Le PQ au pouvoir: il n’y a pas d’urgence référendaire


Normand Lester
Malgré la mise en garde de Lucien Bouchard, Paul St-Pierre Plamondon est toujours déterminé à tenir un référendum sur la souveraineté dans un premier mandat. Une troisième défaite ne serait plus que «tragique» pour le Québec, comme le dit Bouchard. Elle serait fatale.
Disons-le franchement, c’est la dernière chance du peuple québécois de prendre en main sa destinée. La démographie (et maintenant Trump) joue contre nous.
Le dernier référendum, en octobre 1995, a été volé par Jean Chrétien il y a 30 ans cette année. Encore aujourd’hui, les illégalités et les magouilles utilisées pour fausser ses résultats restent entourées de mystère à cause de la complicité du directeur général des élections du Québec Jean-François Blanchet. Mais c’est là une autre histoire.
Avant tout: prendre le pouvoir
Je ne comprends pas exactement pourquoi PSPP fait du «référendum/premier mandat» la question charnière de sa stratégie politique. Il me semble que ça ne devrait pas être quand sera tenu le référendum, mais d’abord et avant tout de s’assurer de prendre le pouvoir. L’appui au PQ est largement supérieur dans les sondages à l’appui à l’indépendance.
Pour la campagne électorale qui s’annonce, PSPP devrait donc nous présenter son approche pour s’entendre avec le Rest of Canada (ROC) pour résister aux Américains. Ça devrait être au cœur du projet référendaire. Les États-Unis de Donald Trump sont une menace «claire et immédiate», autant pour le Québec que pour le ROC.
Trump va encore être au pouvoir pendant trois ans. À moins qu’un événement imprévu – mais bienvenu – l’empêche de devenir le monarque absolu de l’empire américain qu’il rêve d’étendre jusqu’au pôle Nord, annexant le Canada et le Groenland. Le PQ doit donc avoir un projet de défense commune avec le reste du Canada. On est enserré entre l’est du Canada (les Maritimes) et l’ouest du Canada. Sans un accord binational avec le Québec, les deux Canada vont inévitablement passer dans le giron américain et le Québec ne pourra faire autrement que d’être lui aussi emporté dans la spirale. Il faut donc s’engager dans un nouveau pacte, souveraineté à souveraineté, avec le ROC. Il en va de notre survie.
Une Union européenne à deux
Les conditions gagnantes pour le prochain appel au peuple québécois seront donc un programme de coopération d’égal à égal avec le ROC pour assurer nos indépendances respectives face aux États-Unis. On pourrait s’inspirer de l’Union européenne.
Donc, après des élections qui le porteraient au pouvoir, le Parti Québécois devrait s’engager à élaborer un programme de souveraineté-association à la René Lévesque. Il serait soumis aux électeurs quand les conditions seront favorables, pas nécessairement durant un premier mandat. Le PQ doit axer sa stratégie sur ce qui se passe au sud de la frontière tant que la folie trumpéteuse ravagera nos voisins. Je l’ai déjà écrit: nous entrons dans une période de turbulence et de grandes incertitudes.