Le prix Nobel de la paix décerné dans l’ombre de Trump
AFP
Clou de la saison Nobel, le prix de la paix a été attribué vendredi à Oslo, au lendemain de l’annonce d’un accord de cessez-le-feu sur Gaza entre Israël et le Hamas, conclu sans doute trop tard pour que Donald Trump ait quelque chance de l’emporter.
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Ardemment convoité par le président américain, le Nobel de la paix a été décerné à l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, quelques heures après la conclusion d’un accord entre Israël et le mouvement islamiste sur un cessez-le-feu et la libération des otages, étape majeure pour mettre fin à deux ans de guerre dans la bande de Gaza.

Cette avancée, fruit des fortes pressions mises par Donald Trump sur les belligérants, est survenue vraisemblablement trop tard pour que le comité Nobel norvégien, qui décerne le prix, ait pu en tenir compte.
C’est lundi que les cinq membres du comité ont tenu leur dernière réunion qui sert généralement à peaufiner les attendus expliquant leur choix, pris plusieurs jours auparavant.
Si tant est qu’il tienne, l’accord sur Gaza «n’a absolument aucune conséquence» sur le choix du lauréat 2025, car «le comité Nobel a déjà pris sa décision», a assuré auprès de l’AFP l’historien Asle Sveen, spécialiste du Nobel.
Le président américain a longtemps «laissé les mains libres» au premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou pour bombarder Gaza et a fourni une aide militaire importante à l’armée israélienne, souligne notamment l’historien.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain martèle qu’il «mérite» le Nobel, revendiquant un rôle dans la résolution de multiples conflits, un palmarès que les experts jugent très exagéré.
«Je ne sais pas vraiment ce que [le comité Nobel] va faire. Mais je sais une chose: personne dans l’Histoire n’a jamais résolu huit guerres en l’espace de neuf mois», a dit le chef d’État américain jeudi, en réponse à une question de l’AFP.
«Et moi, j’ai mis fin à huit guerres. Cela ne s’était encore jamais vu», a-t-il dit, soulignant que celle de Gaza était «la plus importante de toutes».
Mais, à Oslo, aucun expert n’y croyait.
Au-delà des questions de calendrier, nombreux sont ceux qui pointent son mantra «l’Amérique d’abord» contraire aux idéaux (coopération internationale, fraternité entre les peuples et désarmement) contenus dans le testament d’Alfred Nobel (1833-1896).
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Et la lauréate est...
Le prix a finalement été décerné à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado pour ses efforts «en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie».
Mme Machado «a été une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée, une opposition qui a trouvé un terrain d’entente dans la revendication d’élections libres et d’un gouvernement représentatif», a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes, à Oslo.
Elle a réussi cette unification au moment où «le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État brutal et autoritaire en proie à une crise humanitaire et économique», a-t-il ajouté.
La notoriété de Mme Machado a explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, recueillant plus de 90% des voix lors d’une démonstration de force avec 3 millions de votants.
Elle est rapidement devenue une favorite des sondages, surnommée la libertadora («libératrice»), en hommage au libertador Simon Bolivar.