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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le Musée national de l’histoire du Québec à un an de son inauguration

Photo ADOBE STOCK
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Maxime Pedneaud-Jobin, Directeur général, Musée national de l’histoire du Québec

2025-06-13T04:00:00Z
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Voilà maintenant plus de six mois que j’ai le bonheur d’assumer la direction du Musée national de l’histoire du Québec. Chaque jour, je ressens le même enthousiasme devant ce mandat exceptionnel: créer un musée national consacré, comme l’indique la loi – adoptée à l’unanimité –, à faire rayonner notre histoire, notre évolution, notre culture et notre identité distincte, ainsi de témoigner de l’apport des Premières Nations et des Inuits à notre parcours collectif.

Ce Musée sera un lieu propice à l’apprentissage qui offrira des clés pour découvrir et pour s’approprier l’histoire de notre nation, qui ouvrira le dialogue, suscitera des réflexions et favorisera les rencontres. Nous en ferons une institution qui encourage la participation citoyenne et stimule notre vie démocratique.

Mais quelle histoire le Musée racontera-t-il?

Histoire riche et vivante

Au nord de l’Amérique s’est développée une collectivité singulière: le Québec. Elle s’exprime dans une langue qui lui est propre, s’appuie sur des institutions politiques, juridiques et sociales fortes et distinctes. Elle rayonne à travers une littérature, un théâtre, une chanson, un cinéma, et même un vedettariat bien à elle. C’est cette histoire riche et vivante que le Musée racontera, avec une approche rigoureuse, scientifique et nuancée. Cette nation a pris racine sur un territoire déjà habité par des nations autochtones qui ont marqué et qui marquent encore son parcours. L’histoire de nos interactions fera partie de nos récits.

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Pour exprimer la pluralité des points de vue sur l’histoire, notre équipe sera appuyée par des experts et des spécialistes de différents domaines et de différentes écoles. Par exemple, devant un tableau qui rappelle la bataille des Plaines d’Abraham, le visiteur pourrait se retrouver devant trois perspectives: celle des Français, celle des Anglais et celle des Autochtones. On évitera ainsi le piège des textes consensuels à outrance et nous stimulerons l’esprit critique des visiteurs.

Où en sommes-nous?

L’équipe du Musée de la civilisation a accompli un travail remarquable en posant les bases de ce nouveau Musée, nous avons bénéficié de leur expertise, leur expérience, leur créativité et leur formidable capacité à tisser des liens avec le milieu. La Société québécoise des infrastructures travaille quant à elle à la réfection du pavillon Camille-Roy au Séminaire de Québec, un bâtiment érigé il y a presque deux siècles, au cœur du Vieux-Québec, un des lieux de naissance de la Nouvelle-France, là où se situera le Musée.

Dans les derniers mois, nous avons constitué la première équipe de direction du Musée, mis sur pied des comités scientifiques, des comités multidisciplinaires et des cellules créatives pour accompagner nos équipes, commencé à bâtir des ponts avec le milieu, les partenaires institutionnels et des représentants de nations autochtones, confirmé la raison d’être du Musée et ses fondements, etc. Depuis quelques jours, les employés du Musée de la civilisation qui préparaient déjà les expositions inaugurales, les contenus numériques et l’expérience des visiteurs sont devenus officiellement la première équipe de cette nouvelle institution. C’est le début d’une grande aventure muséale qui contribuera à enrichir la vie collective québécoise.

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Dès juin 2026, le Musée sera ouvert au public et ce dernier sera invité à participer aux activités en salle, hors des murs et en ligne. Plusieurs expositions seront au menu pour témoigner de notre grand parcours historique et de nos singularités. L’offre de contenus et d’expériences numériques sera déployée pour faire vivre une expérience enrichie et immersive à toutes les générations, et au moins une exposition itinérante voyagera partout au Québec.

Mandat

Créer une institution d’envergure nationale demande temps, patience, écoute et réflexion. La tâche est colossale, mais emballante et j’ai le bonheur d’être accompagné d’une équipe expérimentée, extrêmement compétente et pleinement engagée dans la réalisation de ce mandat.

La nation québécoise est, comme les autres, confrontée à la crise contemporaine des repères, marquée par une quête d’identité à la fois individuelle et collective. Elle est traversée par l’omniprésence de l’individualisme, par un certain affaiblissement de la continuité historique et par la difficulté, pour les nations d’aujourd’hui, à «faire société». Cependant, j’ai la profonde conviction que c’est grâce à un fort sentiment d’appartenance à quelque chose qui les dépasse que les habitants d’un même lieu peuvent transcender leurs différences individuelles et leurs désaccords pour arriver à se construire un avenir commun.

Le Québec constitue une nation originale qui enrichit la diversité du monde. Son parcours est unique et il mérite d’être connu. Nous espérons qu’après avoir visité le Musée national de l’histoire du Québec, constatant les grandes réalisations des gens qui sont venus avant nous, tous les visiteurs auront le goût de s’engager eux-mêmes pour contribuer, à leur tour, à la grande aventure québécoise en Amérique du Nord.

Photo d'archives, Joel Lemay
Photo d'archives, Joel Lemay

Maxime Pedneaud-Jobin,

Directeur général,

Musée national de l’histoire du Québec

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