Le nouveau premier ministre français consulte et compose son gouvernement

AFP
Le nouveau premier ministre français François Bayrou consulte lundi et mardi les forces politiques pour composer son gouvernement et trouver un moyen de faire passer un budget pour 2025, malgré une instabilité politique comme la France n’en a pas connu depuis des décennies.
• À lire aussi: France: Emmanuel Macron nomme le centriste François Bayrou premier ministre
• À lire aussi: Qui est François Bayrou, nommé premier ministre en France?
Le centriste, allié du président français Emmanuel Macron, a succédé vendredi à Michel Barnier, renversé au bout de trois mois par un vote de censure historique des députés de gauche et d’extrême droite.
François Bayrou est ainsi devenu le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024.
Après sa première série d’entretiens, le premier ministre doit s’envoler lundi soir pour Pau, ville du sud-ouest de la France dont il est le maire depuis 10 ans, pour présider le conseil municipal, avec l’idée de conserver son mandat local.
Il assistera juste avant, mais à distance, à une réunion du centre interministériel de crise (CIC) sur la situation dramatique dans l’archipel français de Mayotte, non sans provoquer la colère de la gauche qui lui reproche de ne pas donner la priorité à ce département, le plus pauvre de France, dévasté par un cyclone qui aurait fait des centaines voire des milliers de morts.
C’est une décision «indigne et irrespectueuse [...] alors même que [l’archipel de Mayotte] traverse l’une des pires tragédies», a dénoncé dans X le député socialiste Arthur Delaporte.
Le nouveau chef du gouvernement reçoit lundi et mardi les groupes parlementaires de l’Assemblée nationale «par leur ordre d’importance» numérique dans cette chambre.
Première reçue, la présidente du groupe des députés Rassemblement national (extrême droite), Marine Le Pen, accompagnée du chef du parti Jordan Bardella, a salué une «méthode plus positive» que son prédécesseur Michel Barnier.
«Une France à l’arrêt»
Elle a souhaité que le chantier du mode de scrutin à la proportionnelle, revendiqué aussi par François Bayrou, soit engagé «juste après le budget» et associé à la proposition de la gauche de ne pas censurer le gouvernement en échange d’un abandon du 49.3, à des «tractations indignes».
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, accompagné par les chefs de groupe à L’Assemblée et au Sénat, est ressorti «sur [sa] faim» du rendez-vous, lors duquel ils ont «beaucoup parlé» de ce pacte de non-censure, sans que l’échange soit «conclusif». «Si c’était pour avoir la même politique, nous le censurerions de la même façon», a-t-il prévenu.
Le parti La France insoumise (LFI – gauche radicale), qui a déjà promis la censure, a refusé de rencontrer pour le moment François Bayrou.
Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes et président du parti Renaissance, est ressorti sans un mot, pour demeurer selon son entourage «une force facilitatrice».
Laurent Wauquiez, chef de file des députés Droite républicaine, n’a rien dit non plus à sa sortie. Mais son homologue au Sénat Mathieu Darnaud qui l’accompagnait a affirmé ensuite à l’AFP vouloir que M. Bayrou «éclaircisse rapidement sa feuille de route» avec «les sujets régaliens», «l’immigration» ou encore «l’urgence agricole». Il a demandé en outre que la droite «soit représentée de façon significative» au gouvernement, dans le cas où LR viendrait à confirmer sa participation.
Les consultations se poursuivront mardi, à commencer par les écologistes, représentés par les chefs de groupe pour l’Assemblée et pour le Sénat, et par la cheffe du parti Marine Tondelier qui ne souhaite pas «censurer a priori» le gouvernement.
Le temps presse pour la formation d’un gouvernement, car c’est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure, alors que le déficit s’aggrave en France.
En attendant, le premier ministre répondra mardi en solo aux questions des députés à l’Assemblée nationale, car les ministres démissionnaires n’y sont pas autorisés.
Se définissant comme «un premier ministre de plein exercice et de complémentarité» avec le président Emmanuel Macron, il souhaite former une équipe gouvernementale resserrée et dominée par des «personnalités» d’expérience.
L’ex-commissaire européen Thierry Breton et le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, dont les noms circulent pour entrer dans l’exécutif, se sont tous deux inquiétés lundi «d’une France à l’arrêt» et ont réclamé un gouvernement pour s’attaquer au désendettement sans lequel «il n’y a pas d’avenir».