Le niveau d’eau du fleuve Saint-Laurent est si bas qu’il ralentit la circulation maritime et paralyse des marinas
Des niveaux d’eau anormalement bas dans le sud du Québec


Mathieu-Robert Sauvé
Les niveaux d’eau dans le sud du Québec sont anormalement bas à cause de la chaleur et du manque de pluie durant l’été 2025, ce qui ralentit les activités maritimes et compromet la navigation de plaisance.
«Depuis trois semaines, nos 32 bateaux sont amarrés au quai. Ils ne peuvent pas entrer ni sortir, en raison du faible niveau d’eau du fleuve», soupire Émile Sauvé, actionnaire d’Ô Quai des Brasseurs de Bécancour. Une situation qu’il qualifie de «dramatique».
Au large, les navires commerciaux ont dû s’adapter à la situation. Par courriel, la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent reconnaît que les niveaux sont anormalement bas et admet avoir «resserré les restrictions de vitesse et réduit le tirant d’eau maximal permis dans la section Montréal–Lac Ontario, afin de maintenir un passage sûr et efficace des navires».

En clair, cela signifie que les navires ont dû être déchargés afin de s’alléger et de ne pas s’échouer. Au moment de publier, la Corporation n’a pas pu préciser le nombre de navires touchés par cette mesure.
Un bassin hydrographique particulier
Plusieurs marinas le long du Saint-Laurent sont dans une situation semblable à celle de Bécancour. Au parc nautique de Contrecœur, Denis Tellier confirme que plusieurs de ses bateaux sont dans la vase.
«C’est la pire année depuis longtemps. Les bateaux ne se rendent pas au large», dit cet employé du quai.
Mais le réseau hydrographique du Saint-Laurent ne répond pas directement aux aléas du climat, puisqu’il est alimenté, en aval, par le plus important bassin d’eau douce du monde: les Grands Lacs.
C’est à Cornwall qu’on tient les vannes de l’écoulement du fleuve et ceux qui décident du débit doivent tenir compte des besoins des millions d’usagers autour du lac Ontario.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Été sec mais pas alarmant
Au Centre d’expertise hydrique du Québec, on confirme que les niveaux des cours d’eau du sud du Québec (Montérégie, Estrie, Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches) sont bas mais n’ont «pas atteint leur minimum historique».
En général, les rivières atteignent leur débit d’été minimum vers la fin d’août ou en septembre. La situation vécue dans le sud du Québec n’est donc pas inhabituelle, poursuit la porte-parole du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Étiage normal
Le son de cloche est le même pour le professeur Daniel Nadeau, directeur du programme de baccalauréat en génie des eaux à l’Université Laval.
«Ce qui fait baisser le niveau des eaux, c’est le manque de pluie et l’évaporation, qui est accentuée par la chaleur. Donc cette année on est doublement touché dans le sud du Québec. On pourra s’inquiéter dans un mois si les pluies ne se font pas plus fréquentes», résume-t-il.
Pour les amateurs de sports d’eau vive, peu de régions du Québec échappent au fort étiage, période où le niveau d’un cours d’eau est au plus bas, avec un débit très faible. Seuls la Côte-Nord et le Lac-Saint-Jean présentent des rivières encore assez gonflées pour permettre des descentes de rapides excitantes.
«On est à une période de l’année où il faut mettre de côté le canot et le kayak, faute de niveau d’eau suffisant. On en profite pour faire de la randonnée ou du vélo», dit Nicolas Boisclair, guide de plein air et documentariste, qui s’occupe bénévolement d’un site qui renseigne les canoteurs sur les niveaux d’eau d’une cinquantaine de grandes rivières du Québec.
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