Le patron d'Air Canada sur le gril à Ottawa

Olivier Bourque
Pour la première fois depuis son allocution controversée devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le patron d’Air Canada prendra la parole lors de son témoignage, lundi, devant le Comité permanent des langues officielles, à Ottawa.
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Michael Rousseau devra répondre aux questions des députés fédéraux qui tenteront d’en savoir davantage sur la place du français au sein du transporteur.
Au fil des années, Air Canada a fait l’objet de nombreuses plaintes au sujet de la place prépondérante de l’anglais, même si l’entreprise est assujettie à la Loi sur les langues officielles.
Un tollé à l’automne dernier
En novembre dernier, M. Rousseau avait créé un immense tollé après une allocution livrée seulement en anglais. En marge de sa conférence, il avait fait peu de cas de l’importance du français chez Air Canada.
«Si la question concerne mon français, je vous répondrai que j’aimerais pouvoir le parler, mais que ma priorité en ce moment est de remettre Air Canada sur pied. Si vous regardez mon horaire, vous allez comprendre», avait-il répondu lorsque questionné par Le Journal.
Il avait indiqué aussi qu’il avait pu vivre 14 ans dans la métropole sans devoir parler en français, «ce qui est tout à l’honneur de Montréal».
Les propos avaient provoqué une tempête linguistique; ils avaient été dénoncés tous azimuts par la classe politique, notamment par François Legault et Justin Trudeau.
Quelques jours après la controverse, le patron s’était finalement excusé, faisant la promesse d’apprendre le français.
Le Commissaire aux langues officielles avait d’ailleurs enregistré plus de 2000 plaintes à la suite de l’allocution de M. Rousseau.
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Une prise de conscience
L’événement avait provoqué une prise de conscience au sein des grandes entreprises du Québec. Un autre dirigeant, Ian Edwards, qui mène la destinée de SNC-Lavalin, avait reporté un discours en raison de sa méconnaissance du français. Lui aussi avait promis qu’il allait apprendre la langue de Molière.
D’autres dirigeants anglophones, notamment la patronne de la Banque Laurentienne, Rania Llewellyn, avaient commencé des cours en français.
L’audience de M. Rousseau se déroulera virtuellement, cet après-midi, dans les deux langues officielles. Reste à savoir si M. Rousseau sera en mesure de s’exprimer en français.
À l’automne dernier, le président du conseil d’administration d’Air Canada, Vagn Soerensen, avait promis que la maîtrise du français par M. Rousseau était une priorité.
«Il ne s’agit pas uniquement d’un engagement personnel de sa part, mais d’un élément qui fera partie intégrante de son évaluation de rendement», avait-il écrit.
Une loi qui manque de dents
Le député bloquiste Mario Beaulieu, vice-président du comité, a affirmé avoir hâte de constater de visu les progrès en français de M. Rousseau.
Mais, pour lui, le problème majeur demeure la loi fédérale, qui manque de dents envers les entreprises, comme Air Canada.
«Au Bloc Québécois, on considère que si Air Canada accumule les plaintes pour son manque du respect du français, c’est à cause de la Loi sur les langues officielles qui est un fiasco. On propose que les entreprises à compétence fédérale soient assujetties à la loi 101», a-t-il affirmé en entrevue avec Le Journal.