Le prix Nobel de la paix peut-il être décerné à «un homme qui tente de mettre en place dans son propre pays un régime semi-autoritaire»?

Yannick Beaudoin
Le prix Nobel de la paix a échappé à Donald Trump vendredi, mais déjà, certains évoquent que le président américain pourrait être le lauréat de cette prestigieuse récompense en 2026.
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Après tout, les candidatures sont généralement soumises avant la fin du mois de janvier, a rappelé le directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’Institut français de relations internationales et stratégiques (IRIS), Romuald Sciora, en entrevue à LCN.
Ce dernier estime que certains arguments plaident en faveur de l’obtention par Trump du prix Nobel de la paix l’an prochain.
«Il est vrai que Donald Trump a mis fin à une guerre entre le Congo et le Rwanda. Il est vrai qu’il a apaisé les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il est vrai qu’il a également apaisé des tensions là aussi très fortes récemment entre l’Inde et le Pakistan», souligne M. Sciora.
«On peut apprécier ou pas son plan de paix pour l’Ukraine qui est évidemment une paix sur le dos de l’Ukraine. Néanmoins, il s’est quand même inscrit dans une démarche sérieuse et volontariste afin d’obtenir une paix en Ukraine. Bref, de très nombreuses personnes auraient obtenu le prix Nobel pour bien moins que ça», ajoute-t-il.

Selon Romuald Sciora, un chef d’État africain qui serait parvenu à un accord de paix entre le Rwanda et le Congo aurait certainement reçu le prix Nobel.
«Donc d’un certain côté, il mériterait le prix Nobel de la paix, mais un homme qui tente de mettre en place dans son propre pays un régime semi-autoritaire qui bafoue la loi mérite-t-il le prix Nobel de la paix? Non. Donc, cela peut expliquer le choix du comité et je serais surpris qu’il l’obtienne l’année prochaine», a commenté le chercheur et spécialiste de la politique américaine.
Par ailleurs, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est loin de régler l’ensemble du conflit israélo-palestinien, clame M. Sciora.
«Il faut se réjouir évidemment de la cessation des hostilités et de la libération des otages, c’est merveilleux. Il faut également se réjouir que les Gazaouis vont pouvoir retourner à une vie normale entre guillemets, en tout cas être à l’abri des bombardements incessants. Donc, pour tout cela, effectivement, il faut remercier Donald Trump. C’est grâce à lui que l’on obtient ce cessez-le-feu. Mais justement, il s’agit d’un cessez-le-feu, pas d’un accord de paix», argumente l’expert.
«Tout cela, si vous y réfléchissez bien, n’embrasse en rien l’entièreté du conflit israélo-palestinien. Il en revient où on en était avant le 7 octobre. Il n’y a aucune vision politique, aucune solution pour revenir à la solution à deux États. Donc, on est plutôt ici en train d’assister à un grand cessez-le-feu, c’est formidable, mais non à un véritable accord de paix», ajoute-t-il.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.