Le premier livre jeunesse de Ghislain Taschereau

Anne-Marie Lobbe
On connaît l’humoriste pour ses célèbres personnages, comme le cowboy Dave Ash pour n’en nommer qu’un seul très mémorable, mais qui est-il en tant qu’auteur jeunesse ? Avec Simone Nambule et Monsieur 8, Ghislain Taschereau présente un univers complètement loufoque et divertissant.
Est-ce que ça faisait longtemps que vous souhaitiez créer une vraie histoire à dormir debout ?
Je me disais que les enfants sont nourris par l’imaginaire de tout le monde, sauf le leur... Ils regardent un dessin animé ou jouent à un jeu vidéo ; ils gobent ça. Personnellement, toute ma jeunesse, j’ai bricolé. J’ai fait des petits bonhommes avec des roches et des branches. Ce que je trouvais par terre, devant moi, a formé mon imaginaire. Encore aujourd’hui, je vois des organisations graphiques avec des cochonneries qui traînent (rires) !

C’est donc ainsi qu’est né le personnage de Simone Nambule ?
Oui, je me suis dit que ce serait super tripant le personnage d’une petite fille qui bricole et qui se crée un monde imaginaire éveillé. En plus de ses créations, ce serait le fun que ce qui est bordélique dans sa chambre s’anime, quand elle tombe en somnambulisme. J’ai envie que le jeune se dise : « Wow, on a le droit d’aller là dans l’absurde, dans l’imaginaire ! » L’explosion des possibles avec si peu de choses, je trouve que c’est la plus belle nourriture pour l’esprit d’un enfant.
Vous semblez avoir un plaisir évident à jouer avec le concept de ce qui est logique et ce qui ne l’est pas !
Plus un enfant avance en âge dans le système d’éducation et l’organisation sociale, plus on ferme des portes de son imaginaire... Je suis content de constater que pour moi, à 61 ans, les portes sont encore toutes grandes ouvertes ! Quand j’écris une histoire, je laisse tout rentrer, j’accepte tout ce que mon cerveau propose, puis je trie ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Le message de votre livre jeunesse serait donc de ne pas mettre de barrière à notre créativité...
Le message à l’enfant, c’est vraiment de profiter de son imaginaire. Tu dessines, tu bricoles, tu aimes ça jouer avec ce que tu trouves sur le trottoir en revenant de l’école ? Laisse aller ton imaginaire, laisse-le sortir.
Simone est une grande ramasseuse et collectionneuse. Personnellement, avez-vous une collection particulière ?
Non. Mais, j’ai une terre à bois où j’ai mis un conteneur de 40 pieds. J’ai des pentures, des bouts de bois de toutes les grandeurs, etc. Je marche beaucoup, à Montréal. Parfois, en passant dans une ruelle, je vois des lattes de bois flambant neuves avec juste trois ou quatre vis dedans. Je les prends, je les mets dans mon auto et je les apporte sur ma terre à bois. Les gens jettent leurs choux gras, c’est hallucinant ! Je m’amuse à utiliser ce que le hasard met sur ma route pour agrémenter l’environnement de ma terre à bois.