Métro de Montréal: le prolongement de la ligne bleue se concrétisera en 2029
Félix Lacerte-Gauthier
Après de nombreux faux départs, le projet de prolongement de la ligne bleue devrait coûter quelque 6 G$ et il verrait finalement le jour d’ici 2029, promettent le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal.
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Les travaux d’excavation débuteront dès 2023 selon les estimations actuelles.
«Je vous assure que cette fois-ci, c’est la bonne», a souligné Chantal Rouleau, ministre responsable de la région de Montréal. «Le projet de prolongement de la ligne bleue cumule des décennies d’annonces solennelles [...] qui ont été des promesses brisées», a-t-elle reconnu.
Elle indique que, cette fois, «l’argent est là» et que le gouvernement autorise la Société de transport de Montréal (STM) à lancer l’appel de qualification pour les travaux du tunnelier.
Mme Rouleau était accompagnée de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, de Pablo Rodriguez, ministre et lieutenant du Québec pour le gouvernement du Canada, ainsi que d’Éric Alan Caldwell, président du conseil d’administration de la STM.
Le projet, revu par la STM, s’étalerait sur six kilomètres, avec cinq stations, et aurait un coût estimé de 5,8 G$. Les diverses optimisations permettraient une économie de 1,1 G$, alors qu’en avril 2021, les coûts étaient estimés à 6,9 G$.
La facture pourrait toutefois grimper à 6,4 G$ en raison de l’inflation et des taux d’intérêt.
Le gouvernement versera 577 M$ pour permettre la planification du projet. D’autres enveloppes pourraient ensuite suivre.
Dans cette nouvelle mouture présentée, la station terminus se retrouverait sous l’autoroute 25. La station à l’intersection du boulevard Pie-IX a également été reconfigurée, entre autres modifications. Le tunnel serait creusé par un tunnelier, une méthode qui permettrait d’avancer deux fois plus rapidement en plus de réduire les nuisances en surfaces pour les résidents des secteurs traversés.
Selon les estimations de la STM, jusqu’à 25600 usagés utiliseraient le tronçon prolongé pour chaque heure de pointe et cela permettrait d’enlever 5300 voitures sur la route.
En matière de temps, il serait possible de relier la station Jean-Talon au terminus à Anjou en une quinzaine de minutes, alors que le projet en prend maintenant une quarantaine en autobus.
De son côté, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a rappelé qu’aucune station n’avait été inaugurée depuis 1988.
«Quand on regarde à travers le monde, on voit que les autres grandes métropoles, elles, ont développé en continu leur transport collectif, mais pas nous. Ça fait que maintenant, on est en mode rattrapage», a-t-elle rappelé, en espérant que l’annonce sera un premier pas. «Il n’est pas question par contre de s’arrêter à la ligne bleue», a ajouté la mairesse.
Optimisations
À la suite des consultations publiques, la STM a déplacé l’emplacement prévu de la station terminus, qui se retrouve maintenant sous l’autoroute 25, plutôt qu’aux Galeries d’Anjou. Des édicules seront mis en place de chaque côté de l’autoroute, dans un terrain municipal à l’est d’un côté et près du centre commercial de l’autre. La nouvelle configuration permettra de créer un lien entre les deux pôles de l’arrondissement.
«On désenclave complètement un quartier, pour que les citoyens aient finalement accès à tout ce qui se passe de l’autre côté de l’autoroute. Ce sont tous les Montréalais qui auront un accès beaucoup plus facile à l’est de Montréal», a ajouté Mme Rouleau.
Le stationnement incitatif initial a également été retiré à la suite de nombreuses demandes en ce sens. Le terminus d’autobus a également droit à un nouvel aménagement.
Depuis avril 2021, la STM est devenue propriétaire du centre commercial Le Boulevard, à l’angle de Pie-IX, où se situera également une future station.
Dans la nouvelle configuration du projet, le terminus d’autobus sera redimensionné. Une entente pour l’utilisation de la carrière Francon permettra aussi de limiter l’espace qui sera nécessaire au chantier, ce qui permettra au centre commercial de poursuivre ses opérations pendant la durée des travaux.
Une vingtaine de sites font l’objet d’avis d’expropriation. De ce nombre, une proportion de 30% serait complétée et 50% seraient en cours, le reste étant en réserve.
Lent départ
Le projet de prolonger la ligne bleue jusqu’à Anjou avait été annoncé en 2018 par le gouvernement de Philippe Couillard. L’année suivante, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait promis 1,3 G$ pour permettre la réalisation du projet.
Depuis, la STM a procédé à plusieurs mises à jour du projet, annonçant en 2019 et 2020 l’octroi de deux contrats pour la conception architecturale des stations et en effectuant plusieurs consultations publiques.
En 2021, la STM avait amorcé des travaux préparatoires à l’angle de la rue Jean-Talon et du boulevard Lacordaire afin de relocaliser les câbles et aqueducs souterrains présents dans la zone d’excavation de la future station. D’autres travaux sont en cours afin de créer un tunnel piétonnier qui reliera la future station Pie-IX et projet de SRB.
Malgré ces avancées, le projet tardait à se concrétiser, notamment en raison des procédures d’expropriation, contestées par certains propriétaires, et dont les coûts ont explosé.
Le gouvernement avait évoqué l’idée de couper la future station à l’intersection Viau pour revoir à la baisse les coûts du projet.
D’autres projets majeurs de transport en commun pourraient bientôt voir le jour dans l’est de Montréal. Le service rapide par bus (SRB) du boulevard Pie-IX devrait commencer une période d’essai au cours de l’été, pour être officiellement inauguré à l’automne.
Le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est a pour sa part un tracé perpendiculaire à celui de la ligne bleue, et devrait la croiser à l’axe de la rue Jean-Talon et du boulevard Lacordaire. Jeudi, la CDPQ Infra, qui gère le projet, a toutefois annoncé qu’elle le mettait temporairement sur pause.
Le projet de prolongement de la ligne bleue vers Anjou avait été évoqué à de nombreuses reprises dans le passé par différents gouvernements, sans toutefois se concrétiser.