Le nouveau ministre Joël Lightbound sort de l’ombre

Dans l’ombre de son collègue Jean-Yves Duclos depuis leur arrivée en politique en 2015, Joël Lightbound se voit enfin offrir la chance de montrer de quel bois il se chauffe avec sa nomination comme ministre dans le gouvernement Carney.

Pour la région, il s’agit assurément d’une bonne nouvelle, alors que tout l’est du Québec ne pourra désormais plus compter que sur un seul représentant au sein du gouvernement fédéral.

La nomination au Conseil des ministres de l’élu de Louis-Hébert a d’ailleurs rapidement été applaudie par la communauté d’affaires, qui avait réclamé la semaine passée une voix forte pour Québec à Ottawa.

Réélu avec une confortable avance, comme c’est le cas à toutes les élections depuis 10 ans, le nouveau ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement rêvait depuis longtemps d’une telle promotion.

Courant difficile

Choisi comme étoile montante par ses collègues en 2017, Joël Lightbound a agi comme secrétaire parlementaire aux Finances, à la Santé et à la Sécurité publique, mais il aspirait à de plus hautes fonctions.

Arrivé en 2015 à seulement 27 ans, il pratiquait auparavant comme avocat à Montréal. Il avait décidé de rentrer au bercail pour se lancer en politique.

Sauf que le courant ne passait pas depuis longtemps entre le député et l’ex-premier ministre Justin Trudeau, dont il avait notamment critiqué publiquement la gestion de la pandémie en 2022.

Loin d’avoir fait l’unanimité, la sortie du député, qui avait quitté la présidence du caucus du Québec, avait placé ses collègues dans l’embarras, en plus de faire le bonheur des adversaires conservateurs. Des observateurs avaient salué son courage et son audace.

Flairant son insatisfaction, d’autres organisations ont approché Joël Lightbound pour l’inviter à se présenter dans leurs rangs.

Un nom qui a circulé

Son nom a souvent circulé pour la mairie de Québec. Il a aussi songé à faire le saut chez les libéraux du Québec, en 2023, lors de la partielle dans Jean-Talon, puis pour la course à la chefferie.

Il a finalement renoncé, disant vouloir terminer son mandat.

Rapidement, Joël Lightbound a donné son appui à Mark Carney dans la course à la chefferie.

La rétrogradation par Carney de Jean-Yves Duclos, qui a occupé sous Trudeau les postes de ministre de la Famille, de la Santé et des Services publics et de président du Conseil du trésor, avait diminué le poids politique de Québec.

Cet économiste et professeur à l’Université Laval a permis à des dossiers importants de connaître leur dénouement, comme la saga du pont de Québec, racheté par le fédéral, et l’inclusion de la Davie dans la Stratégie nationale de construction navale du Canada.

Certains lui ont aussi reproché sa mollesse et son style trop peu affirmé.

Nombreux enjeux

Il faudra voir comment Joël Lightbound parviendra à tirer son épingle du jeu et à faire progresser les dossiers de la région.

Le financement du projet de tramway figurera au cœur des enjeux dans la prochaine année.

Le fédéral s’est engagé à financer à 40% du projet, mais avec la révision des coûts initiaux du projet, une participation accrue est attendue.

Pour ce qui est du troisième lien, M. Lightbound a maintes fois fermé la porte.

Lorsque le gouvernement Legault avait ressuscité le projet, en 2023, il avait parlé, avec justesse, d’un dîner de cons auquel la population était conviée.

Avec son entrée en jeu, il sera intéressant de voir comment évolueront les relations houleuses entre les libéraux fédéraux et la CAQ.