Le prochain camp du Non


Mathieu Bock-Côté
Le Parti Québécois, premier dans les sondages, annonce vouloir tenir un référendum rapidement après avoir conquis le pouvoir, s’il remporte les élections d’octobre 2026.
Le camp du Oui reprend joyeusement vie.
Mais aussi étrange que cela puisse paraître, il y aura un camp du Non (étrange, car il est étrange qu’un Québécois s’oppose à l’indépendance de son peuple).
Mais qui seront les leaders du camp du Non? Osons un exercice d’anticipation.
D’abord: qui en sera le chef?
Chef
Si la tendance se maintient, il s’agira de Pablo Rodriguez, le chef apparemment charismatique du PLQ.
L’homme à la belle crinière prépare déjà ses arguments. On l’a ainsi entendu dire que l’indépendance ne serait pas «une baguette magique». Non!? Vraiment?! Puissant penseur du Non!
J’aurais envie de dire à Pablo ce que ses professeurs ont dû souvent lui dire à l’école: peut faire mieux.
Éric Duhaime, apparemment, sera du lot. Je m’en désole. Il y a 30 ans, c’était un militant du Oui, et je suis convaincu qu’au fond de lui-même, il est encore favorable à l’indépendance. Vous noterez qu’il a beaucoup de difficulté à dire qu’il votera Non, et qu’il ne le fait qu’en grimaçant.
Mais voilà, pour être chef de bande, il a décidé de renier ses convictions. Que dira dans la caravane de Pablo ce noniste malgré lui? Que s’il était Albertain, il voterait Oui, mais que comme Québécois, il dit non?
Mark Carney sera de la partie.
L’amourette entre le chef fédéral et les Québécois sera derrière nous depuis longtemps à ce moment. Ils le verront alors pour ce qu’il est: l’incarnation d’un fédéralisme anglo-saxon hautain, regardant les Québécois comme les Britanniques regardaient les Irlandais au début du XXe siècle: comme une tribu archaïque qu’il vaut mieux gouverner de l’extérieur pour leur bien.
Si j’étais un stratège du Oui, je dirais: faites-le parler, quand on le comprend, il nous sert!
Quand Justin Trudeau s’invitera sur la scène, portant peut-être une ceinture fléchée tout en chantant les vertus du Canada comme Wokistan conjuguant le multiculturalisme extrême et l’immigration massive, ce sera la fête! Qu’il parle aussi!
Mais qui sera le chef des intellectuels pour le Non?
Je ne vois qu’un fier candidat, André Pratte, prêt à fabriquer les arguments les plus tortueux pour sauver le Canada, même s’ils ne sont pas crédibles.
Référendum
C’est un défi: faut convaincre les Québécois qu’ils ont avantage à ne pas se gouverner eux-mêmes, et à rester dans une fédération où ils seront de plus en plus minoritaires.
Le camp du Non fera pitié.
D’ici là, tout ce beau monde dira du mal du référendum, plutôt que de l’indépendance. On cherchera à en faire un mot repoussoir.
Mais je comprends aussi nos fédéralistes de fuir le sujet de l'indépendance, car leur consentement à un régime qui programme la disparition du peuple québécois est indéfendable.
Ils font alors passer leur soumission pour de la référendophobie.