Le numéro un des Hells Angels québécois, Martin Robert, sous enquête de la GRC pour ses voyages au pays de Vladimir Poutine
L’influent motard, qui ne cache pas sa sympathie pour la Russie, est dans la mire des policiers d’une Équipe intégrée de la sécurité nationale
Eric Thibault et Félix Séguin
Pendant que Vladimir Poutine refuse de conclure une trêve dans la guerre en Ukraine, le numéro un des Hells Angels au Québec, Martin Robert, fait l’objet d’une enquête de notre police fédérale en raison de ses intrigants voyages en Russie.
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Notre Bureau d’enquête a appris qu’une Équipe intégrée de la sécurité nationale formée d’enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s’intéresse de près au motard de Sainte-Sophie et à ses liens avec «la Mère-Patrie».
Robert, 50 ans, ne cache pas sa sympathie pour la Russie, qui est pourtant en froid avec le Canada et visée par des sanctions économiques d’Ottawa, comme d’autres pays alliés, depuis l’occupation des troupes de Poutine en Crimée, en 2014, et le conflit armé contre l’Ukraine déclenché il y a trois ans.
Tatouage sur la poitrine
Au contraire, Robert s’est fait tatouer une reproduction du Kremlin, bien en vue sur le côté droit de sa poitrine.
Et juste en dessous, le nom de la capitale russe est tatoué en lettres majuscules, en anglais: MOSCOW.
On peut le voir sur des photos que sa conjointe, Annie Arbic, a publiées l’an dernier sur Facebook, mais qui ont depuis été retirées.
Menace pour le Canada?
La GRC se demande dans quel but Martin Robert a effectué plusieurs voyages en Russie entre 2022 et 2024, et si cela risque de constituer une menace pour le Canada.
S’agissait-il de rencontres d’affaires? Si oui, est-ce que le régime de Poutine pourrait en tirer profit pour financer ses efforts de guerre? C’est ce que l’enquête vise à répondre.
La GRC veut aussi savoir si celui que la police considère comme le plus influent des Hells québécois s’est rendu là-bas pour rencontrer le motard numéro un en Russie, Alexander Zaldostanov, surnommé «Le Chirurgien».
Cet ami du président Poutine, chef du gang de motards Night Wolves, fait justement partie de la liste des Russes frappés de sanctions punitives par le gouvernement canadien depuis 10 ans.
Selon nos informations, les contacts de Martin Robert au sein du chapitre que les Hells Angels ont établis sur la Côte d’Azur, en France, – et dont le Québécois est devenu membre en 2017 – auraient facilité ses séjours dans ce pays de l’ex-URSS.
En Russie, quatre banques privées sur cinq sont contrôlées par le crime organisé et «utilisées pour blanchir les profits de ces organisations criminelles», selon le département américain de la Justice.
Ses déplacements épiés
Depuis plusieurs années, Martin Robert fait aussi l’objet d’un «avis de guet» des autorités canadiennes, qui suivent à la trace ses déplacements à l’étranger, quand il prend l’avion, selon nos sources.
L’ex-membre des Death Riders de Laval «voyage beaucoup à l’extérieur du pays» et entretient des contacts «à l’international» pour «faciliter ses activités» de l’Amérique du Sud jusqu’en Europe, selon un rapport interne du Service du renseignement criminel du Québec.
Robert est d’ailleurs l’un des rares motards canadiens possédant le statut de membre «international» – ou World, selon les termes de la bande – des Hells Angels.
– Avec la collaboration de Nicolas Brasseur
Qui est Martin Robert?
- Promu membre en règle des Hells Angels du chapitre de Montréal le 5 décembre 2002
- En 2009, pendant qu’il fuyait la police, qui le traquait dans l’opération SharQc, il a ouvert des comptes offshore à l’île Maurice, a appris la Sûreté du Québec dans l’enquête Diligence
- Capturé au Mexique à l’hiver 2010, alors que son nom était sur la liste des 10 criminels les plus recherchés au Québec
- Libéré en mars 2015, après avoir été reconnu coupable de complot pour meurtre et avoir purgé cinq ans de prison
- Le 1er décembre 2018, il se marie avec Annie Arbic, la fille de la trafiquante Sharon Simon, lors d’une somptueuse réception au centre-ville de Montréal en présence de plusieurs gros noms du crime organisé
- Le 29 mars 2023, la police l’interpelle lors d’une opération percutante sur l’autoroute 50 en plus de mener une perquisition à son vaste domaine de Sainte-Sophie, dans les Laurentides, mais cette enquête antidrogue ne mène à aucune accusation
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