-04-12T17:46:20Z
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En raison de la guerre tarifaire déclenchée par Donald Trump, le monde s’apprête possiblement à entrer en récession, un ralentissement temporaire de l’économie. Peut-être même en crise économique, un événement qui touche plus profondément et plus durablement les pays.

Le Journal a retracé les crises et récessions qui ont touché le Québec depuis un siècle.

Le chômage, baromètre de l’économie

«La façon la plus simple d’identifier les récessions au Canada est de suivre l’évolution du taux de chômage», explique Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques à l’UQAM.

Le chômage grimpe lorsque l’économie plonge; il atteint un sommet d’autant plus élevé que la récession est sévère, puis il redescend à mesure que l’économie remonte.

À son avis, les récessions de 1982 et de 1990 ont été les pires essuyées par le Canada depuis la Grande Dépression des années 1930, qu’il qualifie de «mère de toutes les récessions modernes».

En plus d’entraîner des pertes économiques, le chômage «vient toujours avec son lot de pathologies personnelles, familiales et sociales», ajoute l’expert.

La Grande Dépression

1929-1939

Photo du domaine public
Photo du domaine public

Cette crise économique a été provoquée par le krach boursier de Wall Street le 24 octobre 1929, le «jeudi noir». En une seule journée, la panique des investisseurs a entraîné une cascade d’événements. Les lundi et mardi suivants, 28 et 29 octobre, «noirs» eux aussi, ont provoqué une chute de la production industrielle et une montée du chômage à l’échelle mondiale. Au Canada, on a mis 10 ans à retrouver le rythme d’avant cet événement.

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Avec des taux de chômage atteignant chez nous les 25%, cette crise a été «épouvantable pour nos arrière-grands-parents, d’autant plus que l’assurance-chômage n’existait pas à l’époque», commente Pierre Fortin.

La récession de l’après-guerre

1956-1961

Photo d’archives
Photo d’archives

Même si l’après-guerre est associé à une période de prospérité, elle n’a pas été épargnée par les soubresauts de l’économie. En 1956, une hausse soudaine du chômage au Canada fait dire à l’économiste Pierre Fortin que le pays a bel et bien traversé une récession. Le plein emploi n’est revenu qu’au milieu des années 1960. C’est la première des récessions de ce siècle à être causée par les banques centrales, qui ont voulu combattre l’inflation en haussant les taux d’intérêt.

La récession des banques centrales

1982

Photo SERGE JONGUÉ
Photo SERGE JONGUÉ

L’explosion de l’inflation au cours des décennies 1970 et 1980, avec des pics à 11% en 1974 et à 12,5% en 1981, a surpris les dirigeants politiques, rappelle Pierre Fortin. La Banque du Canada a répondu en haussant les taux d’intérêt «à des niveaux astronomiques», ce qui a provoqué un effondrement des dépenses des ménages pour l’achat de nouvelles maisons, d’automobiles et d’autres biens durables de consommation. «L’économie n’a pas tardé à dégringoler et le chômage à exploser.» Au Québec, les jeunes ont eu beaucoup de mal à se trouver du travail. Le taux des 15-24 ans sans emploi a atteint 26%, deux fois celui de leurs aînés.

La récession du début des années 1990

1990-1992

En raison de divers déséquilibres économiques entre les grandes puissances, le Canada entre en récession en avril 1990 et n’en sort que deux ans plus tard, en avril 1992. Touchant plus durement le Canada que son voisin du Sud, cette récession provoque la perte de 70 000 emplois au Québec, en 1991. Les petites et moyennes entreprises, mais aussi de grandes entreprises en subissent les contrecoups.

La crise financière mondiale

2007-2009

Photo AFP
Photo AFP

Déclenchée par l’effondrement du marché immobilier américain et la faillite de grandes institutions financières, elle a entraîné une récession mondiale majeure. Comme la Grande Dépression, elle résulte de «dérapages majeurs du système financier induits par des bulles spéculatives et des ruées bancaires qu’une réglementation insuffisante a laissées se produire», signale Pierre Fortin. Au Québec, elle s’est répercutée par une hausse du taux de chômage, une baisse des investissements et un ralentissement économique.

La récession de la COVID-19

2020

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

La pandémie de COVID-19 a entraîné une récession mondiale en 2020. L’économie globale s’est contractée de 3,5% cette année-là, et de nombreux pays ont enregistré des baisses significatives de leur PIB. Au Québec, l’impact a été particulièrement marqué avec une diminution du PIB de 5,3% en 2020. Le taux de chômage a remonté significativement, mais les effets de la pandémie ont été de courte durée.

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