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Le mystère du triangle des Bermudes

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Isabelle Hontebeyrie

2025-07-03T10:00:00Z
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Depuis plus d’un siècle, cette zone maritime de l’océan Atlantique, située entre la Floride, les Bermudes et Porto Rico, alimente les conversations. Et pour cause, puisqu'on y recense un nombre important de disparitions inexpliquées. Malgré des enquêtes et les moyens technologiques dont on dispose aujourd’hui, le triangle des Bermudes fait toujours l’objet d’interrogations...

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Le 4 mars 1918, le charbonnier Cyclops de la marine américaine part de la Barbade en direction de Baltimore avec, à son bord, 306 membres d’équipage et un chargement de 11 000 tonnes de manganèse. Ce minerai était alors utilisé pour la production de munitions, les États-Unis ayant rejoint le conflit mondial. Or, le 13 mars, le Cyclops ne fait pas son entrée dans le port américain. Les semaines et les mois passent. Le 1er juin, au terme d’une enquête exhaustive, Franklin D. Roosevelt, alors assistant à la Navy américaine, déclare que le Cyclops est officiellement «perdu» et que tout l’équipage est considéré comme mort. C’est là le premier cas — abondamment documenté — de disparition d’un navire dans la zone désormais connue comme le triangle des Bermudes, terme créé en 1964 par le journaliste Vincent Gaddis.

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Une zone mortelle...

Mais le mythe du triangle des Bermudes, bien que souvent et largement embelli par la fiction, repose sur une série de faits troublants. L'un des incidents les plus emblématiques, et souvent cité comme le point de départ de la légende moderne, est la disparition du Vol 19 en décembre 1945. Cinq bombardiers torpilleurs Grumman TBF Avenger de la marine américaine, partis en mission d'entraînement depuis Fort Lauderdale, en Floride, ne regagnent jamais leur base. Les transmissions radio chaotiques des pilotes désorientés ajoutent au mystère. Le lieutenant Charles Taylor, Chef de l'escadrille, aurait ainsi déclaré: «Nous ne savons pas où nous sommes... On dirait que nous sommes... entièrement perdus.» Mais la réalité rejoint la fiction lorsque l'hydravion Martin Mariner, envoyé à la recherche de l’escadrille, disparaît lui aussi avec ses 13 membres d'équipage. «La probabilité que six aéronefs disparaissent sans laisser de trace dans une zone relativement restreinte est statistiquement infime, même en tenant compte des technologies de l'époque», souligne Larry Kusche, auteur de The Bermuda Triangle Mystery Solved, l'un des ouvrages les plus exhaustifs sur le sujet.

Cela étant dit, les disparitions mystérieuses ne datent pas que du siècle dernier. En effet, en 2015, le cargo SS El Faro, qui transportait 33 membres d'équipage, coule dans la zone lors de l'ouragan Joaquin. L'enquête du National Transportation Safety Board (NTSB) conclut à des erreurs de navigation, à une mauvaise gestion des conditions météorologiques extrêmes de la part de l'équipage, et à des défaillances structurelles. Les boîtes noires du navire mettent également en lumière les communications désespérées du capitaine. «Bien que tragique, la perte de l'El Faro est un exemple de la manière dont une série de mauvaises décisions humaines peut avoir des conséquences désastreuses, en particulier dans des conditions météorologiques aussi sévères», note Robert Sumwalt, président du NTSB à l’époque, lors de la publication du rapport final. Mais ce constat n’empêche pas la légende du triangle des Bermudes de perdurer...

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Des explications

Les scientifiques se sont penchés sur la question, cherchant à expliquer ces disparitions subites et inexpliquées. Pour la Dr Eleanor Vance, océanographe à l'Université de Miami, «la région est traversée par le Gulf Stream, un courant océanique puissant et imprévisible qui peut rapidement déplacer les débris et rendre les recherches difficiles. De plus, des tempêtes tropicales et des ouragans se forment fréquemment dans cette zone, et ils peuvent apparaître et s'intensifier très rapidement, créant des conditions maritimes incroyablement dangereuses, y compris des vagues scélérates capables d'engloutir même les plus grands navires.»

Une autre théorie veut que des éruptions de méthane soient responsables de ces drames, le triangle étant situé au-dessus de vastes gisements d'hydrates de méthane. «Si une quantité suffisante de méthane était libérée sous un navire, cela pourrait le faire couler comme une pierre», affirme le Professeur David E. Deming, géophysicien à l'Université d'Oklahoma et auteur de recherches sur le sujet.

Bien sûr, les anomalies magnétiques sont également une autre explication possible, la région étant réputée pour ses variations dans le champ magnétique terrestre. Ces dernières pourraient avoir des conséquences sur les compas et les instruments de navigation. Par contre, la Garde côtière américaine a toujours maintenu que «les instruments de navigation modernes sont conçus pour compenser les variations magnétiques naturelles.»

Pas de doute, cette zone continuera de nous fasciner encore longtemps. Car «le cerveau humain est programmé pour chercher des schémas et des explications même là où il n'y en a pas, rappelle la Dr Sarah Jenkins, psychologue sociale. Les histoires du triangle des Bermudes sont captivantes parce qu'elles touchent à notre besoin de narratif, et la disparition totale de preuves rend le récit infiniment malléable.»

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Les débuts de la légende...

Le 4 décembre 1872, le brigantin Mary Celeste – construit au Canada — est retrouvé à la dérive dans l'Atlantique, près des Açores. L’équipage de 10 personnes s’est volatilisé, les canots de sauvetage sont manquants, le journal de bord a disparu... mais la cargaison d’alcool est intacte! Bien que cet incident ne se soit pas produit directement dans les limites communément admises du fameux triangle, il a contribué à l'aura de mystère entourant les disparitions inexpliquées dans l'Atlantique.

Les positions officielles

Ni l'Organisation maritime internationale (OMI) ni la Garde côtière américaine ne reconnaissent le triangle des Bermudes comme une zone dangereuse. «La plupart des pertes peuvent être attribuées à des facteurs environnementaux et, dans de nombreux cas, à des erreurs humaines», lit-on dans un communiqué de la Garde côtière des États-Unis. Nous n'avons trouvé aucune preuve indiquant que les disparitions résultent d'autre chose que de causes physiques.»

Retrouvez, tout l’été, nos reportages sur les plus grands mystères de la planète.

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