Le paillis, parfait pour réduire les arrosages au jardin


Albert Mondor
Dans une forêt, si toutes les feuilles fraîchement tombées au sol étaient enlevées, cela entraînerait des conséquences désastreuses pour les plantes qui y vivent. En plus d’augmenter le taux d’humidité du sol, les feuilles se décomposent lentement pour former de l’humus, une substance essentielle à la croissance et au développement des végétaux de la forêt. Au jardin, l’utilisation d’un paillis organique, comme des écorces par exemple, permet en quelque sorte de reproduire ce phénomène observé en nature tout en offrant certains autres avantages.
À l’instar des feuilles mortes, les paillis organiques agissent de façon très positive sur le sol et les plantes. D’abord, ils limitent la pousse des herbes indésirables. Ils aident également à maintenir une humidité constante dans le sol et, par conséquent, à réduire les arrosages. Tout comme les feuilles mortes, les paillis d’origine organique se décomposent pour former de l’humus qui contient des éléments nutritifs essentiels aux plantes. Les paillis servent aussi de couverture thermale puisqu’ils diminuent les écarts de la température du sol entre le jour et la nuit et entre les saisons, permettant ainsi de protéger les racines des plantes contre les effets du gel et du dégel et d’améliorer la prolifération des micro-organismes utiles (bactéries, champignons, algues, etc.). Finalement, les paillis organiques empêchent l’érosion du sol par le vent et la pluie.
Une foule de matériaux inertes peuvent servir de paillis. Les plus utilisés sont habituellement les copeaux de bois et les écorces d’arbres, mais vous pouvez également utiliser des matières trouvées directement sur votre terrain comme des feuilles mortes déchiquetées, des rognures de gazon, des aiguilles de conifères et même de la paille. Seuls les paillis organiques – ceux qui sont composés de matière végétale – possèdent les qualités décrites plus tôt. Les paillis de bois minéralisé et les cailloux décoratifs n’ont pas les mêmes caractéristiques que les paillis organiques et leur utilisation au jardin doit être limitée. Voici la description de quelques paillis organiques commerciaux disponibles sur le marché horticole québécois.
Paillis de thuya
Le paillis de thuya – communément appelé paillis de cèdre – est constitué de morceaux d’écorce filamenteux et grossiers, ce qui confère à ce produit un aspect assez peu esthétique. Lors de son application, ce paillis est de couleur brun roux, mais il prend avec le temps une teinte plus grisâtre. Il existe cependant des paillis de thuya de couleur noire ou brun rouille teints avec de l’oxyde de fer (sans danger pour l’environnement). La dégradation complète de ce paillis peut prendre jusqu’à trois ans puisqu’il diminue temporairement la prolifération des micro-organismes du sol qui se chargent de la décomposition de la matière organique. C’est un peu le même phénomène qu’on observe dans un garde-robe fait de cèdre dans lequel les parasites ne peuvent pas se développer. Pour contrer cet effet, vous n’avez qu’à étendre une fine couche de compost d’environ 3 cm d’épaisseur sous le paillis.
Paillis de pruche
Le paillis de pruche est constitué de morceaux d’écorce d’un aspect légèrement plus esthétique que le paillis de thuya. Ce paillis est brun orangé à l’application et se décolore moins rapidement avec le temps. Sa décomposition est toutefois un peu plus rapide que dans le cas du paillis de thuya et son prix est un peu plus élevé. Par contre, le paillis de pruche est moins disponible sur le marché horticole que le paillis de thuya.

Bois raméal fragmenté
Ce paillis est composé de copeaux de jeunes branches d’arbres. Il est jaune brunâtre à l’application, mais il prend une teinte plus grise avec le temps. Puisque les copeaux sont généralement grossièrement déchiquetés, le bois raméal fragmenté est le paillis le moins esthétique. En revanche, en se décomposant il forme un humus de très haute qualité. Bien que ce paillis soit un choix très économique, il est toutefois recommandé de limiter son usage aux plates-bandes composées d’arbres, d’arbustes et de vivaces très vigoureuses.

Écales de cacao
Les écales de cacao – aussi appelées coques – sont beaucoup plus esthétiques que les paillis composés d’écorces. Par contre, elles ont une décomposition plus rapide, ce qui vous obligera à en rajouter un peu tous les ans dans vos plantations. À l’application, ce paillis est brun orangé très foncé et il prend une teinte presque noire avec le temps. Évitez également de l’utiliser dans les endroits venteux parce qu’il est très léger.

Paillis de noix de coco
De tous les paillis, l’un des plus esthétiques et des plus durables est sans contredit le paillis de noix de coco. Ce produit est en fait constitué des fibres qui enveloppent les noix de coco. Sa coloration brun miel est très durable – il grisonne moins rapidement que le paillis de thuya par exemple – et il peut prendre jusqu’à cinq ans à se décomposer complètement.
Épaisseur suffisante
Pour la plupart des plantations, une épaisseur de paillis de 5 à 7,5 cm maximum est suffisante. Il est préférable de repousser le paillis de quelques centimètres autour de la base des plantes – même dans le cas des arbres – de façon à ne pas nuire à leur croissance. Dans une plate-bande de vivaces, il n’est généralement pas nécessaire de remplacer le paillis une fois qu’il est complètement décomposé, après trois ou quatre ans, puisque la plupart des plantes toucheront alors leurs voisines ce qui diminue l’ensoleillement au sol et limite grandement la pousse d’herbes indésirables.
Privation d’azote
Lorsque les paillis organiques sont dégradés par les micro-organismes du sol, cela crée durant les premières semaines de la décomposition, une carence en azote. Pour bien décomposer la matière ligneuse dont sont constitués les paillis, les micro-organismes doivent consommer l’azote du sol au détriment des plantes. Par contre, ce phénomène s’estompe au bout de quelques semaines et le paillis, alors transformé en humus, fournit de l’azote. Pour éviter un ralentissement de la croissance des plantes, il est donc préférable d’appliquer du compost à leur base avant de mettre le paillis, de façon à fournir une quantité d’azote qui subviendra à leurs besoins durant la période de carence provoquée par la décomposition du paillis.
Géotextile à proscrire
Il est préférable de placer les paillis organiques directement sur la surface du sol. Par contre, les paillis minéraux tels que les pierres décoratives doivent toujours être disposés sur une membrane géotextile de façon à éviter la pousse des herbes indésirables. Les membranes géotextiles sont des toiles perméables à l’air et à l’eau spécialement conçues pour recouvrir le sol des plantations ; on les appelle communément couvre-parterres. Malgré tout, l’eau, l’air et les éléments nutritifs se rendent moins facilement au sol lorsqu’ils ont à traverser une membrane géotextile en plus d’une couche de paillis ou de pierres. Vous aurez également plus de difficulté à travailler la terre d’une plate-bande ou à ajouter du compost et des fertilisants au pied des plantes quand une membrane géotextile recouvre le sol. De plus, le géotextile empêche certains animaux comme les vers de terre de se nourrir de feuilles mortes et d’autres matières organiques.