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Culture

Le passe-temps étonnant de Bruno Marcil

«STAT», lundi au jeudi 19 h, à Radio-Canada.

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Patrick Delisle-Crevier

2025-11-14T11:00:00Z
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Si le comédien a mis du temps à percer, il décroche aujourd’hui des rôles à la hauteur de son talent. Sur le plan personnel, il aspire désormais à des plaisirs simples et à des relations enrichissantes. Rencontre avec un homme épanoui.

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Bruno, comment vas-tu?

Je vais très bien. Il se passe beaucoup de choses dans ma vie en ce moment: j’ai de beaux rôles dans STAT et Doute raisonnable, et on me verra bientôt dans MR BIG, car je serai de la deuxième saison. J’ai tellement de fun sur ce plateau! Comme on n’est pas tant dans le réalisme, on peut se permettre des affaires sur le plan du jeu. Je joue un méchant et j’adore ça! J’y côtoie des chums comme Pierre-Yves Cardinal et Guillaume Cyr, je retrouve aussi le réalisateur Alexis Durand-Brault.

Tu as connu une période plus calme, mais ça semble derrière toi...

Oui, effectivement. J’ai eu peur d’avoir un petit down après la fin de la série Les invisibles, mais finalement, ça n’a pas beaucoup arrêté pour moi. En même temps, c’est un drôle de métier. Comme les gens me voient dans trois séries en même temps, ils croient que je suis super occupé et que je ne suis pas disponible, alors que j’ai beaucoup de temps. Pour une série comme MR BIG, par exemple, je ne tourne que 10 jours dans mon année. Dans STAT, Daniel, mon personnage, vient d’avoir un bébé; il est donc beaucoup moins présent dans les intrigues.

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Justement, que représente ce personnage de Daniel pour toi?

C’est particulier, un personnage comme ça... J’ai beaucoup d’attachement pour Daniel, il est complexe et multiple. On a parfois le goût de lui kicker le tibia, et d’autres fois, de le prendre dans nos bras. Même chose pour mon personnage de Tanguay dans Doute raisonnable, qu’on a aussi envie de détester à l’occasion. Mais Tanguay a un côté beaucoup plus «mononcle» que Daniel! J’aime mes personnages et je suis chanceux de pouvoir les jouer.

La série STAT est passée à un format hebdomadaire. Ton horaire a-t-il beaucoup changé?

Oui, et je le sens d’autant plus depuis que mon personnage est devenu papa. Il est moins dans le roulement quotidien de l’hôpital. Je tourne donc moins; avant, je faisais du 3-4 jours par semaine, alors que maintenant, il y a des semaines où je ne tourne même pas.

Y a-t-il un deuil à faire quand le rythme change à ce point?

Oui, après quatre ans, il y a un certain deuil. En même temps, mon personnage est encore là, je dois juste m’adapter à une nouvelle façon d’aborder tout ça. Je m’ennuie de triper avec la gang, mais aussi de mes journées de tournage avec Julie Perreault. Elle est extraordinaire, elle a un tel talent, une telle intelligence et une telle rigueur que c’est le fun de la voir déployer tout ça ailleurs que dans son métier d’actrice. C’est une artiste que j’admire beaucoup, autant comme actrice que comme réalisatrice. J’ai la chance de jouer avec elle dans Doute raisonnable et d’être dirigé par elle dans STAT. Je suis choyé! J’ai aussi pu rencontrer un jeune réalisateur de talent sur Doute raisonnable: Thomas Soto.

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As-tu la carrière que tu pensais avoir?

J’ai ce que j’espérais, c’est-à-dire la variété. J’apprécie de ne pas tout le temps jouer la même affaire; c’est un grand luxe d’avoir ça. J’aime jouer un gros méchant un jour et un sympathique le lendemain, me promener continuellement dans des univers différents.

Professionnellement, tu t’es épanoui sur le tard...

Oui, ç’a été très long avant que ça débloque pour moi. Quand je suis sorti de l’école de théâtre, les rôles ne sont pas arrivés tout de suite, loin de là. Je passais beaucoup d’auditions pour des publicités et ça ne fonctionnait pas tant... Je suis aussi sorti de l’école à 27 ans; dans mon casting, je n’étais pas encore un homme, mais j’avais déjà une grosse voix. J’étais donc dans une drôle de position et j’ai connu trois années vraiment difficiles.

Qu’as-tu fait pour gagner ta vie?

J’ai notamment fait des lectures publiques et j’ai joué dans quelques pièces de théâtre qui ont été importantes pour moi. Mais je me demandais si j’allais avoir ma place ou pas dans ce milieu. À l’époque, je faisais aussi beaucoup de musique et j’ai même lancé deux albums. J’avais une carrière musicale, et c’était aussi difficile. Mais j’ai connu de beaux moments en musique: j’ai pu faire la première partie de Robert Charlebois et j’ai aussi gagné le concours Ma première Place des Arts.

Pourquoi avoir arrêté la musique?

La plus grande partie de mon plaisir survenait au moment d’écrire de la musique, tout seul dans mon studio. Mais par la suite, mon fun diminuait d’étape en étape. Il faut gagner chaque fan un par un; je me souviens de m’être rendu à Baie-Saint-Paul pour un spectacle avec Luc De Larochellière et Jérôme Minière. Il y avait à peine 15 personnes dans la salle et j’ai trouvé ça difficile. Le chanteur en moi est donc en grande pause, et je ne pense pas qu’il va revenir. Je fais encore de la musique pour le plaisir dans des soirées-bénéfice ou des trucs comme ça, mais ça ne m’intéresse plus tant que ça.

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Est-ce que ta vie personnelle est une réussite pour toi?

Je suis rendu à 53 ans et je te dirais que ma vie a pris bien des tournants. Mais en ce moment, je suis dans une belle période et j’arrive de plus en plus à trouver des places où je suis bien. Présentement, c’est surtout dans le bois, à faire de la poterie. J’y trouve un grand bonheur. J’ai même ma propre argile et je fais des tasses par plaisir. J’ai eu deux enfants, deux filles, qui ont 16 et 18 ans. Je suis très fier d’elles. Ce sont deux filles extraordinaires, qui me comblent.

As-tu été un bon père?

J’ai fait du mieux que j’ai pu, et je pense que j’ai été pas pire.

Est-ce que l’une des deux souhaite faire carrière dans le métier?

Heureusement, non, du moins pas pour l’instant. (rires) Je leur souhaite de faire ce qu’elles aiment dans la vie, mais pas particulièrement de faire ce métier. Si la passion se développe pour le jeu ou un métier connexe, je vais les encourager. Mais c’est un métier qui est difficile quand ça marche et qui est encore plus difficile quand ça ne marche pas. C’est très insécurisant. C’est un métier que j’aime et que je déteste en même temps.

Tu es porte-parole de l’organisme PAS de la rue, qui aide les personnes de 55 ans et plus en situation de précarité. Qu’est-ce qui t’a mené à endosser cette cause?

René Richard Cyr en était le porte-parole et il m’a demandé de prendre sa relève. J’ai aussi à cœur de m’impliquer et de faire une différence dans la vie des autres. J’ai aussi eu des enjeux personnels dans ma famille immédiate. J’ai donc pu connaître la difficulté des gens ayant des troubles de santé mentale et la violence quotidienne qu’ils peuvent vivre. J’ai eu envie de m’impliquer et d’aller à leur rencontre. En ce moment, la crise est majeure. Il suffit parfois d’un simple accroc pour que tout s’écroule. Chaque année, nous organisons l’événement La nuit la plus froide de l’année, une collecte de fonds qui se tient en février.

En terminant, que peut-on te souhaiter pour le reste de ta cinquantaine?

Que je continue à autant m’amuser dans mon travail et à développer une vie privée riche, avec des relations plus vraies et plus généreuses. Je me le souhaite...

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