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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le pacte faustien de François Legault

Photo Marc-André Gagnon
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-08-16T04:00:00Z
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François Legault se lance dans de grandes manœuvres pour essayer de redresser le navire en perdition de la CAQ.  

Il est très tard. On verra bien.

Forcément, les circonstances incitent à réfléchir au parcours politique du premier ministre.

Ambition

Je redis que M. Legault est un homme bon, estimable, qu’il est impossible de ne pas trouver sympathique quand on le côtoie.

Il a troqué son idéal de toujours, la souveraineté, pour réaliser la brûlante ambition de sa vie: devenir premier ministre.

C’est ce qu’il voulait par-dessus tout. Il a réussi. Bravo.

Il n’est pas le premier homme politique à avoir fait un pacte faustien.

Je le dis sans acrimonie. C’est un fait, c’est tout.

Pour parvenir à son but, il a alimenté cette vieille illusion qui habite tant de Québécois: on peut changer le Canada de l’intérieur.

Y croyait-il lui-même? Je dirais que non: M. Legault est trop intelligent, trop lucide, trop rusé pour avoir cru une telle sornette.

Il disait ce que beaucoup voulaient entendre. Moralement problématique? Évidemment.

Mais il y a un autre aspect des années Legault qui m’attriste et dont on ne parle pas assez.

Dans le Québec d’aujourd’hui, des tas de gens pensent que plus rien ne fonctionne correctement.

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Comment les blâmer?

C’est un peu exagéré, mais il est vrai que cela craque de partout: les hôpitaux, les écoles, les routes, la fonction publique, l’immigration, etc.

Y a-t-il un grand projet qui ne dérape pas? Filière batterie, transformation numérique, REM, transport à Québec, etc.

Beaucoup se demandent: peut-on collectivement réussir quelque chose?

Pourtant, que le peuple québécois soit encore là, qu’il soit ce qu’il est devenu, quand on pense qu’on a jadis voulu le faire disparaître par l’assimilation, que certains le veulent encore, tient d’une sorte de miracle.

Pour résister et prospérer, ce peuple a bûché, défriché, sué, construit, réparé, reconstruit.

Pour cela, il fallait y croire, refuser la résignation, ne jamais lâcher.

Beaucoup aujourd’hui semblent moroses, déprimés, abattus, sont devenus cyniques.

Un petit peuple comme le nôtre ne peut se payer ce luxe.

Les sept dernières années y sont pour beaucoup.

Et cela au moment où une nouvelle génération renoue avec l’idée de l’indépendance, seule manière d’éviter le déclin.

Exemple

On ne peut demander à un peuple d’être meilleur que ses dirigeants.

L’exemple doit venir d’en haut. Il n’est pas venu.

On place des gens au sommet de l’État pour, justement, montrer la voie, encourager, inspirer.

Parfois, cela passe par la construction. D’autres fois, par la réparation. Jamais par le laisser-aller et la négligence.

De ce point de vue, le gouvernement Legault aura cruellement déçu.

Je n’ai jamais attendu grand-chose des années Charest-Couillard, et j’avais bien raison.

Même s’ils ont tourné le dos à la souveraineté, j’attendais beaucoup plus de M. Legault et de la CAQ.

Ils auront au moins servi à clarifier radicalement notre avenir: le courage ou la résignation?

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