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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Le pétrole canadien ne sauvera personne

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Jean-Denis Garon, Député de Mirabel, Simon-Pierre Savard-Tremblay, Député de St-Hyacinthe-Bagot, Mario Simard, Député de Jonquière

2022-03-31T09:00:00Z
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Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par le dictateur du Kremlin, beaucoup d’incertitude règne quant à l’approvisionnement européen en pétrole et en gaz russes. Certains commentateurs ont donc hâtivement conclu que l’envoi massif d’hydrocarbures canadiens pourrait représenter une solution.

Le Bloc Québécois est bien sûr d’avis que l’offre d’hydrocarbures canadiens peut, bien modestement, contribuer à stabiliser les approvisionnements à court terme.

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Dans son plan pour offrir une aide à l’Europe, le ministre Wilkinson parle d’une augmentation de 200 000 barils de pétrole et de 100 000 barils de gaz, ce qui représente moins de 10 % du pétrole et moins de 5 % du gaz en provenance de Russie.

Ceci doit se faire à partir des installations déjà existantes.

Toutefois, bien que séduisante, l’idée que l’on doive autoriser la construction de nouvelles infrastructures, faire de nouveaux forages ou augmenter autrement l’extraction d’hydrocarbures canadiens en vue de soutenir l’Ukraine et ses alliés relève de l’illusion ou du prétexte.

OPEP

S’il est vrai que la Russie est un grand exportateur de pétrole, on sait aussi que les pays de l’OPEP peuvent facilement s’y substituer si elle diminue sa production et ses exportations.

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C’est d’autant plus vrai que la Russie a régulièrement coordonné sa production avec l’OPEP et qu’elle fait partie de ce qu’on appelle l’OPEP+.

L’industrie pétrolière canadienne n’a pas cette flexibilité.

Les sables bitumineux se trouvent enclavés dans les Prairies et l’Alberta n’a pas de réel accès à la mer. Nos quelques oléoducs débouchent sur l’océan Pacifique et les États-Unis, à mille lieues de l’Europe. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’aucun pays européen n’ait demandé au Canada d’augmenter sa production de pétrole à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Si le Canada se dotait d’oléoducs et favorisait des forages supplémentaires, ces infrastructures prendraient des années à se déployer. Le Canada augmenterait d’autant plus sa contribution au réchauffement climatique.

Gaz

Reste la question du gaz naturel, dont il est vrai que l’Allemagne en importe de grandes quantités de Russie. Cette dépendance, qui a débuté à l’époque où l’URSS exportait du gaz en Allemagne de l’Est, est perçue comme un problème par l’Europe.

L’Allemagne la considère d’ailleurs comme une raison supplémentaire d’accélérer sa transition énergétique [...].

En attendant cette transition tant attendue, le Canada n’est pas en mesure d’approvisionner l’Allemagne en gaz naturel. L’intérêt allemand pour le gaz russe tient à son prix compétitif, à sa proximité et à l’existence d’un circuit de distribution direct.

Le gaz canadien, qui doit être liquéfié et transporté par bateau, ne jouit d’aucun de ces atouts. En matière de réseau de transport maritime, même les États-Unis sont mieux placés que l’Ouest canadien pour remplacer le gaz russe d’ici 2030.

Transition

Si le Canada est réellement à la recherche d’une contribution éthique et pacifique à l’humanité, il la trouvera en accélérant la transition énergétique. Et contrairement à ce que nous dit l’industrie pétrolière, cette transition passera par une sortie graduelle d’une économie dépendante des hydrocarbures.

En 2007, le GIEC et Al Gore se sont vu attribuer le prix Nobel de la paix. À cette occasion, le comité Nobel a souligné que la lutte aux changements climatiques était nécessaire pour assurer la sécurité du genre humain [...].

Quinze années se sont écoulées, et depuis, la production canadienne de pétrole a pratiquement doublé. Si le Canada veut passer à l’histoire comme un promoteur de paix et de stabilité, c’est en sortant des hydrocarbures qu’il le fera. 

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Jean-Denis Garon
Député de Mirabel

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Simon-Pierre Savard-Tremblay
Député de Saint-Hyacinthe-Bagot

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Mario Simard
Député de Jonquière

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