Le pasteur Guillot coupable de 18 des 22 chefs d’accusation
Nicolas Saillant | Journal de Québec
Après six ans de procédures et 60 jours d’audience, le pasteur Claude Guillot a été reconnu coupable de sévices physiques et psychologiques sur cinq des six pensionnaires de son école. Un soulagement pour les victimes marquées à vie par ce qu’elles ont vécu.
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En 2001, à l’âge de huit ans, Joshua Seanosky a été hébergé chez le pasteur Claude Guillot à la demande de ses parents qui avaient même signé un contrat avec l’homme de l’église Évangéliste Baptiste l’autorisant à utiliser la correction. Ce n’est qu’à l’âge de 21 ans que la victime a réussi à se sortir de l’emprise du pasteur, et ce, en faisant «le deuil» de ses parents.
«Je suis soulagé, content de ce verdict-là. D’enfin être reconnu dans tout ce qu’on a vécu ça fait du bien, mais ça n’enlève pas tout ce qu’on a vécu, les séquelles permanentes», a-t-il dit à sa sortie de la cour. Claude Guillot a été reconnu coupable de 18 des 22 chefs d’accusation qui pesaient contre lui pour des voies de fait, harcèlement et séquestration entre 1982 et 2014 sur cinq victimes à Victoriaville et Québec.
Le juge Christian Boulet n’a pas retenu la défense de droit de correction. «Tout au long de son témoignage, l’accusé tente de camoufler la vérité en minimisant le nombre de tapes, la force utilisée pour les administrer, la durée des autres conséquences infligées», a-t-il tranché en parlant d’un pasteur «colérique».
À coup de palette de bois
«La preuve démontre que pendant toutes ces années, les plaignants craignaient l’accusé et son comportement contrôlant, dominateur, violent et dépersonnalisant pour les obliger à penser comme lui», écrit le juge dans sa décision. Le pasteur de 71 ans a été acquitté des accusations contre un sixième garçon pour des raisons de droit bien que le juge a cru son témoignage.
Parmi les corrections infligées par Guillot, le juge retient les nombreux coups de «palette de bois» infligés aux victimes pour les corriger de «la rébellion ou des désobéissances». «L’accusé se présente comme un sauveur qui allait le remettre lui et ses frères sur le droit chemin, leur donner une belle vie et empêcher sa mère de les détruire», peut-on lire dans le jugement.
Une autre conséquence infligée par l’accusé visait à les faire tenir en position debout plusieurs jours consécutifs de 8h le matin à 22h. L’une des victimes a compté 41 journées de ce type, à un tel point que ses mains devenaient deux fois plus grosses en raison du sang accumulé.
Le rationnement en eau, la séquestration dans le sous-sol de la résidence et l’obligation de faire jusqu’à 2000 squats (flexions sur jambes) font aussi partie des sévices physiques retenus. «Ses croyances religieuses et les craintes que les plaignants s’éloignent de ses enseignements ne constituent pas des excuses qui l’autorisaient à les séquestrer», ajoute le juge.
Encore plusieurs étapes
Les procédures débutées en 2015 ne sont toutefois pas terminées. Après le verdict, la procureure Me Sonia Lapointe a demandé que Guillot soit incarcéré sur-le-champ, ce que le juge a refusé après un court débat.
Les victimes souhaitent tout de même une peine exemplaire et ont l’intention de «continuer à se battre pour obtenir justice». D’ailleurs, un recours collectif civil aussi été autorisé contre le pasteur et son église.