Le programme économique de Trump et Musk édifié sur une fondation de mensonges


Pierre Martin
Alors que Trump nous entraîne dans une guerre commerciale insensée, inutile et coûteuse, l’économie américaine est au bord de la récession.
Les promesses mirobolantes de Donald Trump, dont celle d’une baisse instantanée des prix dès son arrivée en poste, ont compté pour beaucoup dans sa victoire électorale.
Depuis, l’inflation a repris de plus belle, les marchés dégringolent, l’emploi est en baisse et la confiance des consommateurs fout le camp.
Bienvenue au paradis MAGA.
Désintoxication?
Le président a admis lors de son discours au Congrès que le remède de cheval qu’il entend faire avaler au gouvernement et à l’économie des États-Unis entraînera des «perturbations» et il n’a pas exclu la possibilité d’une récession.
Selon le secrétaire au Trésor Scott Bessent, cette période d’ajustement cahoteuse sera l’équivalent d’une «cure de désintoxication» pour une économie devenue trop dépendante des dépenses publiques, notamment pendant les années Biden.
Tout ça pour justifier des coupes irréfléchies et largement illégales dans le personnel et les dépenses du gouvernement fédéral, qui risquent d’entraîner des conséquences et des coûts considérables à court et à long terme.
Un diagnostic bardé de mensonges
Cette «désintoxication» risque d’infliger une mornifle retentissante à l’économie américaine (et à la nôtre). Peut-on vraiment y croire?
Ce serait plus facile d’y croire si elle n’était pas menée par Elon Musk, un néophyte en matière de politiques gouvernementales qui est incapable de s’expliquer avec cohérence à propos de ses actions. Surtout, ce serait plus facile d’y croire si ce n’était pas fondé sur des mensonges.
Donald Trump soutient qu’il a hérité d’une économie en ruine minée par une inflation dont il exagère constamment l’ampleur. C’est faux. D’après le magazine (de droite) The Economist, l’économie américaine à la fin de 2024 était une des plus solides au monde. Trump aurait pu compter sur une croissance d’au moins 2% en surfant sur les politiques en place, mais les États-Unis se dirigent plutôt vers une récession.
Le secrétaire Bessent prétend que la croissance des dépenses et des effectifs du gouvernement fédéral est hors de contrôle. C’est faux. Depuis les années 1980, le nombre d’employés du gouvernement fédéral et la part des dépenses fédérales en proportion du PIB sont en baisse... y compris entre le premier mandat de Trump et celui de Biden.
Réponses démocrates
On ne peut pas dire que l’opposition démocrate brille par la qualité de ses réponses. Une petite minorité semble prête à appuyer Trump par peur des représailles de ses partisans, ce qui ressemble à un cul-de-sac politique.
D’autres recommandent plutôt de ne rien faire et de laisser les républicains s’enliser dans les conséquences catastrophiques des politiques trumpistes. Cela peut paraître rusé politiquement, mais ça ne soignera pas le cynisme ambiant.
Certains démocrates sont plus combatifs. Hélas, pour plusieurs d’entre eux, la résistance ressemble trop à une défense du statu quo que les électeurs ont rejeté en 2024. Le temps est plutôt à la promotion de vraies réformes, mais les voix dans ce sens sont malheureusement encore rares et elles n’arrivent pas à se faire entendre et à s’imposer dans la cacophonie du torrent de mensonges de Trump.