Le programme américain d'accueil d'Afrikaners est un «apartheid 2.0» selon Pretoria

AFP
Le «traitement préférentiel» par Washington des Afrikaners, descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud, est «clairement un apartheid 2.0», a jugé mercredi le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola.
Le président américain Donald Trump a accordé le statut de réfugié à cette minorité blanche, dont étaient issus les dirigeants du régime ségrégationniste de l'apartheid, évoquant plusieurs fois un prétendu «génocide» à leur encontre.
«Compte tenu de l'histoire de notre pays, le traitement préférentiel accordé à un groupe particulier de privilégiés, ces Afrikaners, qui ne fuient aucun génocide dans ce pays, est clairement de l'apartheid 2.0», a balayé le chef de la diplomatie sud-africaine lors d'un point presse.
En conséquence, Pretoria ne compte pas faciliter l'octroi de visa aux employés d'une organisation kényane, le Church World Service, désignée par Washington pour traiter les demandes de candidats au départ vers les États-Unis.
Après avoir accueilli un premier groupe de 49 personnes arrivées par un vol spécial en mai, l'administration Trump compte démultiplier ces arrivées, désormais via des vols commerciaux.
«Le gouvernement sud-africain n'a aucune obligation ni aucun devoir d'aider le gouvernement américain», a déclaré Ronald Lamola. «Nous considérons cela comme un processus accéléré d'immigration par les États-Unis.»
Au premier trimestre de l'année 2025, la police sud-africaine n'a recensé que six meurtres sur des exploitations agricoles et «la plupart des employés dans les zones agricoles sont noirs», a affirmé le ministre mardi pour contrer les accusations de persécutions visant les fermiers blancs.
Pretoria fait l'objet depuis des mois d'attaques de l'administration de Donald Trump qui lui reproche aussi sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Ronald Lamola a également dit avoir discuté avec le conseiller du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, de discrimination positive et d'une loi d'expropriation promulguée cette année.
Il s'agit de deux autres critiques récurrentes de Washington, qui soumet la plupart des exportations de l'Afrique du Sud à des taxes douanières de 30%, les plus élevées d'Afrique sub-saharienne.
Le groupe identitaire afrikaner AfriForum, à l'origine d'une campagne pour mettre en lumière le phénomène des attaques de fermes, a recensé 37 meurtres sur des exploitations agricoles en 2024.