En difficulté, le promoteur de Lago Tremblant se place à l’abri des poursuites
Habitations Luma et Cédric Grenon ont recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies


Martin Jolicoeur
Deux entreprises associées à Habitations Luma, à l’origine d’un controversé projet immobilier Lago Tremblant, dans les Laurentides, ont obtenu la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
Une situation qui risque de compromettre la livraison du projet de 72 appartements de luxe, d’une valeur de 100 millions de dollars, qui sème la discorde depuis le début de sa construction il y a cinq ans, aux abords du lac Tremblant.
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Depuis, à peine plus de la moitié des unités à fort prix auraient déjà trouvé preneur. Des propriétaires aujourd’hui pris en otage avec un bien qui ne répondrait pas aux promesses, dont une piscine qui n’a jamais été construite, et les ennuis financiers et juridiques de son promoteur, Cédric Grenon.

Selon les documents préliminaires présentés devant la cour supérieure de Saint-Jérôme, les deux sociétés appartenant au promoteur cumulaient, au 2 juillet, des dettes de près de 12 M$.
Les principaux créanciers sont la Caisse Desjardins Le Manoir (9,45 M$), le cabinet d’assurance de dommages MP2B Inc (539 230$), la société Construction Kingsboro (223 216$), le Groupe Noddem (218 816$), spécialisé dans l’assemblage d’ascenseurs, et le cabinet d’avocats Lapointe Rosenstein Marchand Melançon (155 821$). La Ville de Mont-Tremblant fait face à un manque à gagner de 115 697$ du promoteur.
Un projet né dans l’opposition
Lancé en 2020, le projet devait voir le jour sur deux vastes lots autrefois occupés par le Club Tremblant Hôtel du Lac, une institution qui a fait les beaux jours de la région avant que n’y débarque la société Intrawest.

Ce projet devait comporter 72 copropriétés destinées à la location à court terme, sept ascenseurs, un lounge et un gym, le tout réparti dans deux bâtiments érigés à flanc de colline et reliés par une passerelle. Chaque logement y est offert entre 800 000$ et 2,5 M$.
Or, c’était sans compter l’opposition féroce du voisinage, qui a les moyens de ses ambitions. Ils reprochent entre autres au promoteur de s’être approprié les lieux sans grands égards pour le site, la réglementation, et surtout, des servitudes de non-construction.

Habitations Luma s’est ainsi vu interdire entre autres la construction d’un chemin pour permettre aux propriétaires de condos d’accéder à leur stationnement souterrain. Une situation qui l’amena, faute de mieux, à entreprendre la construction à flanc de montagne d’un ascenseur pour voiture, un projet aussi bloqué par la ville.
Les deux sociétés visées, 9304-7033 Québec Inc et 9251-7465 Québec, et leurs administrateurs, poursuivraient leurs efforts de restructuration sous la supervision du contrôleur nommé au dossier. Un juge de la Cour supérieure a autorisé le contrôleur à lancer, si nécessaire, un processus de sollicitation de vente ou d’investissement des actifs de la société en difficulté.
«Les Amis» inquiets
Dans une note à ses membres, l’organisme Les Amis de Mont-Tremblant s’est dit déçu de cette situation.

«Depuis notre fondation en août 2021, nous avons maintes fois mis en garde la Ville contre les dangers de ce projet.»
L’organisme craint maintenant que le projet ne puisse être terminé et il estime que la Ville devrait réfléchir maintenant à la suite, «soit la façon dont elle protégera les citoyens d’un développement qui n’est [...] pas conforme aux règles de sécurité incendie de la Régie du bâtiment du Québec», peut-on lire.
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