Le Parti Québécois garderait le nouveau mode de rémunération des médecins, mais changerait les cibles

Patrick Bellerose
Contrairement aux libéraux, un gouvernement péquiste conserverait les grands pans du nouveau mode de rémunération mis en place par une loi spéciale samedi dernier.
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«On va garder ce mode-là pour l’instant», a déclaré le chef du Parti Québécois», Paul St-Pierre Plamondon, lors d’un point de presse lundi matin à l’Assemblée nationale.
Si son parti l’emporte l’an prochain, Québec continuera donc à verser 10% de la rémunération selon le rendement des médecins (un 5% supplémentaire est versé, peu importe la performance, pour un total de 15%).
Le PQ introduirait toutefois une distinction importante: l’objectif de performance serait qualitatif, plutôt que quantitatif.
Ainsi, les médecins seraient évalués en fonction, par exemple d’une évaluation de la satisfaction des patients.
Son équipe donne quelques exemples de facteurs qualitatifs : est-ce que les patients estiment avoir reçu un bon suivi? Ont-ils eu suffisamment de temps en cabinet? Etc.
D’accord sur le principe
Alors que sa formation a largement critiqué la CAQ sur la forme, ces dernières semaines, Paul St-Pierre Plamondon adoptait un discours plus nuancé lundi.
«Un gouvernement a le droit de changer le mode de rémunération et de le calquer sur les meilleures pratiques. Le problème ici, c'est qu'on ne le calque pas sur les meilleures pratiques, on a pris une approche très quantitative qui a échoué en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne», déplore-t-il.
Un gouvernement péquiste s’inspirerait quant à lui de la Colombie-Britannique, dit-il. Selon lui, la CAQ a «bâclé» le travail. «Ça va mener à des erreurs que nous corrigerons», assure-t-il.
Le PQ s’engage également à mettre fin à l’incorporation des médecins.
Le PLQ veut négocier
La fin de semaine dernière, le chef du Parti libéral du Québec tendait la main aux médecins en colère.
«Ne quittez pas, ne quittez pas!», a imploré Pablo Rodriguez lors du conseil général de sa formation politique à Trois-Rivières.
Il promet de «scrapper» la loi adoptée sous bâillon par le gouvernement Legault.
Un gouvernement Rodriguez sortirait le chéquier afin d’offrir une meilleure couverture. «On va rouvrir les CLSC en les équipant et en [offrant] des incitatifs aux médecins pour travailler dans ces endroits-là», a-t-il expliqué.
Tournée médiatique
De son côté, le ministre de la Santé était de passage à QUB Radio pour tenter d’expliquer sa réforme, lundi matin.
Christian Dubé a appelé à un changement de ton, en reconnaissant que son gouvernement avait mal lancé le débat au printemps dernier. «Il y a de gros mots qui ont été dits des deux côtés au début, par nous, par le gouvernement [...] et par les fédérations», a-t-il souligné.
Plus tard, sur les ondes de LCN, le ministre a invité le public à juger la réforme en fonction de ses résultats dès l’an prochain, notamment à travers la prise en charge des 200 000 patients vulnérables toujours sans médecins de famille.
Si ces personnes peuvent être suivies par un GMF plutôt que de se retrouver à l’urgence, «je pense qu’on aurait déjà un gros changement», dit Christian Dubé.