Le prix du sang

Loïc Tassé
Les négociations entre la Russie et l’Ukraine commencent à avancer, s’il faut en croire le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu. Normal : l’armée russe est considérablement ralentie sur le terrain.
Les négociations se tiennent en Turquie, à Antalya. Les deux pays se seraient rapprochés sur quatre enjeux majeurs : la garantie que l’Ukraine n’entrerait pas dans l’OTAN, la démilitarisation du pays, ce que Vladimir Poutine appelle sa « dénazification » et la protection de la langue russe en Ukraine.
La dénazification est une vue de l’esprit, puisque ceux qui votent pour des partis d’extrême droite représentent environ 1 % de la population ukrainienne. De même, la protection de la langue russe ne rencontre pas d’obstacle insurmontable. L’appartenance à l’OTAN n’a jamais été un enjeu réel. Par contre, la démilitarisation pose problème, dans la mesure où par exemple, si en 1994 l’Ukraine n’avait pas renoncé à sa force nucléaire, elle n’aurait probablement pas été attaquée par la Russie.
Au départ, Vladimir Poutine voulait que l’Ukraine soit incorporée à la Russie. Ceci n’arrivera pas. Pour Poutine, il serait acceptable que l’Ukraine demeure un État, mais un État châtré, sans armée et sans autonomie réelle.
Ce n’est pas ce qui va se produire.
- Écoutez l'édito de Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 10 h 30 via QUB radio :
Le droit des Ukrainiens
Poutine oublie le prix du sang. Un prix terrible, inhumain.
Ce sang achète à l’Ukraine le droit de faire partie de l’OTAN. Il achète aussi à l’Ukraine le droit d’être complètement indépendante, de faire partie de l’Union européenne, de devenir une vraie démocratie et de se libérer pour de bon des chaînes que Poutine pensait lui rattacher.
Jusqu’à présent environ 4000 combattants ukrainiens seraient morts dans ce conflit. Il faut y ajouter des dizaines de milliers de victimes civiles et d’éclopés. Et combien de vies brisées ? Combien de villes et de villages détruits ?
Les Ukrainiens ne peuvent pas encore réclamer ce qui leur est dû. Il faudra pour cela que la situation évolue et que Poutine tombe.
Poutine tombera
Selon plusieurs sources concordantes, l’armée russe a perpétré de nombreux crimes de guerre. Ce qui ferait de plusieurs de ses combattants et de ses dirigeants des criminels de guerre, au même titre que Poutine.
Tôt ou tard, Poutine tombera. Et avec lui, il faut l’espérer, ce qui reste de la Russie stalinienne.
Ce que Poutine fait subir à l’Ukraine est inexcusable et inoubliable. Il faudra plusieurs générations pour atténuer la haine des Ukrainiens envers Poutine et la Russie – car pour les Ukrainiens, le peuple russe, par sa passivité, devient chaque jour davantage complice de la guerre de Poutine.
Les Ukrainiens ne seront pas les seuls à avoir la mémoire longue. Cette guerre horrifie une très grande partie de l’opinion mondiale. La Russie de Poutine paiera très cher cette invasion, même si à court terme l’Ukraine pourrait faire des concessions.