Le parcours hollywoodien d’Isabelle Giroux
«Le dîner de cons» est présenté à travers le Québec depuis le 22 mai.
Alicia Bélanger-Bolduc
Avec sa formation en musique, Isabelle Giroux ne brille pas seulement par sa voix, mais aussi par son talent d’actrice. Cette année, on a pu la voir dans des séries comme MR BIG, Indéfendable et STAT. Et cet été, elle est de la pièce Le dîner de cons. Elle incarne Marlène Chasseur en alternance avec Gabrielle Fontaine. Une preuve de plus que, grâce à sa polyvalence, elle peut aussi bien nous toucher que nous faire rire.
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Isabelle, parle-moi de ton retour dans Le dîner de cons cet été...
Je suis vraiment heureuse. J’adorais déjà cette œuvre qui est tellement drôle. Pour moi, c’est un film mythique avec lequel j’ai grandi. Je l’ai écouté je ne sais plus combien de fois avec ma famille. Dans la version originale, les personnages féminins étaient très petits et passaient inaperçus. Dans la pièce, ils prennent beaucoup plus de place, et je suis très fière d’en faire partie. Un aspect qui est intéressant, c’est qu’on fait un cabaret des cons: on commence la soirée en chantant des chansons thématiques. Ça réchauffe la salle et ça apporte encore plus de plaisir.
C’est en effet une œuvre très marquante. Est-ce que cet aspect est énergisant ou, à l’inverse, un peu vertigineux?
Ce n’est pas le genre de projet qui me fait peur. Au contraire, ça me motive de savoir que les gens vont assurément avoir du plaisir avec nous. J’ai vu la pièce sur scène, mais je l'ai aussi observée dans la salle les fois où Gabrielle Fontaine incarnait mon personnage, qu'on joue en alternance. On entend le public dire les répliques avant que ça sorte de la bouche des acteurs! C’est précieux.
Au cours de l’année que tu viens de vivre, tu as eu de très beaux projets. Tout ça a dû motiver la comédienne que tu es! Parle-m’en...
J’ai eu la chance d’être bien occupée grâce à des projets excitants, comme MR BIG, STAT, Indéfendable. J'ai aussi joué dans des films. J’ai remarqué que les plus beaux rôles arrivent souvent quand on s’y attend le moins. Je savais que j’allais faire Le dîner de cons. Et j’avais passé une audition pour MR BIG, mais ça n’avait pas marché au départ. Finalement, ils m’ont rappelée à la fin de l’été pour un autre rôle. Tout s’est bien enchaîné, même si les projets et les personnages étaient complètement différents. J’aime chercher le bon angle pour chaque rôle. Je n’ai jamais envie de me retrouver dans un moule. C’est motivant de pouvoir toucher à plein de styles et à des personnages distincts.
Tu es aussi enseignante et coach d’acteurs. Qu’est-ce que tu aimes dans le fait d’aider les autres?
J’aime beaucoup décortiquer le langage des comédiens. J’ai déjà réalisé des courts métrages; c’est là que j’ai compris que ce n’est pas tout le monde qui réagit aux mêmes actions. Il y a des gens qui ont besoin de références ou d’images pour mieux performer. J’enseigne à l’École nationale de théâtre en soirée et je coache principalement pour des auditions de fictions. Je n’ai pas de méthode; je m’adapte à mes étudiants. J’ai toujours aimé avoir des professeurs différents; chacun m’a apporté d’autres outils. Je conseille à mes élèves de faire la même chose.
La musique fait aussi partie de ta carrière. D’où vient cette passion?
Ce n’est pas arrivé naturellement puisque je n’ai pas une famille de musiciens du tout. J’ai commencé au secondaire avec le saxophone et le chant. Je suis allée au cégep dans ce domaine. Ç’a toujours été pour moi un moyen de communication puissant. J’ai essayé de faire quelques concours de chant, mais ça n’a jamais fonctionné. Au début, j’étais triste, mais je dois convenir que je ne suis pas une des grandes voix du Québec. J’aime simplement chanter pour le plaisir et raconter des histoires.
Tu as fait une formation à Los Angeles au début de ton parcours. Comment a été ton expérience hollywoodienne?
J’avais essayé d’entrer dans les écoles de théâtre au Québec. J’avais trouvé le processus difficile et j'avais essuyé des refus. Comme j’avais entendu parler de l’American Musical and Dramatic Academy, je me suis dit que ça ne me coûterait rien de tenter l’expérience. Je ne croyais pas que c’était pour moi, mais l’idée m’était restée en tête. Alors, je suis allée aux portes ouvertes avec mon père - même si j’avais vraiment peur - et j’ai passé mon audition à seulement 23 ans. Et j’ai été acceptée! Mes parents m’ont réellement encouragée: ils savaient qu’il n’y avait pas grand-chose qui me retenait ici et que je pouvais toujours revenir si ça ne fonctionnait pas.
Tu es chanceuse d’avoir eu des parents si conciliants!
J’avais déjà quitté le nid familial une fois pour aller étudier en musique à Drummondville, et ç’avait été un gros stress pour tout le monde. C’était une période où mes parents ne comprenaient pas vraiment le milieu et mon choix. Quand ils ont vu que j’étais sérieuse et fonceuse, ils ont compris que j’allais réussir à me débrouiller à Los Angeles. Je leur avais déjà donné un avant-goût de la personne ambitieuse que j’étais; ils savaient que j’étais un peu le mouton noir de la famille. (rires)
Es-tu toujours proche d’eux?
Oui, et je suis aussi très près de mes grands-parents. Mon grand-père vient de célébrer ses 102 ans! L’année dernière, il s’est cassé une hanche, mais il est revenu en force. Il a toute sa tête et habite en colocation avec ma tante. Il est même capable de parler de tous les voyages qu’il a faits autour du monde. Il a encore tellement d’anecdotes à nous faire découvrir! De l’autre côté, ma grand-mère, qui a 94 ans, réside avec ma marraine, qui est son aidante naturelle. Elle fait de la démence, mais chaque fois que je la vois, elle se souvient toujours de moi. Ça me touche beaucoup.
J’ai vu dans ton CV que tu avais une base en créole. Où as-tu appris cette langue?
Je n’en ai qu’une toute petite connaissance! Je suis allée en Haïti juste après avoir terminé le cégep, en 2005, avec une amie qui avait des racines dans ce pays. On est parties à la découverte de ses origines pendant deux mois. C’était un voyage très difficile, mais aussi tellement beau. Durant ce voyage, il y a eu des moments où j’aurais voulu être quelqu’un d’autre, puisque c’était vraiment une réalité différente de la nôtre. Cette amie habite maintenant dans le Bas-du-Fleuve. On ne se voit plus aussi souvent, mais on est encore très proches.
À quoi ressemblera ton été?
À part le théâtre, je suis en attente pour un film qui en est à l’étape de la préproduction et qui cherche du financement. Sinon, pour le moment, c’est plutôt tranquille pour le reste de l’année. Mais comme je l’ai mentionné, je ne suis pas vraiment inquiète puisque d’habitude tout déboule à la fin de l’été. J’ai cependant un voyage de prévu avec mon copain cet été. On ira à Marseille, dans le sud de la France. Il devrait faire beau et chaud. On est bien excités!