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L'article provient de TVA Nouvelles

Le poids lourd des médias sociaux sur les jeunes

Photo fournie par Laurence Massey
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Laurence Massey

2024-05-14T04:00:00Z
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À 11 ans, j’ai créé ma première page personnelle. À l’époque, le phénomène des réseaux sociaux était encore à ses débuts, mais tous devinaient déjà qu’ils appartenaient à l’avenir. 

Au début du secondaire, la première chose que je faisais en arrivant à la maison, c’était d’être collée à l’écran de l’ordinateur familial jusqu’à ce qu’on m’en enlève. Cela pouvait durer des heures.

Un vide dans le cœur, j’enquêtais incessamment sur les filles populaires des écoles environnantes, m’en voulant de ne pas avoir leurs attributs. Je me souviens de concours virtuels de beauté, où, à mes yeux naïfs, le nombre de commentaires semblait déterminer notre valeur. Il m’arrivait de songer à des chirurgies plastiques.

Quelle pensée problématique.

Photo fournie par Laurence Massey
Photo fournie par Laurence Massey

Complexes

À l’insu de ma famille et de moi-même, j’avais développé cette pulsion qui me créait de nouveaux complexes quotidiennement. L’influence n’avait jamais de fin, et avec les cellulaires, maintenant le regard d’autrui me suivait partout.

Comme bon nombre d’adolescentes, j’ai haï mon corps. Pendant que j’essayais vainement de déjouer la puberté pour atteindre des standards de beauté qu’on m’a enfoncés dans la gorge à coup de publicités hypersexualisantes, je ne pensais pas aux passions que j’avais mises de côté, à l’adulte que je serais fière de devenir.

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Je rêvais d’un thigh gap. Avant, je rêvais d’être écrivaine.

Tant de temps investi futilement dans une chose intangible et qui peut pourtant détruire une vie bien plus rapidement que la cigarette. Une photographie, une vidéo suffit.

Parfois, j’aimerais savoir comment c’était, être adolescente dans les années 40 et 50. Loin d’internet, Photoshop, des filtres et algorithmes; était-ce plus facile de conserver sa santé mentale, bâtir une estime de soi, le temps que notre personnalité se développe et avec elle, notre jugement critique?

Commission parlementaire

Peut-être avons-nous été collectivement ignorants des conséquences au début, pris de cours par l’ascension de l’industrie. Toutefois, avec les données disponibles de nos jours liant une grande utilisation des réseaux sociaux à une hausse alarmante de troubles de santé mentale et d’apprentissage, la naïveté et l’inaction de nos gouvernements semblent prendre des airs de complaisance.

Avec du recul, j’ai la ferme impression que les réseaux sociaux ont exacerbé mon anxiété et ont nui à mon développement psychologique. Je pense que beaucoup d’enfants et de parents bénéficieraient d’avoir accès à des outils, des normes balisant une saine habitude de consommation des réseaux sociaux.

Je trouve ainsi très intéressante la proposition du PQ de tenir une commission parlementaire sur le temps d’écran chez les jeunes et un potentiel âge minimal pour l’accès aux réseaux sociaux.

Pourquoi serait-ce une responsabilité exclusivement parentale?

Ça ne date pas d’hier qu’on retrouve des limitations et des campagnes de sensibilisation gouvernementales visant à protéger les mineurs de certains comportements jugés nocifs, tels que la consommation de tabac ou l’abus de nourriture transformée.

J’ai bon espoir que nous trouverons la sagesse de survivre aux réseaux sociaux. Que nos élus entament une discussion sur le temps d’écran et un potentiel âge minimal me semble être un pas dans la bonne direction.

Laurence Massey, étudiante universitaire de deuxième cycle en études autochtones

vice-présidente des jeunes du Parti Québécois

ex-candidate du Parti Québécois et du Bloc Québécois

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