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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le nombre de vols à l’étalage explose au Québec avec l'inflation

Le problème, devenu très grave dès les premiers mois de la pandémie, est transformé en fléau par l’inflation

Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2022-12-19T05:00:00Z
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Explosion de 15 % des dossiers de vol à l’étalage à la police, bond de 50 % des embauches d’agents de sécurité chez Garda, menaces de fermetures en vue... l’inflation fait des ravages en magasin.

«On a 1706 dossiers de vols à l’étalage, comparativement aux 1478 de 2021, malgré le fait que l’année 2022 ne soit même pas terminée», confirme un porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ). 

«Durant la pandémie, on a vu une hausse de la demande d’agents de vol à l’étalage de 25 %. Ces derniers mois, avec l’inflation, on a vu la demande pour les détectives de plancher bondir de près de 50 %», constate Marc-André Plaisance, directeur de la prévention des pertes de Garda.

«Les gens nous appellent et nous disent qu’ils retrouvent des emballages vides, des parfums manquants, des perceuses. On les accompagne alors avec des agents dans les heures où ont lieu les vols», explique-t-il.

Début décembre, un reportage de TVA a fait état de voleurs de l’Ontario venus faire une virée à Trois-Rivières pour dérober plus de 4000 $ de viande dans des épiceries.

Bœuf, steak de cheval, saumon... les voleurs avaient été pris la main dans le sac après avoir subtilisé des denrées dans quatre épiceries de la Mauricie.

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Vers des fermetures?

Alors qu’aux États-Unis, le PDG de Walmart, Doug McMillon, va jusqu’à dire que la hausse des vols pourrait l’obliger à fermer des magasins, sa branche québécoise s’inquiète des vols et incendies criminels en augmentation ici. 

«Ceci est fort préoccupant pour notre entreprise, nos associés, nos clients et l’industrie», souligne son porte-parole Steeve Azoulay.

«Walmart Canada utilise une variété de mesures pour gérer et prévenir le vol et pour assurer la sécurité de nos associés et de nos clients. Nous voulons également réduire le vol autant que possible afin de maintenir nos bas prix quotidiens», poursuit-il.

Au Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), son président – Québec, Michel Rochette ne s’en cache pas : l’enjeu monopolise souvent les discussions.

«On peut présumer que l’inflation joue pour beaucoup», lance-t-il.

«On ne détient pas de chiffres pour dire s’il s’agit de matériel volé ou non, mais l’on peut observer une hausse d’objets mis en vente sur le web», explique le dirigeant québécois du CCCD.

  • Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio :

Pénurie d’employés

D’après Marc-André Plaisance, de Garda, ces derniers mois des commerçants ont dû faire appel à des gardiens avec la pénurie d’effectifs.

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«Les entreprises manquent de monde, alors les gens pensent que les vols ont lieu le soir, mais ce n’est pas nécessairement vrai, ça peut avoir lieu le lundi matin ou lorsqu’il y a simplement moins d’employés», poursuit-il.

«Une plus petite compagnie, qui n’a pas nécessairement pu mettre les contrôles en place est encore plus à risque», conclut celui qui baigne dans le domaine de la sécurité depuis 13 ans.

  • Nos détaillants doivent éponger bon an mal an une facture de près d’un milliard de dollars en raison des vols et de la fraude, estime le Conseil québécois du commerce de détail.

Les sanctions prévues par la loi

Article 334 du Code criminel

1. le bien volé est un acte testamentaire ou sa valeur dépasse 5000 $, est coupable :

+ soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de 10 ans

+ soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité

2. si la valeur de ce qui est volé ne dépasse pas 5000 $, est coupable :

+ soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de 2 ans

+ soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité

Source : Code criminel

Des réseaux organisés et sophistiqués à l’œuvre 

Des voleurs ciblent désormais les étals de magasins en groupes organisés pour parvenir à leurs fins, prévient une importante association de détaillants.

Michel Rochette. Dirigeant du CCCD
Michel Rochette. Dirigeant du CCCD Photo tirée de LinkedIn

«On a commencé à constater des hausses de réseaux organisés de vol à l’étalage», observe Michel Rochette, président Québec du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).

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En plus de voir leurs rangées dévalisées par des individus qui se glissent subrepticement dans leurs commerces, des entreprises sont aux prises avec ces groupes organisés, qui préparent leur coup de façon plus sophistiquée.

D’après lui, la crise des opioïdes dans certaines provinces pourrait avoir poussé certaines personnes à passer aux actes de façon plus structurée.

Au Journal, Michel Rochette dit que ces réseaux peuvent être tentaculaires. 

«On voit aussi de plus en plus de vols de colis. Parfois, c’est même structuré et l’on voit les gens suivre les camions. C’est un phénomène que l’on surveille», témoigne-t-il.

  •  Écoutez la brève d’actualité d'Alexandre Moranville-Ouellet avec Mario Dumont diffusée chaque jour en direct 16 h 35 via QUB radio : 

Discussions avec l’État

Face à ce fléau, le Conseil canadien du commerce de détail a entamé des discussions avec les gouvernements et les corps policiers pour alerter du modus operandi, qui prend de l’ampleur à vitesse grand V.

«C’est important d’avoir une meilleure compréhension du phénomène», affirme-t-il.

Plus de vols à l’interne

«Avec l’inflation, ça part en deux minutes si l’on revend la marchandise moins chère sur des sites de revente», estime de son côté Marc-André Plaisance, directeur de la prévention des pertes de Garda.

«Il y a aussi les vols à l’interne qui sont en augmentation», conclut-il.

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