Distribution de drogues, femme suspendue dans le vide: des premiers détails troublants au procès de Sean «Diddy» Combs

Bruno Lapointe
Le procès du producteur de rap et homme d'affaires P. Diddy est entré dans le vif du sujet lundi à New York avec les premières déclarations de l'accusation où il a été dépeint en chef brutal d'un trafic sexuel sans pitié.
Dans ce qui pourrait très bien être le procès le plus médiatisé de l’année, les procureurs tenteront de convaincre les jurés que le rappeur déchu a bâti un réseau de trafic qui obligeait des femmes à avoir de longs rapports sexuels avec des travailleurs du sexe.
D’après l’accusation, l’accusé obligeait ses employés à distribuer des drogues aux victimes lors de ces marathons sexuels appelés freak-offs qui étaient parfois enregistrés en vidéo. Ils auraient aussi eu pour tâche de les faire taire ensuite.
Des témoignages «rigoureusement détaillés»
Les débats ont commencé en matinée par le réquisitoire préliminaire de l'accusation. La procureure Emily Johnson a annoncé que seront présentées aux jurés des vidéos tirées de ces marathons sexuels dans lesquels apparaîtront l’ancienne conjointe et protégée de Sean Combs, Cassie Ventura, ainsi qu’une autre femme désignée sous le nom fictif de «Jane». Cette dernière aurait amorcé une relation amoureuse avec le rappeur déchu en 2020.
«Elles décriront ces marathons sexuels de manière rigoureusement détaillée», a annoncé Emily Johnson, précisant qu’elles raconteront également «certaines des expériences les plus douloureuses et personnelles de leurs vies», rapporte le Washington Post.
Sean Combs, dont la réputation a toujours été entourée d'un parfum de soufre, était capable de mettre le feu à la voiture d'un homme, ou de suspendre une femme dans le vide, depuis un balcon, a poursuivi la procureure.
«Cette affaire n'a rien à voir avec les préférences sexuelles privées d'une célébrité», a insisté la procureure. «Il s'agit d'actes coercitifs et criminels par nature», a-t-elle ajouté sous le regard attentif de Sean Combs, assis entre ses avocats, les cheveux blanchis après huit mois de détention.
L’avocate de Sean Combs, Teny Gerago, a quant à elle affirmé que tous les gestes commis de part et d’autres étaient «volontaires», et faits dans le cadre de «relations consensuelles».
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«Des actes violents ont été commis», atteste l’avocate, mais ne seraient en rien liés aux accusations de trafic sexuel et de prostitution.
«La violence conjugale n’est pas du trafic sexuel», a-t-elle répété dans des propos rapportés par le Washington Post.
«Preuve de violence conjugale»
Teny Gerago a également commenté la vidéo diffusée l’an dernier par CNN et captée par des caméras de surveillance montrait Sean Combs se déchaîner violemment contre Cassie Ventura en 2016 dans un hôtel de Los Angeles.
«Ce que [Sean] Combs a fait à Casssie sur cet enregistrement est indéfendable [mais] n’est pas une preuve de trafic sexuel; c’est une preuve de violence conjugale», a-t-elle insisté.
Témoin clé de l'accusation, Cassie devrait se présenter à la barre dès mardi ou mercredi.
Selon le média américain, de nombreux membres de la famille du rappeur déchu sont venus le soutenir dans ce processus judiciaire; ses enfants Justin Combs, Christian «King» Combs, Quincy Brown, Chance Comb, D’Lila et Jessie Combs ont tous été aperçus, tout comme la mère de l’accusé, Janice Combs.
Sean Combs a été arrêté à l’automne 2024 à Manhattan. Depuis, celui dont les cheveux ont blanchi au fil de ses apparitions au tribunal dort derrière les barreaux, au centre de détention métropolitain de Brooklyn, une institution blâmée pour son insalubrité et sa violence. Il clame son innocence et assure n'avoir eu que des rapports sexuels consentis. Il a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l'accusation, dont les détails n'ont pas été révélés.
- avec AFP