Le président serbe dans un état «stable» après avoir été hospitalisé à son retour de Floride

AFP
Le président serbe Aleksandar Vucic a été admis samedi dans un hôpital militaire à Belgrade après son retour des États-Unis et se trouvait dans un état « stable » permettant sa sortie dans la journée de l’établissement, selon une source médicale.
M. Vucic, 55 ans, « a été admis à l’Académie médicale militaire immédiatement après son atterrissage » à Belgrade, a déclaré son bureau dans un communiqué envoyé à l’AFP.
Plusieurs heures après l’admission de M. Vucic, le cardiologue Dragan Dincic a expliqué aux médias que l’état de santé du président était « stable et satisfaisant », lui permettant de quitter l’établissement dans la journée.
Selon ce général, chef de la Direction de santé des armées, M. Vucic a ressenti aux États-Unis « une douleur thoracique intense », et des médecins américains ont ensuite constaté les valeurs « élevées » de sa pression artérielle.
« Les médecins américains ont effectué tous les examens nécessaires, et le président, contrairement à leur recommandation, a décidé de rentrer au pays », a-t-il dit.
Mais « il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que le président puisse reprendre pleinement ses activités régulières dans les jours à venir », a également déclaré ce médecin, en ajoutant que M. Vucic avait rencontré des « problèmes similaires » trois fois au cours des dix dernières années.
Élu président en 2017 après trois années comme Premier ministre, M. Vucic avait été brièvement hospitalisé en 2019 pour des « problèmes cardiovasculaires ».
L’annonce de son hospitalisation samedi survient alors qu’il est confronté depuis novembre à un mouvement de contestation, sans précédent depuis des décennies, et déclenché par l’accident de la gare de Novi Sad (nord).
Le 1er novembre, l’auvent en béton de cette gare, tout juste rénovée, s’était effondré, tuant 16 personnes, dont deux enfants. Cet accident, que beaucoup en Serbie attribuent à la corruption qui aurait entaché les travaux de rénovation.
M. Vucic figure par ailleurs sur la liste des invités confirmés aux commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie organisées par la Russie. Lors d’une conférence de presse jeudi devant les médias serbe, il avait assuré maintenir son plan de se rendre à Moscou, malgré les pressions européennes.
Interrogé sur le sujet samedi par l’AFP, son cabinet ne s’est pas prononcé.
« Réunions importantes »
À la veille de son déplacement aux États-Unis, entamé mercredi, M. Vucic avait annoncé deux rencontres avec le président américain Donald Trump « au cours des quatre prochains jours ».
Selon un journal proche du dirigeant nationaliste serbe, une rencontre devait avoir lieu à la résidence de Mar-a-Lago, propriété de Donald Trump en Floride.
Dans un message vidéo diffusé à son arrivée en Floride, M. Vucic a évoqué « des réunions importantes » avec les plus hauts responsables du Parti républicain et de l’État.
Avant de rentrer en Serbie, il a rencontré notamment l’ex-avocat personnel de Donald Trump et ancien maire de New York, Rudy Giuliani.
Plusieurs figures de l’opposition ont qualifié le déplacement présidentiel de « fiasco » ou de « débâcle », parce que, selon eux, il n’aurait pas réussi à rencontrer son homologue américain.
« Il couvre son fiasco avec une histoire de problème subit de santé l’obligeant à rentrer d’urgence à Belgrade. Il n’y a pas de médicament en pharmacie en Amérique », a ainsi ironisé sur X Zdravko Ponos, chef du parti centriste « Srce » et député dans la Parlement serbe, un farouche critique du président serbe et son adversaire à la dernière élection présidentielle en 2022, remportée dès le premier tour par M. Vucic.
M. Ponos a aussitôt été qualifié d’« individu méprisable » par la présidente du Parlement Ana Brnabic, une proche d’Aleksandar Vucic, qui a dénoncé sa « méchanceté » et sa « haine » à l’égard du chef de l’État.
La pression exercée par les manifestations a conduit à la démission du Premier ministre et à la chute du gouvernement. En réponse à la colère exprimée depuis six mois, Aleksandar Vucic a alterné appels au dialogue et accusations selon lesquels les manifestants, surtout des étudiants, étaient manipulés de l’extérieur.