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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le pimp no 1 à Montréal? Disons plutôt l’opportunité no 1!

Le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier
Le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin
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Sébastien Richard, porte-parole des victimes des religieux de Sainte-Croix

2022-06-17T11:14:50Z
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Certains appellent ça une tempête parfaite. Le film Noémie dit oui, la tenue annuelle du Grand Prix de Montréal et les sonneurs d’alerte qui soutiennent ces jeunes victimes qui se prostituent. François Dumontier nous dit qu’il en a assez? Moi aussi... mais de l’exploitation des mineurs.

En tant que porte-parole des victimes des religieux de Sainte-Croix, enseignant, père de famille et ancien entraîneur de football, je me permets d’ajouter mon grain de sel à ce débat.

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Dénoncer la prostitution lors du Grand Prix de Montréal, c’est donner une voix à ces victimes, car, ne craignons pas les mots, ces jeunes personnes sont des victimes. Le site Larousse donne pour synonyme du mot «victime» le mot «proie», et en voici la définition, toujours selon le site Larousse: «Personne sur laquelle on peut exercer ou on exerce sa domination, sa violence, sa malhonnêteté».   

Banalisation

Lorsque François Dumontier dit qu’il dénonce la prostitution qui se déroule pendant la tenue du Grand Prix de Montréal et que, du même coup, il donne l’exemple d’un congrès de dentistes où un phénomène semblable se déroulerait, désolé, mais ceci est de la banalisation.

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Je rappelle qu’au Québec un homme sur six sera agressé sexuellement et une femme sur trois, selon le ministère de la Sécurité publique du Québec. Ces données devraient prouver qu’il s’agit là d’un grave problème de santé publique.

Or les récentes accusations contre Gilbert Rozon, Éric Salvail, le Prince Andrew, Bill Cosby ou Harvey Weinstein et contre les nombreuses communautés religieuses issues de l’Église catholique nous font une démonstration intéressante. Beaucoup de riches et de puissants affichent leur sens de la domination notamment par une sexualité égoïste et dépravée sur de jeunes personnes vulnérables.

Or, hélas, beaucoup de personnes qui correspondent au profil que je viens de suggérer vont fréquenter le Grand Prix du Canada et peut-être des congrès de dentistes si nous en croyons François Dumontier.

L’importance de dénoncer

Quoi faire? D’abord dénoncer, mais je veux aussi rappeler un fait important. Les hommes victimes d’agression sexuelle prennent en moyenne 35 ans avant de dénoncer leur agresseur, et le deuxième recours collectif que nous menons contre la congrégation de Sainte-Croix regroupe des victimes dont la moyenne d’âge est de plus de 85 ans, qui ont été agressées sexuellement pendant leur enfance.

Le défi que nous avons à relever, au Québec, si nous voulons mettre un frein à ce fléau, est de dépister rapidement les jeunes dont l’attitude change soudainement, qui n’ont plus de motivation à l’école, qui cherchent à consommer, qui rejettent l’aide que certains voudraient leur apporter, bref, nous devons faire de nos écoles un lieu de sécurité absolu pour permettre à nos jeunes victimes de comprendre qu’elles ne sont pour rien dans ce qu’elles ont subi de si macabre et les aider à retrouver leur dignité pour s’épanouir en adultes heureux. Et ça, c’est l’affaire de tous, tant de François Dumontier que des dentistes.

Photo d'archives
Photo d'archives

Sébastien Richard, porte-parole des victimes des religieux de Sainte-Croix, enseignant

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