Le Prix Robert-Cliche du premier roman 2022 va à Joël Bégin pour «Plessis»
Guillaume Picard | Agence QMI
C’est un professeur de philosophie du Cégep de Trois-Rivières qui décroche le Prix Robert-Cliche du premier roman 2022.
Joël Bégin, jeune trentenaire et père de trois enfants, a passé cinq ans à peaufiner ce récit fantasmagorique, décrit dans ses propres mots comme «un faux roman policier dans un faux roman historique».
«Plessis» s’appuie certes sur des faits authentiques, au premier chef la mort du premier ministre Maurice Duplessis à Schefferville, en septembre 1959, mais l’auteur a imaginé une enquête policière entourant ce décès, comme si, aux plus hautes sphères du pouvoir à Québec, une théorie du complot avait émané pour expliquer cette disparition qui, on ne le savait alors pas, allait paver la voie à la Révolution tranquille.
Le livre de plus de 400 pages, publié chez VLB éditeur, une société de Québecor Média, suit un policier novice de Trois-Rivières, Paul-Émile Gingras, qui est plongé dans cette enquête dépassant ses compétences. Si l’auteur a imaginé plusieurs rebondissements et intrigues, il s’appuie constamment sur les livres d’histoire pour mettre en scène des gens qui ont existé, comme la fidèle secrétaire de Duplessis, Auréa Cloutier, et le garde du corps du chef de l’Union nationale, Walter Duchesnay. Il y a aussi le ministre de la Colonisation Jos.-D Bégin qui est au cœur du roman.
«J’essayais de me rattacher le plus souvent possible à des faits avérés, mais entre ces événements, ces faits et ces personnages, je me permettais une complète liberté, car sinon ce ne serait pas un roman. Si on suit les dates, ça colle pas mal à la trame historique réelle, mais comment j’ai relié tous ces éléments, là c’est pure invention», a relaté Joël Bégin en entrevue.
«Plessis» est une espèce de «parodie du politique», admet l’auteur, qui a aussi tissé en toile de fond un drame familial et ajouté une bonne dose d’aventure, l’enquête menant le policier Gingras sur la route jusqu’à Schefferville, en passant par l’Assemblée nationale. Tout ça permet par la même occasion de célébrer le territoire québécois.
Joël Bégin, pour qui prendre la plume n’est pas nécessairement «facile», s’est donc amusé à entremêler le vrai et le faux, prenant des libertés pour pimenter ce que l’histoire nous raconte habituellement.
Écoutez l'entrevue de Geneviève Pettersen avec Joel Bégin sur QUB radio :
D'une nouvelle à un roman primé
Au départ, ce devait être une courte nouvelle dans laquelle Gérald Godin, alors jeune journaliste au quotidien «Le Nouvelliste», couvrait les funérailles de Duplessis.
«Il connait plein de monde, il va jaser avec les gens qui lui racontent un peu leur propre version de la mort de Duplessis, ce qu’ils imaginent, les ragots, des rumeurs, c’est là que j'ai cristallisé l’idée du roman. J’avais le goût de m’éclater avec les théories alternatives de l’histoire sans donner au lecteur une version plausible. C’est vraiment une réinvention assumée de l’histoire», a-t-il détaillé.
Joël Bégin, qui a fréquenté le Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, là même où Duplessis a étudié, n’a pas caché son excitation à la veille de recevoir cet honneur. «Je suis quand même nerveux, mais en même temps il n’y a pas de meilleur tremplin pour un premier roman.»
Son roman ne lui appartient désormais plus, lui qui a consacré beaucoup de nuits blanches à le parfaire. «Le projet a commencé à peu près quand mon premier enfant est né. Maintenant, j’en ai trois! L’écriture s’est aussi passée pendant les siestes, les fins de soirée, les vacances», a résumé l’auteur, qui a déjà une autre idée de roman en tête.
Le Prix Robert-Cliche du premier roman 2022 s’accompagne d’une bourse de 10 000 $ remise par Québecor.