Ensemble Montréal prévoit 278 millions $ de dépenses d’ici 2025
Félix Lacerte-Gauthier
À moins de 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote, Ensemble Montréal et Denis Coderre présentent finalement leur cadre financier, qui prévoit que le budget de fonctionnement de la Ville nécessitera une somme supplémentaire de 278 millions $ d’ici 2025.
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En contrepartie, Ensemble Montréal prévoit engendrer 327 millions $ en nouveaux revenus et en économies d’ici quatre ans.
Le parti en a fait l’annonce par communiqué, vendredi, peu avant midi. Il y explique que leur cadre financier comporte «moins de dépenses et moins d’emprunts que celui de Projet Montréal», et il s’engage également à prélever moins de taxes au cours des quatre prochaines années.
«J’ai un véritable problème à voir Projet Montréal continuer d’emprunter sans compter pour faire payer ses priorités idéologiques par les générations futures», a déclaré Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal. Au moment de mettre sous presse, il n’était toutefois pas prévu que l’aspirant maire s’adresse aux médias.
Parmi les sources de revenus mentionnés par le parti, la taxe sur les grands stationnements commerciaux, annoncée au début du mois d’octobre, permettrait à elle seule d’engendrer 82 millions $ revenus dans un prochain mandat. Ensemble Montréal prévoit également de dégager 135 millions $ grâce à son «Plan de redressement des finances de la Ville».
La promesse la plus coûteuse sera l’embauche de 250 policiers supplémentaires, dont le coût est évalué à une somme de 110 millions $. Suit ensuite la création d’un fonds pour aider les Sociétés de développement commercial et la mise sur pied d’un Observatoire du commerce montréalais, qui nécessiteraient des investissements de 50 millions $ sur quatre ans, selon les calculs du parti.
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Irrespectueux, selon Plante
En point de presse vendredi matin, Valérie Plante estimait que la présentation du cadre financier, faite aussi tardivement dans la campagne, était «irrespectueuse».
«C’est irrespectueux du processus démocratique, où tous les partis s’engagent à faire des promesses électorales, et doivent suivre le cadre électoral. C’est tellement important», a-t-elle souligné.
Elle rappelle que M. Coderre l’a souvent attaquée sur le plan de l’économie tout au long de la campagne. «Quand on se présente comme l’expert des chiffres, je pense que le minimum, c’est de se présenter devant la population», a ajouté Mme Plante, en se demandant «ce qu’il a à cacher».
Guerre de chiffres
Ensemble Montréal évalue ses propres dépenses à 278 millions $, contre des nouveaux revenus de 327 millions $. Le parti estime également que l’administration Plante devrait dépenser 465 millions $ pour remplir ses promesses, alors que ses économies seraient de 243 millions $.
Du côté de Projet Montréal, les chiffres sont plutôt inversés. On calcule que le coût des promesses serait de 235 millions $, en plus d’investissements de 688 millions $, pour des nouveaux revenus de 255 millions $.
Le parti de Mme Plante estime pour sa part que son adversaire devra débourser 600 millions $ pour remplir ses engagements, et que ses économies seront de 173 millions $.
Un document défensif
«Depuis une semaine, la campagne verse de plus en plus dans des attaques importantes, et on sent que le cadre financier n’est pas qu’un cadre financier, mais bien un exercice comparatif, a résumé Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.
Se désolant que le document arrive aussi tardivement dans la campagne, il estime néanmoins que les chiffres présentés sont crédibles. «C’est un cadre financier qui est somme toute pas très ambitieux, donc les chiffres sont très crédibles. On joue sur de petits pourcentages», a analysé le professeur.
Celui-ci estime que la campagne est plutôt terne, et sans grand projet. Une constatation qu’il avait également effectuée lors de l’analyse du cadre financier de Projet Montréal. «Il n’y a pas beaucoup de mesures qui sont très coûteuses, et il n’y a donc pas besoin de faire une gymnastique importante pour que ça ait de la crédibilité», a-t-il ajouté.
Il rappelle d’ailleurs que les deux partis ont fait de nombreuses promesses qui sont très semblables, et qu’il y a une certaine redondance sur quelques enjeux.
«Ce qui est un peu amusant dans l’exercice qu’ils ont fait, c’est que les deux ont utilisé la tactique d’exagérer le cadre financier de leur adversaire pour montrer que le leur est plus crédible», a-t-il fait remarquer.